Culture et identité : un patrimoine en danger
Réflexions introspectives
▎Culture et identité : un patrimoine en danger
La mondialisation, avec son flot incessant d'influences étrangères, menace de façon insidieuse la culture locale et les traditions au Cameroun. Ce phénomène, souvent perçu comme une opportunité de développement, se révèle être un véritable fléau pour l'identité culturelle.
Les jeunes générations, attirées par les modes de vie occidentaux, abandonnent peu à peu leurs pratiques traditionnelles. Par exemple, la danse traditionnelle "Ngoma", autrefois célébrée lors des rites de passage, est remplacée par des danses de clubs importées. Un ancien du village déclare : « Nous avons perdu notre essence. La musique d'ici ne résonne plus dans le cœur des jeunes. »
La langue, pilier de l'identité, est également en péril. Les enfants privilégient l'anglais et le français au détriment des langues locales comme le Bulu ou le Douala. Une enseignante s'inquiète : « Dans quelques années, nos langues disparaîtront. Comment transmettre notre histoire si nous ne parlons plus nos mots ? » Cette perte linguistique n'est pas qu'une question de mots ; elle entraîne une déconnexion avec les récits et les valeurs qui ont forgé la communauté.
Les pratiques artisanales, autrefois florissantes, sont également menacées. Les artisans peinent à vendre leurs créations face à l'invasion des produits manufacturés venus de l'étranger. Un potier explique : « Mes œuvres sont uniques, mais personne ne les achète. Les gens préfèrent les objets en plastique, sans âme. » Ce déclin de l'artisanat ne touche pas seulement les artisans ; il fragilise toute une économie locale.
Les traditions culinaires subissent également cette pression. Les fast-foods prolifèrent dans les villes, reléguant les plats traditionnels au second plan. Une mère de famille se souvient : « Mes enfants ne veulent plus manger le ndolé. Ils préfèrent les hamburgers. » Cette évolution des goûts alimentaires modifie non seulement les habitudes, mais aussi les liens familiaux qui se tissaient autour des repas traditionnels.
Enfin, la mondialisation impose une vision uniforme du monde, étouffant la diversité culturelle. Les festivals locaux, jadis célébrations vibrantes de l'identité camerounaise, sont souvent éclipsés par des événements sponsorisés par des multinationales. Un organisateur de festival constate : « Nous avons perdu notre authenticité. Les sponsors dictent ce que nous devrions célébrer. »
En somme, la mondialisation menace le patrimoine culturel camerounais à tous les niveaux. Les voix s'élèvent pour dénoncer cette érosion silencieuse de l'identité. Si rien n'est fait pour préserver ces richesses culturelles, le Cameroun risque de devenir un territoire où l'authenticité est remplacée par une imitation vide de sens.
Jean baptiste wejimeyi Réflexions introspectives