LE DESTIN DE JAYDA
CHAPITRE 25
Bonne décision
- Réveil de Jayda
- Prise de décision
*** Jayda Kouassi épse Cissé
Je remue légèrement les yeux, essayant de les ouvrir, mais ils refusent de se lever. Je me sens lourde, comme prisonnière d’un piège dont je ne parviens pas à m’échapper. Tout autour de moi semble flou. J’entends difficilement des murmures, une voix que je reconnais#ms. Leïla ?
— Oh, elle se réveille !
Oui, c’est bien sa voix. Alors je suis vivante ?
— Jayda, s’écrie la voix de Djibril cette fois-ci.
Alors je suis là, mon Dieu ne m’a pas rappelée à lui ? J’ai du mal à croire que je suis bien en train de me réveiller. Mon esprit est confus, mais une chose est claire : je suis là, vivante. Mes paupières tremblent, elles sont si lourdes, et mes membres semblent faits de plomb. J’essaie de lever la main, de bouger ne serait-ce qu’un doigt, mais chaque mouvement est une lutte. Pourtant, je n’abandonne pas. Une lumière vive m’aveugle lorsque mes yeux s’ouvrent enfin. Je les referme aussitôt, avant de les rouvrir, tombant sur le visage de Djibril penché au-dessus de moi. Son visage est flou à travers mes larmes naissantes, mais j’arrive à distinguer son expression. Inquiétude, soulagement, peut-être même une lueur de tristesse. Je sens sa main serrer la mienne, légèrement tremblante#ms.
— Jayda, murmure-t-il, sa voix se brisant à moitié. Leïla, appelle le docteur, s'il te plaît.
Elle s'en va alors que j'essaie de parler, mais aucun son ne sort de ma bouche. Quelques minutes plus tard, un docteur et une infirmière entrent dans la chambre, suivis de Leïla. Le médecin s’approche de moi et commence à m’examiner. Il prend mon pouls, vérifie ma respiration. Il me pose des questions sur moi et je réponds faiblement. Il parcourt même mes pieds et bras d'un stylo me demandant si je ressentais quelque chose, ce qui était le cas.
— Tout semble aller mieux, dit-il d’un ton rassurant.
— Merci docteur, répond Djibril.
Il sourit légèrement avant de quitter la pièce, laissant derrière lui un silence pesant. Leïla s'approche alors de moi, son visage rayonnant d’inquiétude.
— Comment tu te sens Jay ? demande-t-elle doucement.
— B..bien, murmuré-je faiblement fixant Djribril.
— Je suis tellement contente que tu sois enfin réveillée, dit-elle, un sourire se dessinant sur ses lèvres.
— M..merci, dis-je.
Djibril reste là, immobile, sans rien dire, l’expression toujours aussi troublée. Un silence s'installe dans la pièce mais est vite interrompu par le téléphone de Leïla qui sonne. Elle s’éloigne, prenant soin de sortir discrètement. Dès qu’elle est partie, Djibril s’approche lentement de moi , hésitant. Alors que je fixe le plafond, essayant de rassembler mes souvenirs malgré mes maux de tête. Puis tout me revient d’un coup. L'accusation de Nousseiba, la dispute. Ses cris. Son bras retenant violemment le mien. Son regard furieux. La peur qui m’avait envahie à ce moment-là lorsque mes pieds ont glissé.
Mon souffle se fait plus court alors que la colère monte en moi . Comment a-t-il osé ? La douleur dans ma poitrine est aussi vive que la rage qui monte dans mon esprit. J'ai failli mourir à cause de lui. Je tourne lentement la tête vers lui. Ses yeux cherchent encore à capter les miens, mais sans succès#ms.
— Jay...da, murmure-t-il en me prenant la main, mais je me dégage de son emprise.
— Ne me touche pas, dis-je d'une voix faible mais ferme.
Il fronce les sourcils, surpris par mon ton, mais il ne répond pas. Je me redresse doucement, ignorant la douleur lancinante qui me traverse, mes souvenirs se mélangeant avec la réalité . J'ai failli mourir par sa faute !
— Tu... tu... te souviens de tout ? murmure-t-il, visiblement mal à l’aise.
— Oui. Tu m’as violentée dans les escaliers et laissée tomber. Bien avant que je glisse, tu m’as dit que je paierais d’avoir poussé Nousseiba. Et maintenant, tu fais semblant de t’inquiéter pour moi ? Tu oses te tenir là, à faire semblant d'être désolé ?
Djibril pâlit, et je vois dans ses yeux qu’il sait qu’il est en faute, mais il n’ose pas l’admettre. Il tente de m’approcher à nouveau, mais je l'arrête en levant la main.
— Jayda... c’était une erreur... je n’ai pas voulu te blesser comme ça. Si j'avais su que tu allais glissée , jamais je ne t'aurais interpellée dans les escaliers. Tu n'aurais pas dû pousser Nousseiba. Elle est enceinte et...
— Sors d'ici, Djibril ! sifflé-je, la voix tremblante de colère.
Je serre mes bras contre moi, sentant ma respiration devenir saccadée . Les larmes me montent aux yeux, non pas de tristesse, mais de rage pure. Comment ai-je pu tomber amoureuse d’un homme capable de me traiter ainsi ? Sa vraie nature a fini par être révélée depuis ce piège tendu par sa mère. Je ne savais pas que Djibril pouvait autant dénigrer une femme qu'il disait aimer, encore moins lui porter la main. Cette fois-ci, c'était trop. J'ai failli mourir.
