FIRST LOVE
Yvan c'est bien ça....
Chapitre 5
Dylan s'apprête à répondre, mais avant qu'il n'ajoute quoi que ce soit, la porte de la salle s'ouvre brusquement. Le professeur de physique entre, et d’une voix autoritaire, il déclare :
— Bonjour à tous, installez-vous.
Je me fige, le souffle coupé, et tourne lentement la tête vers Dylan. Il est déjà redressé, prêt à se concentrer sur le cours, et l'instant qui nous reliait semble s'éteindre aussi vite qu'il est né. Nos regards s'accrochent brièvement, un silence lourd entre nous, avant que je ne me dirige vers ma place. Un poids, imperceptible mais bien présent, se pose sur mes épaules. Les mots non dits flottent encore, suspendus dans l’air. Mais la sonnerie du début du cours me ramène brutalement à la réalité.
Je m'efforce de suivre les explications du professeur, mais mon esprit divague. Dylan est là, juste à côté, et malgré mes tentatives pour l'ignorer, je le sens me regarder furtivement. Que veut-il vraiment ? Pourquoi est-ce que chaque mouvement, chaque souffle qu'il prend semble me transpercer ?
Il y a cette lutte en moi, une guerre intérieure entre ma volonté de ne pas me laisser manipuler à nouveau et cette part de moi qui se souvient des moments simples, des rires partagés, de cette complicité qu'on ne peut effacer d'un coup. Mais non. Je dois me concentrer. Je ne peux pas me laisser distraire par des sentiments qui n'ont plus leur place.
Le professeur pose une question sur le tableau, et je suis poussée par une impulsion à lever la main, répondant avec assurance. Lorsque je termine, je vois le professeur hocher la tête, un léger sourire approbateur sur les lèvres. C’est ça, mon domaine : les études, la réussite. Rien d’autre.
Quand la cloche retentit enfin, signalant la fin du cours et la pause, je range mes cahiers dans mon sac et me précipite vers la sortie, espérant éviter toute confrontation avec Dylan. Mais alors que je m’apprête à quitter la salle, j'entends ses pas précipités derrière moi.
— Marissa, attends.
Je sens la tension monter dans mes veines, mais je me tourne malgré tout, consciente que je ne peux pas l’ignorer cette fois.
— Quoi encore ? dis-je, la voix sèche, espérant masquer l’agitation croissante dans ma poitrine.
Il ne se laisse pas déstabiliser par mon ton, et ses yeux restent sincères.
— Je voulais t'inviter à déjeuner, à la cantine.
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Je le fixe, surprise et déstabilisée par sa proposition.
— Depuis quand tu veux traîner avec moi ?
Il ne bronche pas, sa réponse calme :
— Je t'ai dit hier que je voulais changer. Laisse-moi juste te le prouver.
Je roule les yeux, levant la tête pour apercevoir Anaëlle, qui le regarde de loin.
— Ta copine t’attend, non ?
Il se tourne, suit mon regard, et un éclat d'agacement passe dans ses yeux.
— Elle n'est pas ma copine.
— Ça m’est égal, Dylan, rétorqué-je, me détournant de lui.
Juste à ce moment, Yvan s’approche de nous.
— Marissa, tu veux déjeuner avec moi ?
Je souris immédiatement, sans réfléchir.
— Pourquoi pas ?
Je laisse Dylan là, dans l'ombre de sa déception. Il aura bien mal, j'espère, qu'il ressente une fraction de ce que je ressens. Je rattrape Yvan, et quelques minutes plus tard, nous voilà installés à la cantine.
— Alors, qu'est-ce que tu veux manger ?
— Salade d'avocat, et toi ?
— Je vais prendre de l'eau, répond-il avec un sourire malicieux.
— C’est tout ?
— Je surveille ma ligne, répond-il sérieusement, mais je perçois l’éclat de complicité dans ses yeux.
Je ne peux m’empêcher de sourire.
— Très drôle, Yvan.
— Je suis sérieux, tu sais, le foot c’est un sport exigeant.
Alors que Yvan me sert son sourire, je ne peux m'empêcher de le fixer un instant. Il dégage une énergie différente, plus détendue, moins compliquée que celle de Dylan. Il est là, devant moi, dans cet espace où il n'y a pas de non-dits ni de tensions, juste une simple curiosité partagée.
— Tu m’as dit que tu fais du foot, non ? lui demandai-je, intriguée.
Il hocha la tête, l’air visiblement ravi que je lui pose enfin des questions. Un léger éclat de fierté illumine ses yeux.
— Ouais, je joue depuis que je suis gamin. C’est mon truc. Mais je suis pas juste un amateur, je veux vraiment aller plus loin.
