Chapitre 7
Ikiiiiiii 🔥
Marissa et Dylan 🤧
~ Dylan Mukwelle ~
Je ne réalise qu’aujourd’hui à quel point le rejet peut être terrifiant et douloureux. Peu importe combien je lui promets de changer, combien je lui assure que je suis prêt à tout pour elle : Marissa refuse de m’écouter, de me laisser une chance.
Après un énième refus en cours d’EPS, je me mets en retrait, évitant les regards curieux et les murmures de mes camarades. Tout semble se calmer jusqu’à ce que Victoire, l’amie inséparable de Marissa, entre dans la salle comme une furie et fonce droit sur moi.
— Lève-toi, il faut qu’on parle, lâche-t-elle sèchement.
Je reste figé, confus, essayant de comprendre ce qu’elle veut. Son impatience explose.
— Tu as cinq secondes pour me suivre, Dylan !
Sans attendre une réponse, elle pivote sur ses talons et se dirige vers la porte d’un pas rapide. Je l’observe, hésitant, mais le lien qu’elle a avec Marissa me pousse à me lever. Je finis par lui emboîter le pas.
Victoire m'entraîne à l'extérieur de la classe, son regard noir braqué devant elle. Son silence m'oppresse, chaque pas qu'elle fait alourdit un peu plus l'angoisse dans ma poitrine. Elle s'arrête brusquement dans un coin isolé du couloir, se retourne et plante ses yeux dans les miens.
— Dylan, tu sais, j’ai toujours pris sur moi pour ne pas te balancer tout ce que je pensais de toi. Je te trouvais déjà assez pathétique comme ça. Mais là, c’est différent. Que ton obsession en vienne à blesser mon amie, ça, je ne le tolérerai pas.
Son ton est glacial, tranchant comme une lame. Je serre les dents, la défiant du regard.
— De quoi tu parles ?
Victoire croise les bras et se lance dans une explication rapide et brutale. À mesure que ses mots me frappent, une sensation glaciale envahit mon corps. Mon sang se fige, mais la rage monte aussitôt, brûlante et incontrôlable.
— Où est-elle ? demandé-je en serrant les poings, ma voix grondant de colère.
— Elle est rentrée chez elle, mais tu...
Je ne la laisse pas finir. Mon corps agit avant que mon esprit ne réfléchisse. Je retourne en classe, rassemblant mes affaires à une vitesse folle. Une fois prêt, je m’élance vers la sortie, mais Victoire me barre la route.
— Qu’est-ce que tu comptes faire ?
— Je vais la voir !
— Stop ! Arrête ça, Dylan ! Laisse-la tranquille, tu vas empirer les choses.
Ses mots tombent dans le vide. Je ne l’écoute pas. Je bous d’impatience et d’inquiétude. Sans me retourner, je descends les escaliers quatre à quatre et quitte le collège. À cet instant, je ne me soucie ni des règles ni des conséquences. Tout ce qui compte, c’est Marissa.
Je réussis à emprunter une moto et me rue vers chez elle. Le trajet me semble interminable, mais je ne perds pas une seconde. Lorsque j’arrive enfin devant le portail, je sonne frénétiquement. Mon cœur bat à tout rompre alors que j’attends qu’on vienne ouvrir. Après un temps qui me paraît une éternité, la domestique apparaît enfin.
— Marissa est là ? demandé-je, essoufflé.
— Oui, mais elle ne veut voir personne.
Sa réponse est un coup de massue. Mon esprit s’emballe. "Comment la convaincre ? Comment lui faire entendre raison ?" Je serre les poings, bien décidé à ne pas repartir sans lui parler.
— Dites-lui que Dylan est là !
— Je ne peux pas, jeune homme, elle ne veut voir personne. N'insistez pas, s'il vous plaît.
— Je ne partirai pas sans l'avoir vue, Madame. C’est urgent. Je dois lui remettre quelque chose. Nous sommes dans la même école. Regardez ma tenue ! Et nous sommes voisins… j’habite juste en face, portail bleu nuit.
Elle me dévisage, hésite. Mon cœur bat à tout rompre pendant qu’elle réfléchit. Après quelques instants de silence, elle finit par céder, sa voix légèrement agacée :
— Vous avez cinq minutes, pas plus. Et si elle vous demande comment vous êtes entré, dites-lui que le portail était ouvert.
— Merci. Oh, merci beaucoup !
Mon cœur bondit de soulagement. Sans attendre une seconde de plus, je me glisse à l’intérieur et me dirige directement vers sa chambre. Une fois devant sa porte, je frappe doucement mais fermement.
— Qu’est-ce que tu veux, Brigitte ?!
Sa voix, chargée d’agacement, traverse la porte. J’entre immédiatement, sans attendre une invitation.
— Ce n’est pas elle. C’est moi.
Marissa se fige en me voyant. Elle réagit aussitôt, se glissant sous sa couverture pour cacher son visage.
— Qu’est-ce que tu fais ici ? Et comment tu es entré ?
