Le droit à l’identité et le droit à l’éducation : les stratégies de ECW au Cameroun
éducation sans délai
Cérémonie sobre mais pleine de symboles. En présence de la représentante du Délégué Régional de la Décentralisation et du Développement local (MINDDEVEL) pour le Littoral, une cérémonie de remise des registres d’actes de naissance a eu lieu à Douala le mardi 17 juin 2025. Elle a eu également la présence des représentants des mairies d’arrondissements de Douala partenaires.
Cette cérémonie, commencée sur les chapeaux de roues à 12h, a été ponctuée par deux articulations : les allocutions et la remise proprement dite des registres aux mairies partenaires dont les représentants étaient présents dans la salle. Des mains de la représentante du MINDDEVEL pour le Littoral, chaque mairie d’arrondissement de Douala partenaire ont reçu chacune un nombre important de cartons de registre en fonction de leurs besoins. Il s’agit des mairies d’arrondissement de Douala 1er, Douala 2e, Douala 4e et Douala 5e. Cependant, il reste important de noter que cette cérémonie fait partie d’un projet à dimensions international. Il était donc question, au cours des discours et pour comprendre la portée de cet événement, de situer le contexte du Programme Pluriannuel de Résilience (PPR).
Comment faciliter l’accès des enfants à l’éducation au Cameroun ? C’est l’une des questions phares du Programme Pluriannuel de Résilience (PPR) financé par Education Cannot Wait (ECW). L’une des articulations importantes du programme est d’améliorer cet accès à l’éducation par la facilitation dans l’accès à l’identité. Le ECW est guidé par une philosophie de résilience : « Le fonds Éducation sans délai1 est guidé par les principes fondamentaux que sont les principes humanitaires et les principes d’efficacité du développement, ainsi que par l’obligation de ne pas nuire et de ne laisser personne de côté ». C’est sur la base de cette philosophie qu’est né le PPR le 6 octobre 2022 à Bujumbura. Il a trois objectifs spécifiques :
- Élargir l’accès et assurer la continuité à l’éducation dans un environnement sain et protecteur pour filles et garçons ;
- Renforcer les résultats d’apprentissage des filles et des garçons, y compris celles et ceux à besoins spécifiques, tout en assurant leur participation active à leur processus d'apprentissage dans un environnement scolaire propice ;:
- Renforcer le système éducatif pour prévenir les risques et répondre aux situations d'urgence affectant les filles, les garçons.
Au Cameroun, le PPR a été adopté par le gouvernement pour une implémentation durant la période 2022-2025. Pour aider le gouvernement à atteindre ces objectifs, six organisations internationales ont été impliquées : UNESCO, UNICEF, NRC, WFP, HCR et Plan International. Pour superviser ce programme, quatre départements ministériels ont été impliqués : le Ministère de l’Éducation de Base (MINEDUB), le ministère de l’Enseignement Secondaire (MINESEC), le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (MINEFOP), le Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique (MINJEC).
Dans son déploiement au Cameroun, le PPR a cependant un objectif spécifique : « fournir un paquet d’appui intégré et holistique afin de promouvoir un accès continu et inclusif à une éducation de qualité, sûre et un environnement protecteur pour les enfants en âge scolaire, filles et garçons (y compris ceux issus des populations déplacées internes, les retournés, les réfugiés et les enfants vivant avec le handicap), les adolescents, les jeunes ». Ce programme se met en place dans un contexte particulier au Cameroun. Le constat selon lequel beaucoup d’enfants maquent d’acte de naissance est alarmant. Selon les statistiques communiquées au cours de cette cérémonie de remise des registres, 29% soir 1,67 million d’enfants n’ont pas d’acte de naissance au Cameroun. Les zones rurales et les zones prioritaires sont les plus touchées avec un taux évalué à 47% du territoire national. La crise sécuritaire de Boko Haram à l’Extrême-Nord et la crise sociopolitique avec les groupes armés qui se font appeler Ambazoniens dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne facilitent pas les choses. Elles ont pour conséquences un afflux important de réfugiés externes et internes. Ainsi, les régions les plus touchées sont l’Est, l’Extrême-Nord, l’Adamoua pour le cas de la crise sécuritaire et l’Ouest, le Littoral, le Cantre et le Sud pour le cas de la crise sociopolitique.
C’est précisément dans un tel contexte que le PPR s’est imposé au Cameroun. Le gouvernement a saisi cette opportunité pour résoudre ce problème crucial de la crise identitaire. Il s’agit ainsi de répondre à la problématique du droit à l’identité qui est le premier droit fondamental de tout être humain du monde. C’est un droit qui s’acquiert dès la naissance de l’enfant et qui est en même temps considéré comme son premier diplôme. C’est un principe essentiel dans l’accès à tous les autres droits fondamentaux de l’être humain qu’est en l’occurrence le droit à l’éducation. D’où le concept de « Education Cannot Wait » qui est traduit en français « éducation sans délai ». Le résultat heureux de ce programme est donc d’augmenter le taux de scolarisation des enfants qui ne vont pas à l’école à cause de l’absence de son acte de naissance. Cet enregistrement à l’état civil est un pas important que les mairies d’arrondissement doivent mener en commençant par la sensibilisation. Les raisons de manque de ce document important sont multiples. Mais, doter déjà ces mairies d’un outil important est déjà un pas de franchi.
Les représentants des mairies invités sont retournés avec des cartons de registres avec un air de satisfaction. Cependant, beaucoup d’entre eux ont émis le vœu de voir ce projet s’agrandir et se développer en franchissant le pas de la modernité. Ce pas est marqué par la numérisation des actes de l’état civil et plus particulièrement, les actes de naissance. Sur ce coup, certaines mairies sont plus avancées que les autres. On peut citer en particulier la mairie d’arrondissement de Douala 5e. Une des responsables de Plan International, l’un des partenaires du programme et principal organisateur de la cérémonie, présent dans la salle a marqué son accord de principe et s’engage à accompagner les mairies dans ce projet novateur.