Society

Kribi: Un appel à la justice et à la responsabilité sociale.

Oct 18, 2024 - 4 Minutes

Alors que le Port Autonome de Kribi poursuit son expansion en tant qu’infrastructure clé pour le commerce international, les communautés riveraines continuent de subir une marginalisation systématique. Des milliers de personnes, dont les moyens de subsistance dépendaient de l'accès à leurs terres et à leurs ressources naturelles, cédées pour la construction de ce projet sont aujourd'hui exclues des bénéfices économiques générés par celui-ci.

Les populations locales sont confrontées à un paradoxe intrigant : bien qu'elles vivent à proximité de l'un des plus grands ports d'Afrique centrale, elles demeurent dans une pauvreté persistante. Pire encore, elles sont régulièrement utilisées pour des activités de divertissement comme le Championnat de football du Port Autonome, qui masque des injustices économiques profondes sous un voile de festivités.

Le concept de responsabilité sociale des entreprises (RSE), tel que défini par Carroll (1991), exige que les entreprises aillent au-delà de la simple création de profit et qu’elles s'engagent envers les communautés où elles opèrent, en contribuant au développement social et environnemental . Pourtant, les entreprises présentes à Kribi et particulièrement dans la zone industrielle, y compris de grandes multinationales, ont échoué à répondre à cette obligation morale et économique. Les efforts des chefs traditionnels pour instaurer un dialogue avec ces acteurs économiques ont été systématiquement ignorés, perpétuant une dynamique d’exclusion et de mépris pour les droits des populations locales.

Les évenements, comme le Championnat de football du Port Autonome, sont utilisées pour distraire les communautés des véritables enjeux. Neil Postman, dans son ouvrage "Amusing Ourselves to Death" (1985), a bien démontré comment les activités de divertissement peuvent être instrumentalisées pour détourner l'attention des inégalités et des oppressions en cours. Cette situation rappelle tristement les anciennes formes de domination où les maîtres, pour distraire la masse, organisaient des spectacles au détriment des plus vulnérables. Aujourd'hui, ces spectacles ont simplement pris de nouvelles formes, mais l'objectif reste le même : occuper l’esprit des communautés tout en retardant leur émancipation socio-économique.

Le développement que promet l’expansion du port ne profite pas aux populations riveraines jusque-là. Paul Collier (2007) souligne que les régions riches en ressources, mais mal gouvernées, tendent à voir leurs populations locales marginalisées alors même que des richesses colossales sont extraites de leur sol . Cela est manifestement le cas à Kribi, où les populations locales sont déconnectées des opportunités d'emploi et économiques. En conséquence, elles sont piégées dans un cycle de pauvreté, alors que les industries prospèrent à leurs portes.

Il est temps que ces communautés reprennent leur destin en main. Comme l’a écrit Amartya Sen dans "Development as Freedom" (1999), le développement véritable ne peut être atteint sans que les personnes concernées jouissent de leur liberté, et cette liberté passe par le contrôle de leur propre avenir . Les activités de divertissement sponsorisées par les entreprises ne doivent plus être acceptées comme des compensations suffisantes face à l’injustice quotidienne que subissent les populations locales. Les membres des ces communauté doivent se lever comme un seul homme pour manifester leur mécontenement.

Etant à l'aube de la prochaine élection présidentielle au Cameroun, il vaut mieux pour ces communautés de voter pour tout sauf pour ceux qui les maintiennent dans un état de servitude et de misère depuis des décénies. Peu importe si ça change ou pas les gouvernants; mais il est préferable de vivre des injustices avec des gens qu'on a pas voté que le contraire.

Les entreprises opérant au Port Autonome de Kribi, ainsi que les autorités locales, doivent immédiatement prendre des mesures pour garantir une véritable intégration des communautés locales dans le processus de développement économique. Cela inclut :

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L'accès à des emplois décents et à des formations professionnelles pour les jeunes des communautés riveraines.

La mise en place d'une plateforme de dialogue efficace entre les entreprises, les autorités et les chefs traditionnels.

Ceci est un énième appel au gouvernement et aux dirigeants de ces entreprises pour qu'ils interviennent et assurent que la justice sociale soit respectée à Kribi. Les communautés riveraines doivent être considérées non seulement comme des parties prenantes légitimes, mais aussi comme des acteurs essentiels du développement économique et social de la région.

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Références :

1. Carroll, A. B. (1991). The Pyramid of Corporate Social Responsibility: Toward the Moral Management of Organizational Stakeholders. Business Horizons, 34(4), 39-48.

2. Postman, N. (1985). Amusing Ourselves to Death: Public Discourse in the Age of Show Business. Penguin Books.

3. Collier, P. (2007). The Bottom Billion: Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It. Oxford University Press.

4. Sen, A. (1999). Development as Freedom. Oxford University Press.

5.https://www.pak.cm/fr/content/phase-2-le-port-de-kribi-franchit-une-nouvelle-%C3%A9tape-vers-son-expansion-avec-l%E2%80%99arriv%C3%A9e-de#:~:text=Le%2012%20septembre%202024%2C%20le,portiques%20de%20parc%20(RTG).

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