FIRST LOVE
Chapitre 1
Dylan ta grosse tête....
~ Marissa Elong ~
__ Abena Marie... deux sur vingt !
Les cris et les moqueries de mes camarades résonnent, et mon cœur bat plus vite. Je vois ma camarade se lever, honteuse, pour aller récupérer sa copie.
"Ehh, anti, moi j'aurais même combien Ohhh ?!"
Les maths, c'est ma bête noire. J'aurais voulu faire la A, mais mon père a refusé, trouvant que c'est une filière pour les faibles.
Me voilà dans ce mauvais pas maintenant. Je baisse la tête et attends mon tour. Le professeur annonce les huit sur dix, et mon cœur se détend... enfin presque.
__ Marissa Elong ! 8 et demi.
Je me lève rapidement pour aller chercher ma copie.
__ Tu as tué !
Me lance un camarade en se moquant. Je le fusille du regard. Dès que je m'assois, je déplie ma copie et la contemple tristement. Malgré les cours de révision, les maths restent ma bête noire. Après une introspection rapide, je reporte mon attention à la classe.
Juste au moment où le professeur commence à énumérer les meilleurs élèves.
Il liste les noms, et lorsqu'il ne reste plus qu'une copie, il se lève et se rapproche de mon voisin de rangée.
__ Monsieur Mukwelle, j'aimerais rencontrer vos parents cette semaine.
Stupéfaite, mon regard va de Dylan au professeur. Des questions s'entassent dans mon esprit.
__ D'accord, Monsieur.
Dit Dylan, un peu confus.
Le professeur lui remet sa copie sous les murmures et les regards inquisiteurs de nos camarades.
Quand il s'éloigne, je me penche vers Dylan.
__ Tu as eu combien ?
Il m'ignore. Ça m'énerve... Il est toujours comme ça avec moi. Il fait comme si je n'existais pas, comme si je n'étais rien. Pourtant, moi, je l'aime de tout mon cœur.
Dylan est beau, grand, avec de larges épaules, un teint chocolat, et des lèvres roses. Il a tout pour plaire, physiquement, et comme si ça ne suffisait pas, il est aussi extrêmement intelligent.
Depuis la classe de sixième, il est toujours sorti premier, avec des moyennes largement au-dessus des nôtres.
Avec toutes ces qualités, comment ne pas l’aimer ? Enfin bref.
Je me réajuste sur mon siège et fais l'effort de suivre le cours. À l'heure de la pause, je me dirige vers la cantine avec Victoire et Hilaire. Ce sont mes amis, les seuls que j’ai dans ce collège.
__ Dis, Marissa, tu penses que Dylan a eu une mauvaise note ?
Me demande Victoire, en fronçant les sourcils.
__ Je l’ignore, mais ça m’étonnerait. Il est le meilleur de notre classe et...
Hilaire m'interrompt.
__ Tu fatigues avec Monsieur Parfait.
__ Tu es juste jaloux de lui, ajoute Victoire pour soutenir mes dires.
__ N'importe quoi, il a quoi d'extra ?
Demande Hilaire, en faisant la moue.
__ Pardon, la beauté l'appelle papa. Même s'il ne réussit pas à l'école demain, il peut toujours devenir mannequin ou acteur, ou influenceur. Toi, là, tu as intérêt à bosser dur.
Je fais semblant de l'attaquer, mais il me fusille du regard et s'en va. Dès qu'il disparaît, Victoire et moi éclatons de rire.
__ Le pauvre... tu ne l'as pas raté.
Dit-elle, continuant de rire, mais moi, je m’arrête car mon regard est déjà attiré par un coin de la cantine. Victoire, voyant cela, suit mon regard.
__ La garce, elle a quoi à lui roder autour comme ça ?!
Sous mes yeux se dresse la miss parfaite de l'école, ma pire ennemie. Mengue Anaëlle. Elle est tout mon opposé : meilleure en classe, jolie, et très éloquente. Depuis la classe de troisième, je la vois rôder autour de Dylan. Elle le drague, et lui, il ne dit pas non, mais ne rejette pas non plus ses cadeaux et son attention.
Furieuse, je m'approche d’eux pour la renvoyer balader.
__ Dylan, je t'ai pris une bouteille de jus.
Je pose la bouteille sur sa table, mais il la repousse.
