UN PASSÉ QUI RATTRAPE
CHAPITRE 01
Monsieur Eboué hein tchuips
- Quotidien d'Ariane
- Client bizarre
- Entretien d'embauche
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*** Ariane Ilunga
Les yeux rivés dans ma marmite, je m’affaire dans ma minuscule cuisine comme à mon habitude. Aujourd’hui je fais la nourriture préférée de ma mère pour lui faire plaisir, je suis sûre qu’elle va adorer. Tellement concentrée, je ne remarque ma mère qui est arrivée que quand elle tire la chaise, me faisant sursauter. Je me retourne vers elle et pose ma main sur la poitrine en souriant.
—Maman, tu m’as fait peur. Qu’est-ce que tu fais ici ? Je t’ai dit de te reposer, non ?
—Mais ma chérie, je ne fais que me reposer tous les jours. Laisse-moi te donner un coup de main.
—Non, maman, toi tu vas aller te poser tranquillement au salon et moi je m’occupe de la cuisine, ok ?
—Bon alors, mieux je reste ici à discuter avec toi. Je m’ennuie seule au salon. En plus, j’ai cru sentir mon plat préféré ici.
—Hum ! D’accord, mais tu ne touches à rien maman.
—Promis.
Elle me fait un large sourire comme pour me prouver la sincérité de sa promesse. Je ris de bon cœur, ma mère est une brave femme et je l’aime tellement, elle est ma seule famille. Je me retourne et me reconcentre sur ma marmite.
—Alors, ça va au restaurant ? demande-t-elle gentiment.
—Oui maman, tout se passe bien. Mais je crois que je vais postuler pour un boulot dans une entreprise où mon professeur m’a recommandé. Le salaire dans une entreprise doit être beaucoup mieux qu’au restaurant.
—Oui, tu as sans doute raison. J’aurais tellement voulu t’aider ma chérie. Je sais que c’est dur pour toi de t’occuper de moi et de nos charges.
Malgré que je sois dos à elle, je peux sentir la tristesse dans sa voix. Je recouvre ma marmite pour laisser mijoter et me tourne vers ma mère. Elle a les yeux luisants de larmes. Je me baisse pour être à sa hauteur puis lui prends la main.
—Ne dis jamais ça maman, tu sais que je suis ta fille et c’est mon devoir de prendre soin de toi. Tu as oublié ? C’est toi et moi contre le monde.
Elle me sourit faiblement. Sa main caresse ma joue tendrement.
—Je t’aime ma chérie. Tu es la meilleure fille au monde.—Moi aussi je t’aime maman. Aller, laisse-moi servir le repas. À moi le plus gros morceau.
Elle rigole.
*L'Écrivaine Noire*
Je sors de ma chambre presque en courant. Ce satané réveil n’a pas sonné et pour conséquence je suis en retard. Je croise ma mère qui sort de la sienne.
—Ma chérie, tu vas bien ?
—Oui maman, je suis en retard. Ton petit déjeuner est sur la table et le déjeuner dans la marmite. Tu réchauffes un peu et ça fera l’affaire. Moi je file. Au-revoir.
Je lui claque un baiser sur la joue et, sans lui laisser le temps de répondre, sors de la maison en trombe. J’arrive à l’arrêt de bus en quelques minutes quand je vois le bus sur le point de partir. Je commence à lui courir après en criant.
—Hey ! Monsieur, attendez. Je dois prendre ce bus, monsieur.
Je poursuis le bus en criant quand mon pied bute sur une pierre. Résultat, je m’étale à ventre plat sur le sol. Dieu merci, ce n’est pas dans la boue. Je me relève et époussette mon habit de la main, regardant le bus partir, impuissante. Journée de merde ! Je rouspète doucement quand un jeune homme s’approche de moi.
—Mademoiselle, le bus était plein. Le prochain sera là dans 10 minutes, selon le chauffeur. Mais si vous êtes pressée, prenez un taxi.
Parce que tu crois que j’ai de l'argent pour le taxi ? Je lui souris et vais m’arrêter à côté du banc. Bientôt, les 10 minutes se transforment en une demi-heure. C’est en bouillonnant de colère que j’arrive au restaurant. Mon patron a trouvé un meilleur prétexte pour me renvoyer, c’est sûr. Comme je m’y attendais, je le retrouve à l’entrée, les bras croisés sur la poitrine, tapotant les pieds .