Je le regarde, curieuse, un sourire malicieux se dessine sur mes lèvres.
— Vraiment ? Et pourquoi tu veux devenir footballeur professionnel ? Ce n’est pas un peu risqué comme carrière ?
Il éclate de rire, un rire franc et naturel, avant de prendre une grande inspiration, visiblement prêt à partager sa passion.
— Risqué, ouais, mais c’est ce que je veux. Le foot, c’est pas qu’un jeu pour moi, c’est ma vie. Chaque match, chaque entraînement me fait sentir que je suis à ma place. C’est comme... une sorte de zone où je me sens invincible, tu vois ? Je suis un attaquant, je suis là pour marquer, pour faire la différence.
Je suis captivée par son enthousiasme, par la manière dont ses yeux brillent quand il parle de son sport. Il semble vraiment passionné, et quelque part, cela m’attire.
— Attaquant, hein ? Ça doit être stressant. Pas trop de pression ?
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Yvan sourit, amusé par ma question.
— La pression fait partie du jeu. C’est là que tu vois si tu as ce qu’il faut. J’ai toujours été celui qui prend les risques, celui qui décide du match. Quand tu marques un but décisif, c’est comme... tu te sens comme le héros de la journée. Mais faut pas croire, ça demande beaucoup de sacrifice. Les heures à courir, à travailler ta technique, à rester concentré... Et puis il y a les blessures, les moments où tu doutes. Mais ça fait partie du tout. Ça me motive encore plus.
Il marque une pause, réfléchissant un instant avant de reprendre, cette fois avec une sincérité qui me touche.
— Et toi, tu as des passions ? Qu’est-ce qui te motive dans la vie ?
Je n'avais pas prévu qu'il me retournerait la question aussi tôt. Je me sens soudainement vulnérable, mais je me racle la gorge et souris.
— Eh bien... Je suppose que c’est les études. Enfin, c’est plus que ça, mais c’est compliqué à expliquer. C’est un peu comme ton foot. C’est un terrain où je peux tout contrôler. La réussite me donne un but, tu vois ?
Il me regarde, observant mes gestes avec une attention qui ne m’échappe pas.
— C’est intéressant. J’aime ça, que tu sois aussi déterminée.
Je ris, un peu gênée, mais amusée.
— On dirait qu’on se ressemble un peu, non ?
— C’est possible, dit-il en haussant les épaules, une lueur de complicité dans les yeux.
Le reste du déjeuner se déroule dans une conversation facile, légère. Il me parle de ses rêves, de son équipe, de ses espoirs. J’écoute avec attention, me surprenant moi-même à poser des questions, à m’intéresser vraiment à son monde. Ses réponses sont pleines de passion, et je me sens prise dans l’énergie positive qu’il dégage.
À la fin de la pause , on s'échange de numéros.
Quelques jours plus tard...
Le week-end arrive à grands pas. Mon programme de la journée est tracé, tout est prêt. Je me débarrasse de mes devoirs en un éclair, enchaîne les tâches et je suis enfin prête. À l'heure où je devrais partir, ma mère m'interpelle, me tirant de mes pensées.
__ Où vas-tu, ma chérie ?
__ Chez Victoire, maman.
__ D'accord, mais ne rentre pas trop tard.
__ Promis.
Je récupère mon sac, et sans perdre une seconde, je file vers le portail et sors. Mais à ce moment-là, je tombe nez-à-nez avec Dylan. Le genre de rencontre qui me fait immédiatement lever les yeux au ciel. Je n'ai aucune envie d'échanger avec lui, alors je fais comme si je ne l'avais pas vu et je passe à côté. Mais Dylan, comme d'habitude, n'a pas l'intention de me laisser partir tranquillement.
__ Où vas-tu ?
__ Mêle-toi de tes affaires.
Il bloque mon chemin, un regard de plus en plus insistant. Je sens la tension monter.
__ Tu pars le voir, n'est-ce pas ?
__ Qui ça ?!
Je le connais trop bien, je sais que sa question porte sur Yvan. Un petit sourire m'échappe, parce que j'ai envie de jouer un peu.
__ Ne joue pas à ce jeu avec moi Marissa.
__ Je ne joue à aucun jeu par contre toi...tu me fais perdre mon temps.
Mes mots sont froids et secs.
__ Il n'est pas fait pour toi !
__ Tu ne connais rien de lui, Dylan. Comment peux-tu accepter de juger quelqu'un quand tu ne sais même pas qui il est ?
Je le vois se tendre, ses yeux deviennent plus perçants, presque menaçants.
