FIRST LOVE
Chapitre 3
Je vous observe....😀
~ Dylan Mukwelle ~
La journée a été interminable. À la sortie des cours, je décide de rentrer directement, sans traîner comme autrefois avec mes amis. Les pensées bourdonnent dans ma tête alors que je marche, distrait. C’est là que je la remarque.
Le pot de colle.
Elle est là, juste devant moi, mais quelque chose cloche. Nos regards se croisent brièvement, et aussitôt, elle détourne les yeux avant d’accélérer le pas.
Depuis quand elle m’ignore comme ça ? Irrité, je presse le pas et l’interpelle :
— Hey !
Aucune réaction. Elle continue, imperturbable. Je ne compte pas la laisser filer. Je la rattrape et lui barre la route.
— N’est-ce pas à toi que je parle ?
Elle se retourne, le regard chargé d’une colère froide.
— Tu veux quoi, Dylan ?
Son ton sec me déstabilise. Depuis quand elle me parle comme ça ?
— Depuis quand tu te permets de me répondre sur ce ton ?
— Et alors ? Tu crois que t’es qui, toi ? Tu te prends pour le centre du monde ?
Ses mots claquent comme une gifle. Je reste sans voix une seconde, puis ma colère reprend le dessus.
— Marissa…
— Lâche-moi !
Elle arrache son bras de mon emprise et s’apprête à partir. Mais je refuse de laisser passer.
— Tu crois vraiment que ces petits changements sur ton apparence vont te rendre intéressante ? Personne ne te calcule, Marissa. Tu n’es rien d’autre qu’une pauvre collégienne qui traîne avec les loosers pour se sentir exister.
Je vois une lueur de douleur traverser ses yeux, mais elle disparaît aussi vite qu’elle est apparue. Elle me fixe alors, implacable.
— T’as fini ? Tu crois que cracher ton venin te donne de l’importance ? Pauvre gosse. Mais après tout, qu’est-ce qu’on peut attendre d’un gamin sans père ?
Ses mots me frappent de plein fouet. Le genre de coup qu’on ne voit pas venir. Et qui laisse une cicatrice.
La brûlure de ses mots me fige sur place. Une chaleur glaciale monte en moi, mélange de colère et d’humiliation. Mon regard ne quitte pas le sien, mais je sens ma façade se fissurer.
— Répète ce que tu viens de dire, murmuré-je d’une voix basse, presque tremblante de rage.
Elle ne recule pas. Pire, elle avance d’un pas, réduisant la distance entre nous.
— Tu veux que je répète ? Très bien. Tu es un gamin sans père, Dylan. Et ça se voit. Tu passes ton temps à rabaisser les autres pour te sentir puissant, mais en vrai, tu n’es qu’un gamin perdu.
Chaque mot est une lame qui s’enfonce un peu plus. Mais je refuse de flancher devant elle.
— Tu crois que tu me connais, Marissa ? Tu ne sais rien. Rien de moi.
— Peut-être pas. Mais toi non plus, tu ne sais rien de moi. Alors arrête de jouer les grands seigneurs avec tes jugements à deux balles.
Sa voix tremble légèrement. Elle a beau jouer les fortes, je vois bien qu’elle n’est pas aussi sûre d’elle qu’elle le prétend.
— C’est ça, ton grand discours ? Tu te sens mieux maintenant ?
— Mieux que toi, c’est sûr.
Elle tourne les talons, prête à s’en aller pour de bon cette fois. Mais je ne peux pas la laisser partir comme ça. Pas après ce qu’elle vient de dire.
— Marissa !
Elle s'arrête net, les épaules raides, mais ne se retourne pas.
— Tu veux qu’on parle de toi ? Très bien. Je vais te dire ce que je vois : une fille insignifiante qui joue les fortes, mais qui crève de peur qu’on l’oublie.
Un silence. Puis, lentement, elle pivote sur ses talons, ses yeux glacials plantés dans les miens.
— Tu as fini ? demande-t-elle, une froideur tranchante dans la voix.
Son regard est une lame, et je sens une tension monter entre nous, électrique.
— Tu n’es qu’un pot de colle sans fierté, dis-je, m’efforçant de garder l’avantage. Tu n’as fait que me courir après, incapable de te détacher.
Je vois ses doigts trembler, une étincelle dangereuse dans ses prunelles. J’ai touché un point sensible, et une partie de moi s’en réjouit.
— Tu es pathétique, Dylan. Tu es la preuve vivante que la beauté peut être gâchée par une âme vide.
Ses mots claquent comme un fouet. Mon masque d’assurance se fissure, mais je ne montre rien. Elle s’avance d’un pas, me fixant avec une intensité troublante.
— Je t’aimais bien, Dylan. Mais ce soir, je renonce. T’aimer était une erreur. Une erreur que je ne referai jamais.