Elle lance ses questions, mais je l’ignore. Je tire une chaise de son bureau et m’assois juste en face de son lit, la regardant droit dans les yeux, même si elle évite les miens.
— Marissa…
— Va-t’en, Dylan.
— Non, je ne partirai pas. Pas avant que tu m’aies dit ce qui s’est passé.
Un silence tendu s’installe. Je peux presque entendre sa respiration saccadée. Enfin, elle brise le calme d’une voix tremblante :
— Dylan, quand est-ce que tu vas comprendre et faire ce que je te demande ?
Sa voix est brisée, empreinte de larmes retenues. Mon cœur se serre. Je me lève légèrement, me rapprochant d’elle.
— Je sais que tu as du mal à me croire, Marissa, mais je veux changer. Je sais que je t’ai blessée, et je m’en veux chaque jour. Mais au fond, tu es la seule qui sache qui je suis vraiment. Donne-moi une chance de…
Elle se redresse soudainement, repoussant la couverture. Mon regard se pose sur son visage, marqué par une douleur profonde. Mon souffle se bloque.
— Donne-moi les noms de ces filles, murmuré-je, ma voix emplie de colère contenue.
— Pour quoi faire ? Pour aller aggraver mon cas ? Tout ce qui m’arrive, Dylan, c’est par ta faute ! Alors écoute-moi bien, une dernière fois : reste loin de moi. Depuis que je te connais, tu ne m’as apporté que des ennuis.
Ses mots frappent avec la force d’une gifle. Elle a raison, je le sais. Je l’ai blessée, je l’ai trahie. Mais elle refuse de voir que j’ai changé, que je suis prêt à être meilleur. Pourquoi ? Pourquoi s’obstine-t-elle à me repousser ?
Je me lève lentement, mes yeux plongés dans les siens.
— Je te promets, Marissa, que plus jamais tu ne seras humiliée à cause de moi.
Sans attendre sa réponse, je tourne les talons et quitte sa chambre. J’aurais voulu lui dire plus, mais ce n’était ni le lieu ni le moment. Et, de toute façon, elle ne me croirait pas encore. Pas maintenant.
Lorsque je rentre à la maison, je suis toujours sous le choc. L'image du visage tuméfié de Marissa ne me quitte pas, me hanterait presque. Une rage sourde, mêlée de culpabilité, me serre la poitrine. Je ne peux pas rester là, les bras croisés.
Je me change rapidement, attrape mon portefeuille et me rends à la pharmacie. Sans hésiter, j'y dépense toutes mes économies de la semaine pour acheter des produits qui pourraient apaiser ses douleurs : de la crème analgésique, des anti-inflammatoires... tout ce qui pourrait l'aider à se sentir un peu mieux.
Une fois mes achats terminés, je m'arrête devant sa maison. L'hésitation me gagne, mais je frappe finalement à la porte. C'est leur ménagère qui m'ouvre. D'une voix basse et pressée, je lui tends le sac.
- Pouvez-vous lui donner ceci ? Mais ne lui dites pas que c'est de ma part. Si elle sait que ça vient de moi, elle risque de refuser.
Elle m'observe, un peu perplexe, avant d'acquiescer.
- Très bien, je lui remettrai.
Un poids s'allège sur mes épaules, et je lui murmure un merci avant de repartir, un peu plus apaisé. Pourtant, ce sentiment ne dure pas.
Cette nuit-là, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je ressens sa douleur, comme si elle était mienne. L'idée que tout cela soit arrivé par ma faute me ronge. Comment ai-je pu laisser les choses aller aussi loin ?
Le lendemain matin, dès mon arrivée au collège, je n'ai qu'un objectif en tête : trouver les responsables. Je me renseigne rapidement et, une fois que j'ai leurs noms, je pars les chercher.
Je les trouve dans un coin du hall. Leur cheffe, une fille à l'air hautain, semble surprise de me voir venir droit vers elle. Son expression change lorsqu'elle croise mon regard, et elle m'accueille avec un sourire qui me met encore plus en colère.
- Dylan ! Qu'est-ce qui t'amène ici ?
Elle joue les innocentes, mais je n'ai pas de temps à perdre.
- J'ai appris ce que tu as fait à Marissa hier. Et crois-moi, c'est uniquement parce que tu es une fille que je me retiens de ne pas te corriger sur-le-champ. Mais écoute-moi bien : tu ne t'en prendras plus jamais à elle. Et quand elle reviendra, tu iras lui présenter tes excuses.
Son sourire disparaît instantanément. Elle me fixe, incrédule.
- Mais... j'ai fait ça pour toi ! Elle t'a méprisé et...
- Je ne t'ai rien demandé ! Ce qui se passe entre elle et moi ne regarde personne, et sûrement pas toi.
Je vois ses poings se serrer, son visage se fermer, mais je n'en ai rien à faire.