__ Je veux juste te protéger et t'éviter de faire des erreurs...
__ Ma vie n’est pas la tienne, Dylan. Alors, tu peux me foutre la paix, merci !
Il fait un pas vers moi, ses poings serrés, et son ton se fait plus froid.
__ Je t'interdis de sortir avec lui.
À cet instant, je reste figée, abasourdie. Je n’arrive pas à croire ce que je viens d’entendre.
__ Pardon ?
__ Il peut te tourner autour après, c'est son problème, mais toi, tu n'as pas intérêt à te mettre en couple avec lui.
__ Et pourquoi ça ?! Tu te prends pour qui, Dylan ? Tu crois que tu peux décider pour moi ?! C’est ma vie et je fais ce que je veux merde !
Le silence se fait lourd. Je vois ses mâchoires se serrer, la colère bouillonnant sous sa peau. Il baisse la voix et me lance avec une menace glaciale.
__ Si tu sors avec lui, je dirai tout à tes parents.
Là, c'est trop. Un éclat de rire nerveux m'échappe.
__ Sans blague ?! Et tu penses que ça me fait peur ? Tu veux leur raconter quoi ? Que j'ai accepté une invitation ? Oh, attends, peut-être que tu veux me demander le transport aussi pour leur avouer cela ! Tu penses vraiment que ça m’impressionne ?! Tsuipsss, va leur dire…...ça m'est égal.
Je lui tourne le dos avec un sourire moqueur et je pars, les nerfs encore à vif. Mais au fond, je sais que je viens de lui faire perdre son contrôle. Il est là, incapable d’accepter que je sois libre de mes choix. Et même si je n'avais pas l'intention de sortir avec Yvan, je me dis que si ça peut l’agacer encore plus, je vais y réfléchir.
#Ms
Plus tard, au stade, l'excitation dans l'air est palpable. Il n'est pas difficile de retrouver Victoire et Hilaire parmi la foule. Nous prenons place dans les gradins, impatients de voir le match débuter. Le Championnat national des moins de 17 ans s'apprête à commencer. Franchement, je n'ai jamais vraiment prêté attention à ce genre de compétitions, ni même au football en général, mais aujourd'hui, j'ai décidé de m'impliquer. Après tout, c'est l'univers de Yvan, et je veux comprendre ce qui l'anime.
Quand son équipe entre sur le terrain, je le repère immédiatement. Un frisson m'envahit, et mon cœur s'emballe. Il y a quelque chose dans l'atmosphère, une énergie palpable, qui me fait presque oublier de respirer.
__ Il n'est pas mal, hein ?
Victoire me souffle ça, suivant mon regard.
Je souris discrètement, essayant de ne pas trop le laisser paraître.
Hilaire, qui nous observe avec un sourire en coin, intervient :
__ Concentrez-vous, les filles.
Victoire lui réplique aussitôt, un doigt d'honneur à la clé, ce qui me fait éclater de rire. Quelques minutes plus tard, l'hymne national retentit, et le match commence. Mes yeux ne quittent plus Yvan. Il est là, sur le terrain, et je ne peux m'empêcher d'être fascinée par sa présence, hypnotisée par chaque mouvement qu'il fait.
Les joueurs se lancent sur le terrain, l'adrénaline palpable à chaque passe, chaque tir. Pourtant, mes yeux ne quittent pas Yvan. Il se déplace avec une telle fluidité, une confiance qui me laisse sans voix. Il a ce genre de présence qui force l'attention.
Je le vois rater une occasion, mais ce n'est pas cela qui me frappe le plus. C'est son attitude, sa façon de se relever, de ne pas se laisser abattre, de continuer à courir comme si la prochaine action pourrait tout changer. Il ne s'arrête jamais. Et c’est là, dans cette énergie qui se dégage de lui, que je commence à comprendre pourquoi il aime tant ce sport.
Victoire, elle, est complètement captivée par le match, et Hilaire ne cesse de donner des conseils non sollicités à l’équipe, comme si lui-même était l'entraîneur. Je n'arrive pas à décrocher de Yvan, il est comme un aimant, attirant toute mon attention.
Le match se poursuit, et soudain, il fait une passe brillante, un mouvement précis qui permet à son coéquipier d’inscrire un magnifique but. Le stade explose. Je ressens une bouffée d'orgueil, comme si j'étais directement impliquée dans cette victoire.
__ Tu vois, c'est ce genre de moments qui rendent ce sport si addictif, me dit Victoire, en remarquant mon regard fixé sur Yvan.
Je hoche la tête, mais en réalité, je ne l'écoute même plus. Mon esprit est ailleurs. Et tandis que l’équipe se regroupe pour fêter le but, je ne peux m'empêcher de me dire que, finalement, je comprends bien plus ce qu’il ressent maintenant.