Je sens mon cœur se contracter, un poids invisible s’abattant sur ma poitrine. Ses paroles me touchent plus que je ne veux l’admettre. Pourtant, je m’efforce de ne pas vaciller, de rester le mur de glace qu’elle s’attend à voir.
— Tant mieux. Ça me fera des vacances, craché-je, une arrogance feinte dans la voix. Tu pourras aller harceler quelqu’un d’autre.
Je m’attends à une réplique cinglante, une explosion. Mais à ma grande surprise, elle se contente de tourner les talons. Aucune larme, aucun cri. Juste un départ, silencieux et implacable.
Je tends la main, pris d’un élan instinctif pour la retenir. Mais je m’arrête. Je la laisse partir.
Elle disparaît, et avec elle, une partie de ma certitude.
Je pousse un soupir et rentre finalement, le poids de ses mots s’infiltrant dans mon esprit. Une fois dans ma chambre, je me glisse dans la salle de bain, espérant que l’eau chaude chassera les regrets et le malaise.
Mais rien n’y fait. Même après m’être allongé sur mon lit, les mots de Marissa continuent de tourner en boucle.
« Un gamin sans père. »
Je serre les mâchoires. Ces mots, bien que cruels, sont terriblement vrais. Après le divorce de mes parents, ma mère m’a élevé seule tandis que mon père est parti avec mes frères. Elle a tout donné pour combler ce vide, mais un foyer sans figure paternelle reste incomplet.
Je sens une brûlure au fond de ma gorge, mais je refuse de laisser les larmes couler. Je ne peux pas. Je ne dois pas.
Dans un élan de frustration, je me lève et quitte ma chambre. Mes pas me mènent au salon, où le piano trône dans un coin près de la fenêtre. Je m’installe, les doigts frémissants, et laisse mes émotions s’exprimer à travers les touches.
Une mélodie douce et tourmentée s’élève, remplissant l’espace. Chaque note raconte une part de ma douleur, de mes doutes, de mes regrets.
Et de manière involontaire, son image vient s'infiltrer dans mon esprit comme une douce tourmente. Et pour la première fois, je regrette sincèrement de l'avoir blessé.
Le lendemain matin, après une nuit agitée, je me lève avec difficulté. Après une brève séance de révision de mes cours, je prends une douche rapide et descends pour le petit-déjeuner. À peine installé, ma mère me rejoint et s’assied près de moi.
— Mon chéri, as-tu bien dormi ? demande-t-elle avec douceur.
— Oui maman, et toi ? réponds-je machinalement.
— Bien, merci. Hier, on n’a pas eu l’occasion de discuter, tu dormais déjà quand je suis rentrée. J’espère que ta reprise des cours s’est bien passée.
— Ça va...
Je détourne le regard, peu désireux d’avoir une conversation sur mes études.
— Continue comme ça, tu as toujours été le meilleur, et je veux que ça reste ainsi, ajoute-t-elle avec un sourire plein d’espoir.
Je hoche distraitement la tête, l’écoutant à peine alors qu’elle enchaîne sur l’importance de briller en classe pour réussir dans la vie. Une fois le repas terminé, je prends mon sac et sors de la maison. En franchissant la barrière, je tombe nez à nez avec Marissa.
Pendant un court instant, nos regards se croisent. Je m’apprête à lui parler, mais elle se détourne brusquement et s’éloigne à grands pas.
Une part de moi veut la rattraper et m’excuser, mais mon orgueil me retient. Je décide de la laisser prendre de l’avance avant de me mettre en route.
∆ Quelques minutes plus tard, au collège
À mon arrivée, je croise mon ami Xavier en pleine discussion avec sa copine. Il interrompt sa conversation en me voyant et me salue avec enthousiasme.
— Ça dit quoi ? lance-t-il en me tendant la main.
— Tranquille, et toi ?
Je salue sa copine d’un geste poli. Elle répond avec un sourire avant de déposer un baiser sur la joue de Xavier et de partir. Mon ami la suit du regard, un sourire béat aux lèvres.
— Fais au moins semblant, gars, je te vois venir ! le taquiné-je en éclatant de rire.
— Ce n’est pas ma faute si toi, tu es célibataire, réplique-t-il, moqueur.
— Pff ! C’est ça ta riposte ?
Il me donne une tape sur l’épaule avant de changer de sujet.
— Sérieusement, c’est quoi l’histoire entre toi et Anaëlle ?
— Anaëlle ? répétai-je, perplexe.
— Oui, la miss de l’école. Elle pense que vous êtes ensemble ein.
Je fronce les sourcils, surpris.
— Sérieux ? Eh bien, elle est complètement à côté de la plaque.
Il éclate de rire, et je me joins à lui.