__ Je ne t’ai rien demandé.
Mon ego prend un coup. Anaëlle se moque de moi, et Victoire me prend en pitié.
__ D'accord.
Je récupère ma bouteille et tourne les talons. Je m’assois près de la fenêtre avec mon amie, le visage triste.
__ Pourquoi tu passes ton temps à lui courir après ?
__ Je ne lui cours pas après, qu'est-ce que tu racontes ?!
__ Ma pauvre Marissa, tout le collège sait que tu as le béguin pour Dylan. Tout le monde se moque de toi et te prend en pitié, parce qu'il ne te prête pas attention. Combien de fois t’a-t-il fait balader ?
J’ai mal à l’écoute de ses mots.
__ Il n'est peut-être pas encore amoureux de moi, mais ça viendra.
__ Ok, si tu le dis.
Dit-elle, en soupirant.
__ Tu parles comme si tu n’étais pas dans la même situation que moi. J’ai bien vu la façon dont tu regardes Monsieur Mba.
Elle pose sa main sur ma bouche aussitôt.
__ Prends le micro une fois. Elle roule des yeux. __ C’est quoi ton problème à la fin ?!
__ Tu l’aimes, et je le sais. C’est mal, mais tu l’aimes. Il est plus vieux que toi, mais tu l’aimes quand même. Tu espères qu’un jour il va te remarquer. Tu vois, nous sommes dans la même situation, alors arrête de me décourager et laisse-moi rêver.
__ Ok, la grande rêveuse. J’espère juste que ton réveil ne sera pas brutal.
__ Tsuipssss.
Je l’ignore et commande à manger. Elle ne peut pas comprendre. En plus d’être mon camarade de classe, Dylan est mon voisin. Nous avons grandi ensemble, et nos familles se connaissent bien.
Mes parents me laissent souvent chez eux quand ils partent en déplacement, et vice versa. C’est ainsi que j’ai appris à le connaître, à découvrir qui il est vraiment, Dylan.
Pas celui qu’il montre à l’extérieur. Et sans le vouloir, les sentiments sont nés. Je l’aime, et je suis prête à attendre, même si ça doit prendre des années. Au fond de moi, je sais qu’il m’aimera un jour.
***
Quand les cours s'achèvent, je récupère mon sac et sors pour attendre Dylan. Dès que je l’aperçois, je m’approche de lui, un peu timide.
— On rentre ensemble ?
— On est d'abord venus ensemble ?
Ses amis qui sont près de lui éclatent de rire. Ça me brise le cœur, mais je prends sur moi et fais comme si je n’avais rien entendu. Je m’apprête à lui poser une autre question, lorsque Victoire surgit de nulle part et me tire par le bras.
— On y va !
— Mais….
— Sans discuter.
Elle lance un regard vers les amis de Dylan.
— C’est mieux, amène ta copine sangsue loin de notre ami.
L’un de ses amis dit ça, et je sens la colère monter en moi. Je soulève le poing prête à lui lancer une réplique cinglante, mais Victoire me tire rapidement loin d’eux.
— Tu es incorrigible...
— Quoi ? Qu’est-ce que j’ai fait ?
— Marissa, l’année vient tout juste de commencer. S’il-te-plaît, concentre-toi sur tes cours, c’est le plus important.
Je sais bien qu’elle a raison, mais je n’arrive pas à me défaire de mes pensées. Nous cheminons ensemble et, quand j’arrive devant le domicile de mes parents, je lui dis au revoir et rentre. À cette heure-là, la maison est calme. Mes parents ne sont pas encore rentrés, et en tant que fille unique, je m’ennuie parfois.
Au lieu de regarder la télé ou de faire mes devoirs, je me mets à penser à Dylan. À notre futur. Je me crée des scénarios dans ma tête et souris toute seule jusqu’à ce que le sommeil m’emporte.
Le lendemain, je me réveille à cinq heures moins le quart. Je file à la cuisine pour préparer mon casse-croûte, et je profite pour en faire un aussi pour Dylan. En pleine cuisson, la porte de la cuisine s’ouvre, et ma mère entre.
— Bonjour, ma fille.
— Bonjour, maman, réponds-je en souriant.
— Tu es bien matinale ce matin, ça me surprend.
Je gratte ma tête en baissant les yeux.
— Je me suis couchée tôt hier.
— J’ai vu ça, j’espère que tu as quand même eu le temps de faire tes devoirs.