—Bonjour, Monsieur Eboué.
—Et que diable est-ce bon ce matin ? Tu te crois où, toi ? Tu penses que c’est le restaurant de ton père ? Pour venir à l'heure qui te convient ?
—Non. Désolé, Monsieur, ça ne se reproduira plus, je vous promets.
Ses yeux pervers me détaillent de la tête aux pieds.
—Tu as intérêt. Dégage d’ici, zòba !
—Merci, Monsieur , dis-je en me rendant dans la salle de rechange.
Une fois en tenue correcte, je me rends dans la cuisine du restaurant où je trouve Miracle, mon amie qui est de dos en train de nettoyer un plateau.
—Salut, Miracle, je l'appelle.
—Enfin, mademoiselle llunga, tu es là. J'ai eu si peur en pensant qu'il te soit arrivé quelque chose avec tout ce retard, dit-elle en venant me serrer dans ses bras.
—Je suis désolée de t'avoir inquiétée. Je me suis juste réveillée tard aujourd'hui, lui dis-je.—Cela nous arrive à tous, mais préviens-moi à l'avenir de ton retard pour que je n'aie pas à réciter une série de "Je vous salue Marie " dans le vide, plaisante-t-elle en me tapant l'épaule.—Haha, peut-être que ta prière m'a protégée d'un accident ce matin, car j'ai heurté mon pied contre quelque chose en venant ici.—J'espère que tu n'as pas été blessée, s'inquiète-t-elle.
—Non, rien de grave, juste une légère douleur passagère, ma chère.
—Je parie que monsieur Eboué a encore profité de ton retard pour en faire des siennes !
—Tu l'as dit, oh. Bon, mettons-nous au travail !
—T'as raison, nous trouver en train de bavarder dans la cuisine au lieu de travailler donnera plus de raison à Monsieur Eboué de s'énerver.
C'est ainsi que nous nous mettons au travail comme les autres serveuses.
Dans l'après-midi, alors que le restaurant est rempli et que je suis stressée entre les allers-retours pour satisfaire les clients avec les autres serveuses, mon patron s'approche et me chuchote à l'oreille qu'il y a un client qui voudrait que je m'occupe personnellement de lui.
—Assure-toi qu'il ne trouve aucune reproche à propos du service au sein de mon restaurant. Compris ? Dit-il.
—Très bien, monsieur, réponds-je.
—Bien, c'est le monsieur assis là-bas, dit-il en me montrant le fameux client du regard.
—Je m'en charge tout de suite, dis-je avant de me diriger vers le monsieur en question, qui a les yeux baissés sur son smartphone, je pense.
Une fois à son niveau, je plaque un sourire sur mon visage car cela met le client à l'aise et parfois, on reçoit des pourboires, car le client est satisfait du service.
— Bonsoir, monsieur, dis-je en l'interpellant.
— Bonsoir, dit-il en levant les yeux vers moi.
Il me détaille de haut en bas avec un regard que je ne saurais décrire, disons un regard impassible avant de baisser ses yeux à nouveau sur son smartphone. C'est quelle manière de regarder les gens comme ça ! Je n'en fais pas cas très longtemps et l'interpelle à nouveau.
— Euh, monsieur, excusez-moi, avez-vous fait votre choix ?
— Oui, voilà, dit-il en me montrant son menu du doigt sur la carte.
— Super, beau choix, je reviens tout de suite, dis-je en lui souriant.
— Arrêtez de me sourire et faites votre travail, dit-il en baissant à nouveau les yeux.
Non mais c'est quelle manière de s'adresser aux gens, ça ? Bref, je me dirige dans la cuisine pour servir son plat. Il voulait du Saka-Saka, qui est un plat composé de feuilles de manioc, de poisson fumé, d'huile de palme ainsi que de beurre d'arachide. C'est le plat préféré des Congolais et le meilleur plat servi dans ce restaurant. Ne vous étonnez pas de ce menu, car c'est un restaurant traditionnel.
Dix minutes plus tard, me voilà en train de le servir, le sourire aux lèvres. Je pose le plat sur la table avec un linge blanc puis lui souhaite bon appétit.
— Voilà votre plat monsieur, bon appétit, dis-je en souriant.
— .....
Il ne prend même pas la peine de me répondre, pas grave.