- Très bien, dit-elle finalement, un ton amer dans la voix. Mais je ne comprends pas pourquoi tu t'intéresses à elle. J'espère que ce petit béguin te passera vite, Dylan. Tu mérites mieux.
Ses mots me crispent, mais je refuse de m'attarder. Je tourne les talons et pars en direction de ma salle de classe. Plus elle parle, plus je sens l'agacement monter en moi. Je préfère m'éloigner avant de dire ou faire quelque chose que je pourrais regretter.
#Ms
Quelques minutes après, j'entre en classe et m'installe à ma place habituelle. À peine assis, Hilaire, l'un des amis proches de Marissa, s'approche, visiblement contrarié.
- J'ai entendu parler de ce que tes groupies ont fait ! lâche-t-il sèchement.
Je lève calmement les yeux vers lui.
- Je ne leur ai jamais demandé de faire ça, Hilaire.
- Peut-être, mais tout ça, c'est à cause de toi ! Si tu as un minimum de bon sens, tu t'éloigneras d'elle pour de bon et tu la laisseras tranquille.
Un sourire étire mes lèvres.
- Depuis quand te sens-tu autorisé à me dicter ma conduite ? Je suis libre de mes choix. La seule personne qui pourrait avoir son mot à dire, c'est Marissa.
Hilaire serre les poings, sa rage presque palpable.
- Elle te l'a déjà dit ! Mais tu refuses de l'écouter.
- Elle l'a fait parce qu'elle veut se convaincre qu'elle peut m'oublier. Nuance. Marissa tient à moi, et c'est réciproque. C'est précisément pour ça que je n'abandonnerai pas aussi facilement.
Il reste figé, me fixant avec une expression mêlée d'incrédulité et de mépris.
- Waouh... À quel moment sont nés ces sentiments ? Quand elle a changé ? Quand elle est devenue cette version d'elle-même qui te dépasse de loin ?
Je hausse un sourcil, soudainement lassé de cette conversation.
- Hilaire, la discussion s'arrête ici.
Je n'ai aucune envie de débattre avec lui. Ce que je ressens, je n'ai pas besoin de le justifier à qui que ce soit. Oui, par le passé, je l'ai ignorée, repoussée, blessée. Mais j'avais mes raisons, qu'il ne pourrait jamais comprendre.
Hilaire me jette un regard glacé, avant de lancer, avec un sourire narquois :
- Très bien, je vais prier pour qu'elle continue de t'ignorer... et qu'un autre lui montre enfin ce qu'est le véritable amour.
Mon regard s'assombrit. Je n'ai pas besoin de lui demander à qui il fait allusion. Yvan. Bien sûr. Il lui tourne autour depuis un moment, mais jusque-là, je n'avais jamais pris la peine de me demander s'il était sérieux ou non. Les paroles de Hilaire dissipent tout doute : Yvan n'est pas là pour plaisanter.
Est-ce que je vais le laisser gagner ? Certainement pas. S'il croit que je vais abandonner sans me battre, il se met le doigt dans l'œil.
Dès que le professeur de Sciences Naturelles entre, le cours débute. J'essaie de rester concentré sur ses explications, mais mes pensées dérivent rapidement. À la pause, je prends une décision : il faut que j'agisse. Sans perdre de temps, je retrouve mon ami Xavier pour lui demander conseil.
À peine ai-je fini de lui exposer la situation qu'il éclate de rire, bruyant et moqueur.
- Je savais qu'il y avait un truc, mec ! Tchaiii !
Je serre les dents, déjà agacé.
- Tu comptes m'aider ou continuer à te marrer ?
Il lève les mains en signe de reddition, toujours amusé.
- Ok, ok, relax. Mais écoute-moi bien : ça ne va pas être une partie de plaisir. Tu veux savoir pourquoi elle ne te croit pas ? En fait, elle n'est pas la seule.
Son air mystérieux et ces insinuations me crispent encore plus.
- Explique-toi clairement, Xavier. Pourquoi ?
Il me fixe avec un sérieux soudain.
- Parce que tout ça semble sorti de nulle part, Dylan. Du jour au lendemain, tu te mets à la coller ? C'est louche, mec. Elle a toutes les raisons de se méfier. Et franchement, tout le monde se dit que tu fais ça juste parce qu'elle t'ignore maintenant et qu'elle a tourné la page. Apparemment, il y a un autre gars dans le tableau.
Ces derniers mots sont comme une gifle.
- Hum !
- Il paraît qu'il la traite comme une reine. Il l'a même invitée à venir voir une compétition. Tu sais comme elle déteste les trucs sportifs, mais elle y est allée. Ça, c'est un signe, mec. Donc, avant de te lancer dans ton plan, assure-toi qu'elle est toujours intéressée par toi. Parce que si elle a vraiment trouvé mieux...
Ses mots s'enfoncent comme des aiguilles dans mon esprit, mais au fond de moi, je refuse d'y croire. Une intuition profonde, une certitude inexplicable, me pousse à croire qu'elle tient toujours à moi. Ce n'est pas fini. Pas encore.