— Oui, bien sûr…
Ça, c’est un mensonge. Je compte arriver à l’école pour les faire avant le début des cours.
— Tant mieux. Je veux que tu travailles bien cette année. Si tu as de bonnes notes, tu auras une surprise.
Mes yeux brillent à cette idée.
— C’est vrai ?
— Oui. Est-ce que je t’ai déjà menti un jour ?
Je secoue la tête.
— Voilà, donc je compte sur toi.
— D’accord, maman.
Elle sort peu après, et je me remets en cuisine avec le sourire aux lèvres.
---
Une heure plus tard, j’arrive en classe avant Dylan et dépose le paquet sur sa place.
— Qu’est-ce que c’est ? me questionne une camarade.
— C’est quoi ton problème au juste ?
Je sors les griffes, et elle s’éloigne. Tant mieux pour elle. Quelques minutes après, Dylan arrive. Je le dévisage. Il est beau… aïe, mama Sarah. Il avance en tenant son sac et salue des camarades. Quand il arrive devant son banc, il est surpris de voir le paquet.
Il interroge son voisin, mais je réponds à sa place :
— C’est pour toi ! Je l’ai fait spécialement pour toi ce matin. Je me suis levée très tôt.
Il fronce les sourcils et, ensuite, lance une remarque désagréable :
— Tu devrais utiliser ton temps pour étudier.
— Je sais, mais je… voulais te faire plaisir.
Il ne répond pas et tend le paquet à une fille au hasard. Mon cœur se brise. Mes larmes menacent de couler, mais je prends sur moi. J’observe ma camarade pendant qu’elle déballe le paquet que j’ai soigneusement préparé pour lui, retenant mon souffle.
En pleine contemplation, Victoire arrive au même moment que Hilaire.
— Ça va ?
Je n’ose pas leur répondre. Au lieu de ça, je me remets à faire mes devoirs, en essayant de me concentrer du mieux que je peux. Vingt minutes plus tard, les cours commencent. Notre professeur de Sciences Naturelles entre, et elle dispense son cours, posant ensuite des questions. Mais je ne l’écoute pas. Comme si elle avait remarqué mon absence, elle me pose une question et me demande d’aller au tableau. Je cherche de l'aide vers Victoire qui pointe une image, et je déduis directement la réponse.
Grâce à son aide, je parviens à m’en sortir. Quand je retourne à ma place, la prof me demande d’être plus attentive en classe. J’acquiesce et reprends place.
À l’heure de la pause, je fouille Dylan du regard et me précipite pour le rejoindre.
— Pourquoi tu as fait ça ?
Il me fixe, comme s’il n’avait pas compris ma question.
— Fais quoi ?
— Pourquoi tu lui as donné le paquet ?! Pourquoi tu fais ça !
Je suis furieuse et je me lâche sur lui, attirant les regards sans le vouloir.
— Je ne t’ai rien demandé, donc je n’ai pas de compte à te rendre.
Furieuse, je lui donne un coup, mais il l’esquive. Je perds l’équilibre et tombe sur la surface dure du sol, comme une idiote… La honte. Nos camarades se moquent de moi, et lui ne fait rien pour m’aider. Ma tenue, jadis blanche, est sale et poussiéreuse.
Hilaire, qui a assisté à la scène, court et vient à mon secours.
— Ça va ?
Il me tend la main, et je me relève.
— Merci.
— Ce n’est rien.
Il se tourne ensuite vers Dylan et le fusille du regard.
— Tu es un idiot, tu sais ? Un jour, tu vas regretter tes actes.
Dylan se met à rire et s’en va avec ses amis. Mon cœur se brise. Je cours me cacher dans les toilettes. Je pleure, laissant toutes les larmes de mon corps s’échapper. J’évite les cours suivants car j’ai trop honte pour me montrer à nouveau devant nos camarades.
Quand la sonnerie de la fin des cours résonne enfin, je sors de ma cachette et tombe sur Victoire. Elle tient mon sac à main d’un bras et le sien de l’autre.
— Comment….
Elle se tait en voyant mes yeux rouges à cause des larmes.
— Tiens !
Elle sort des lunettes de soleil de son sac et me les tend.
— Avec ça, personne ne saura que tu as pleuré.
— Merci.
Je me sens chanceuse de l’avoir. Grâce à elle, je quitte l’école rapidement et prends une moto pour rentrer chez mes parents.