— Je serai là, au cas où vous auriez besoin d'autre chose, repris-je.
— .....
N'ayant toujours pas de réponse, je m'éloigne de lui de quelques pas au cas où il aurait besoin de moi. Au bout d'une dizaine de minutes, il lève la tête. Je me précipite immédiatement vers lui.
— Oui, monsieur ?
— J'aurai besoin d'un peu de sel.
— Très bien, monsieur, un instant s'il vous plaît, dis-je avant d'aller rapidement dans la cuisine, chercher une salière.
— Voilà, monsieur, dis-je en déposant la salière sur la table.
— .....
Je retourne à ma position à nouveau en attendant qu'il ait à nouveau besoin de moi. Je reste là à lui jeter quelques coups d'œil par moment pour voir s'il n'a besoin de rien encore.
Après quarante-cinq minutes, je le vois déposer l'addition sur la tête puis se lever. Je me dirige vers lui pour le raccompagner vers la sortie du restaurant.
— J'espère que vous êtes satisfait de notre service, monsieur, dis-je en souriant, le suivant.
— .....
Hum, pas de réponse. Ce n'est pas grave.
— N'hésitez pas à revenir dans notre restaurant à l'avenir, pour profiter de nos délicieux repas!
Sans me répondre, je le vois se diriger vers une voiture dans laquelle il entre après m'avoir jeté un bref regard. Huh, je retourne à la table qu'il occupait pour débarrasser. Je suis étonnée de voir qu'il m'a laissé un pourboire après le règlement de sa note. En le prenant, je me rends compte que c'est un gros pourboire, waouh.
Drôle de client, souris-je intérieurement. Je prends les couverts qu'il a utilisés, puis je me dirige vers la cuisine où je tombe sur Mira qui débarrassait un plateau d'assiettes sales. Je dépose le plateau que j'ai en main à côté de l'évier, attirant ainsi son attention.
— T'as fini avec le client ? demande Mira.
— Oui, et devine quoi ? dis-je en souriant.
— Quoi ? demande-t-elle.
— Il m'a laissé un gros pourboire, dis-je en sortant l'argent.
— Wahou ! s'exclame-t-elle en me souriant.
— Je suis trop contente, déjà le client était comment dirais-je, voilà il...
— Ariane, dans mon bureau, s'écrie soudainement la voix de Monsieur Eboué, m'interrompant.
— Tout de suite, monsieur, dis-je en me retournant vers lui.
Il s'en va après m'avoir lancé un mauvais regard.
— Je me demande ce qu'il a encore, ce patron désagréable, tchipp, lance Mira avant de se reconcentrer sur sa tâche.
— Dieu seul sait. Bien, j'arrive, dis-je en me dirigeant vers la sortie de la cuisine.
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— Je peux savoir pourquoi diable est-ce que tu souriais de cette manière à ce client ? Tu étais en train de le séduire, n'est-ce pas ? dit Monsieur Eboué, visiblement énervé, lorsque j'entre dans son bureau.
— Mais qu'est-ce que vous racontez là, monsieur ? Je n'essayais de séduire personne. Je faisais juste mon travail tout en mettant à l'aise le client, dis-je, offensée par ses propos.
— Tais-toi, bon sang. Je te préviens, si je te vois encore parler avec des clients pendant des minutes ou leur sourire comme tu le faisais quelques minutes plus tôt avec ce monsieur, tu seras renvoyé sans préavis. J'espère que c'est clair ? tonne-t-il enragé.
Mais j'essayais juste d'être aimable non ? Où est le mal franchement ? Monsieur Eboué commence sérieusement à me taper sur les nerfs.
—D'accord, dis-je tout simplement malgré que je bouillonne de rage à l'intérieur.
—Tu peux partir maintenant. Et si tu oses me désobéir une nouvelle fois, tu le regretteras amèrement, lance-t-il.
Je sors de son bureau assez contrariée. Je me demande ce que j'ai pu faire de mal. Ne dit-on pas que le client est roi et qu'il faut répondre à ses demandes ? C'est à cause de ma mère que je ne suis pas encore partie de ce travail, c'est pénible. Depuis que j'ai commencé ici, cet homme ne fait que me harceler. Quand je lui ai mis les points sur les i il y a quelques semaines, il est devenu encore plus désagréable. J'ai hâte d'être à demain pour cet entretien, heureusement que cela tombe sur mon jour de repos. J'espère être retenue afin de sortir de ce travail.