— Jayda, s'il te plaît, calme-toi. Tu viens de sortir d'un coma et...
— Coma dans lequel tu m'as envoyée à cause de ta deuxième femme, crié-je en larmes.
Djibril, visiblement déstabilisé, tente de me toucher pour me calmer malgré tout , mais je le repousse brusquement.
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— Ne me touche pas, craché-je. Tu m’as brisée, Djibril, tu as brisé ce qu’il restait de moi. Si tu es là pour te justifier ou te faire pardonner, tu peux t'en aller. Je n'ai pas envie de voir ton visage.
Sa mâchoire se serre, mais il reste silencieux, me fixant avec une douleur visible dans les yeux. Cette douleur, au lieu de m'attendrir, ne fait qu'attiser ma haine. Je sens que le moment est venu de faire le bon choix, pour moi.
— Je suis...
Il est interrompu par le bruit de la porte qui s'ouvre brusquement. Leïla entre dans la chambre, l’air inquiet.
— Y a-t-il un problème ? J’ai entendu des cris. Jay, tu vas bien ?
— Oui, mais s’il te plaît, fais-le sortir d’ici. Je n’ai pas envie de dire des choses que je pourrais regretter plus tard, dis-je d'une voix ferme, presque cassée par l’émotion.
— Djibril, tu devrais...
— C'est bon, dit-il froidement avant de quitter la pièce sans un regard en arrière.
Aussitôt, mes forces m’abandonnent, et j’éclate en sanglots, incapable de contenir plus longtemps ce torrent d’émotions qui me ronge.
— Hey, ma belle, ne pleure pas, tu vas te faire du mal, dit Leïla en se précipitant vers moi, me prenant dans ses bras avec tendresse.
— Elle… elle a réussi à détruire mon foyer. Mère Fatima… elle a tenu sa promesse, dis-je en pleurant encore plus fort, mon corps tremblant sous le poids de la douleur.
Leïla me serre contre elle, me chuchotant des mots apaisants, comme une sœur.
— Je sais que c'est dur, mais t'inquiète pas, ça va aller. Je suis là pour toi, Jay. Malik aussi, alors n’imagine pas une seconde que tu es seule dans cette galère#ms.
Je ne réponds rien. Mes larmes continuent de couler, alors que mes pensées se perdent dans tout ce que j'ai subi ici. Trop longtemps, j'ai tout supporté, tout enduré, simplement parce que je n'appartiens pas à leur religion. Est-ce que j’ai choisi de naître chrétienne ? Peut-être que je n’aurais jamais dû épouser Djibril. Sa mère m’avait pourtant prévenue, m'avait fermement défendu de l'épouser, menaçant de me faire vivre l'enfer. Mais je croyais qu'elle finirait par m'accepter et tant que j'avais l'amour de Djibril, je pensais que je pourrais tout supporter. Mais maintenant, il n'y a plus rien entre nous. Il m’a déjà suffisamment punie pour une faute que je n’ai pas commise#ms.
— Tu crois que tu peux m’expliquer ce qu’il s’est passé ? Comment Djibril en est arrivé à te lever la main dessus ? demande Leïla doucement.
— O… oui, dis-je faiblement, la gorge nouée.
— Ne te sens pas obligée, mais j’aimerais comprendre pour voir comment vous aider, lui et toi.
— Il n’y a plus de "nous", Lei. C’est fini, tout est fini, dis-je d'une voix brisée, presque inaudible.
Elle me serre à nouveau dans ses bras, et je finis par lui raconter tout ce qu’il s’est passé récemment. Depuis le jour où Djibril a exigé que nous quittions la maison familiale jusqu’à ma chute dans les escaliers. Leïla m’écoute attentivement, et à la fin de mon récit, elle ne peut retenir ses propres larmes.
— Cette femme , comment peut-elle parler de religion et faire autant de mal autour d’elle ? s'indigne Leïla, sa voix tremblante de colère et de tristesse.
Leïla, c’est plus qu’une amie, elle est comme une sœur pour moi. Elle est la femme du meilleur ami de Djibril. Parmi toutes les femmes des amis de Djibril, c’est la seule qui m’a acceptée telle que je suis. Les autres, elles, me toléraient à peine à cause de la différence de religion. Mais Leïla… elle, elle a toujours été là, me soutenant même face aux malveillances de mère Fatima. C’est à elle seule que je confiais les misères que je subissais en l'absence de Djibril. Et elle a toujours trouvé les mots justes pour m’encourager, pour me dire de ne pas abandonner.
— Jay ? me dit-elle doucement, me tirant de mes pensées.
— Oui, je suis là.
— Que penses-tu faire maintenant ?
Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer mes pensées. Mais au fond de moi, je sais déjà ce que je dois faire.
— Je vais exaucer les vœux de cette sorcière qu’est ma belle-mère. Je vais quitter la vie de son fils.
— Quoi ?! hurle-t-elle, choquée. Euh , je crois que tu devrais prendre le temps de bien réfléchir, surtout après ta convalescence. Ne prends pas une décision que tu pourrais regretter plus tard, dit-elle d’une voix plus douce, tentant de me rassurer.
— Ok , dis-je simplement.
À l'intérieur, je sens que ma décision est déjà prise. Il faut que je parte de cette maison si je veux retrouver la paix. Même si cela fait de la peine à la petite Mia, je crois que c’est le mieux pour nous tous...!