— Tu es un cas désespéré, gars. Une fille t’aime, repousse tous les autres pour toi, et toi, tu fais l’aveugle ?
— Elle ne m’intéresse pas, rétorqué-je avec détachement.
— Comment ça ?
Nous arrivons devant notre salle de classe. Je m’apprête à lui répondre, mais une scène attire mon attention et me coupe le souffle.
— J’aime pas les filles faciles, lâché-je froidement.
Xavier me dévisage, surpris par ma remarque. Il s’apprête à répliquer, mais ses yeux suivent les miens, et il comprend.
— On dirait que ton pot de colle a trouvé une nouvelle distraction, remarque-t-il avec un sourire en coin.
— Dis pas de conneries, je suis irremplaçable, rétorqué-je, irrité.
— D’accord, monsieur le mignon. Mais n’oublie pas que ce gars-là est aussi beau que toi. En plus, il est le petit-fils du patriarche Kameni Lionel.
Ces mots me crispent.
— Et alors ? On n’a pas besoin d’un nom pour briller.
Je hausse les épaules, feignant l’indifférence, et entre dans la classe. Assis à mon banc, mes yeux dérivent involontairement vers la fenêtre. Marissa est là, en train de discuter avec ce gars. Elle sourit, visiblement à l’aise, et il semble conquis.
— Quel imbécile, marmonné-je, incapable de détourner le regard.
Je tente de me convaincre que ça m’est égal. Elle fait ce qu’elle veut de sa vie, non ?
Un peu plus tard.
Le cours de français se déroule sans accroc, et à la fin, le professeur nous donne des devoirs. À peine sorti, je récupère mon livre d’anglais, mais une conversation entre Marissa et Yvan attire mon attention.
— Pour samedi, je serai là, dit-elle avec un sourire.
— Super, ça me fait plaisir, Marissa ! répond-il avec enthousiasme.
Je serre les poings. Qu’a-t-il prévu pour samedi ? Pourquoi accepte-t-elle ? Y a-t-il quelque chose entre eux ?
Ces questions me hantent pendant tout le cours d’anglais. Le professeur remarque mon manque d’attention et m’interroge sur une leçon. Je réponds, mais je commets une légère faute.
— Qui peut corriger ? demande-t-il en parcourant la classe du regard.
Le silence règne jusqu’à ce qu’il désigne Marissa.
— Mademoiselle Elong, allez-y.
Je soupire, persuadé qu’elle va se tromper, mais contre toute attente, elle répond avec brio et engage même une conversation fluide en anglais avec l’enseignant.
Je suis stupéfait. Marissa a changé. Qu’est-ce qui lui est arrivé ?
Ses efforts sont remarquables et l'enseignant ne manque pas de la féliciter. Je l'observe de tant à autre et reste troublé par sa nouvelle personnalité. À chaque instant, mes pensées dérivent vers elle chose inhabituelle.
À la pause, je traîne dans la cours avec Xavier, mais mes yeux cherchent malgré moi une silhouette familière.
— Eh gars, tu comptes me dire ce qui te tracasse ou je dois deviner ? lâche-t-il après un moment , un sourire moqueur sur les lèvres.
— Rien, je vais bien, répondis-je d’un ton plus sec que prévu.
— Bien sûr… Et c’est pour ça que tu scrutes la cour comme un détective. Si tu veux un conseil, arrête de jouer l’orgueilleux et va lui parler.
Je sais à qui il fait allusion mais décidé de l’ignorer et détourne la conversation plutôt
— Tu viens au terrain ce soir ? Il y a un match intéressant à voir.
— Et toi, tu vas vraiment réussir à te concentrer ? ricane-t-il.
Je ne relève pas, il continue à se moquer de moi et on finit par rejoindre les autres, mais même entouré de nos amis, je ne peux m’empêcher de chercher Marissa des yeux.
Après les cours, alors que je sors du bâtiment principal, je la vois. Elle marche seule, son sac sur l’épaule, l’air perdue dans ses pensées. C’est peut-être ma chance.
Je prends une grande inspiration et m’élance.
— Marissa, attends !
Elle s’arrête, mais ne se retourne pas.
— Je… je voulais te parler, dis-je, mal à l’aise.
Elle finit par pivoter, son regard neutre, presque froid.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Je tenais à te présenter mes excuses.
Elle arque un sourcil, incrédule.
— Ah oui ? Et à quel sujet ?
— Tu le sais bien.
Je n'ai pas envie d'étaler mes bêtises.
__ Dylan, si tu as fini ....je m'en vais !
__ Je..
__ À demain !
Elle se retourne et s'en va en me laissant planté dans la cour comme un idiot. Je n'arrive pas à croire qu'elle me fasse ça à moi. Suis-je en train de me ramollir ?