*L'Écrivaine Noire*
J'arrive enfin à la maison, à vingt-et-une heures, en étant toute fatiguée. Lorsque je pénètre dans le salon, je vois maman qui n'était pas encore couchée.
—Bonsoir, maman, dis-je en m'affalant sur le canapé.
—Bonne arrivée, ma princesse, j'espère que ta journée s'est bien passée, dit-elle en me souriant.
—Oui, maman, et la tienne ?
—Oh, ennuyeuse comme d'habitude, étant donné que je suis restée entre ces quatre murs.
—Ne t'inquiète pas, maman, bientôt tu pourras faire des sorties.
—Oui, c'est sûr .
—Tu as déjà dîné et pris tes médicaments j'espère ?
—Oui, ma chérie, mais toi, dis-moi princesse, as-tu pu dîner avant de rentrer ?
—Non, maman.
—Alors vas-y te rafraîchir en attendant que je te serve.
—Non, je le ferai maman, toi, continue de suivre ta série, dis-je en me levant.
—D'accord, ma chérie.
Je me rends dans la chambre où je prends une bonne douche, puis je reviens me servir à la cuisine. Je me dirige au salon où je m'assois à côté de maman pour profiter de ce délicieux repas qu'elle a cuisiné. Après avoir fini, je pose ma tête sur les cuisses de maman qui me caresse la tête pendant qu'on suit ensemble la série. Elle, je dois dire, car moi je somnole par moment.
—Ariane, chérie, je crois que tu dois aller dormir princesse, je vois bien à quel point tu es fatiguée, dit-elle en me caressant toujours les cheveux.
—Non, maman, je veux rester ici avec toi.
—Vraiment, je me demande ce que j'ai fait de bon pour mériter une fille aussi gentille que toi. Tu es si jeune mais tu réponds à tous mes besoins malgré ton jeune âge. À 20 ans, tu devrais normalement profiter de ta jeunesse, continuer tes études pour obtenir ton Master, mais là, tu te bats chaque jour en travaillant au restaurant pour prendre soin de moi. Je suis tellement désolée que...
—Arrête de dire ça maman, j'accomplis juste mon devoir d'enfant, et je t'ai toujours dit que c'est toi et moi contre le monde, dis-je en la coupant.
—Tu as vraiment une bonne âme, ma chérie, je t'aime tellement.
—Je t'aime aussi, maman.
—Je n'en doute pas, ma chérie.
—En plus, demain, j'vais passer l'entretien que mon ancien docteur de la fac m'a proposé et je sais que je vais avoir ce travail, donc ça va, dis-je pour la rassurer.
—Je te fais confiance, tu vas assurer comme d'habitude.
—Oui.
Nous passons une heure de plus devant la télévision avant d'aller nous coucher.
Le lendemain matin, après mon réveil, je m'occupe des tâches de la maison et du p'tit déjeuner de maman avant d'aller prendre une douche et me préparer pour l'entretien. Lorsque j'arrive au salon, je tombe sur maman, prête à manger son p'tit déjeuner.
—Maman, je suis prête, dis-je en mettant mon Curriculum vitae dans mon sac à main.
—Mais ma fille, tu n'as pas encore pris ton p'tit déjeuner.
—Je le vais le prendre après l'entretien.
—D'accord ma chérie, que Dieu t'accompagne.
—Bon, je vais y aller maintenant pour ne pas rater le bus comme hier.
—D'accord ma chérie, bonne chance, dit-elle en me souriant.— Merci maman. Prends soin de toi, je vais sûrement rentrer avant le déjeuner.
—D'accord, fais attention.
—Oui maman, je t'aime, dis-je en lui faisant un bisou sur la joue.—Moi aussi, princesse.
—À tout à l'heure, maman, dis-je avant de sortir du salon.
Je marche vers l'arrêt de bus en priant pour ne pas rater le bus.
*L'Écrivaine Noire*
Après une quarantaine de minutes, me voilà devant cette grande entreprise. C'est plutôt joli ici. Je ne perds pas de temps et me rapproche de quelqu'un afin de lui demander de l'aide pour me rendre là où a lieu l'entretien d'embauche pour le secrétariat de gestion. Lorsque j'y parviens après qu'il m'ait indiqué le chemin, je tombe sur une vingtaine de personnes assises là.