Mais où est donc passé le président Paul Biya ?

Depuis quelques jours, une rumeur persistante se propage sur la toile, et qui annoncerait l’improbable disparition du président Paul Biya.
J’ai dit improbable ? Disons plutôt la non-vérifiée et surtout la non certifiée indisponibilité du chef de l’Etat.
Pourtant à un certain âge, on a une certaine santé. Je dirai même des maladies certaines. Alors ce n’est pas faire injure à notre patriarche national, que de spéculer sur son état de forme. Ce qui est plutôt condamnable, ce sont ces annonces farfelues de deuil national, de vacance à la tête de l’Etat et que sais-je encore...

Paul Biya ! Voilà bientôt 31 jours qu’il s’est rendu hors de notre territoire, et la Constitution lui accorde quarante jours comme délai d’exil maximal. Donc pour ceux qui se poseraient des questions sur les capacités physiques de notre nkukuma, je vous garantis que nous serons très rapidement fixés. Par contre, on peut tout de même s’interroger sur cette absence prolongée, sur ces absences prolongées en réalité, puisque Paul Biya est assez coutumier du fait. On se demanderait bien ce qu’il trouverait de si spécial en Hexagone ou en Helvétie, qu’on ne pourrait pas retrouver —ou fabriquer nous-mêmes— ici sur notre territoire.
On veut bien savoir si nos parcs d’attraction ne sont pas aussi attractifs, nos plages aussi plaisantes et nos hôtels aussi reposants, que ceux qui ont été construits loin là-bas dans ces autres pays. Et surtout, on aimerait bien savoir : si nos hôpitaux « de référence » sont aussi performants que le gouvernement le proclame, pourquoi aucun membre de ce même gouvernement (y compris son président) n’y va jamais, ne serait-ce que pour se faire ausculter ou consulter ?

L’absence prolongée de notre chef de l’Etat pose problème. C’est d’ailleurs pour cela que les membres du gouvernement ont pondu des communiqués en masse, mardi dernier, pour nous rassurer que le chef de l’Etat se portait très bien. Certains ont même parlé d’un homme en super forme, et moi je me demande si on peut réellement parler de « super forme » à cet âge canonique de quatre-vingt-onze ans et demi...

Le tabou que les gens veulent entretenir sur la longévité de monsieur Paul Biya, est un tabou qui finira inévitablement par tomber. Car aussi solide soit notre président, il n’en devient pas pour autant un immortel. La question de sa succession devra inéluctablement se poser un jour, qu’il démissionne de son perchoir de président de la République (il n’est pas interdit de rêver) ou alors que la nature le rappelle à ses ancêtres.
On est juste un peu choqués, que dis-je, vexés, qu’il ne se soit pas désigné de dauphin de façon officielle, depuis déjà quarante-deux ans qu’il gouverne. Son remplaçant constitutionnel est un grabataire qui n’arrive même pas à mettre un pied devant l’autre, et tous ceux qui ont essayé de viser son strapontin et qui appartenaient au RDPC, ont presque tous fini derrière les barreaux...

Alors Paul Biya, disparu ou pas ? Une chose est certaine, c’est que même s’il est effectivement vivant et même s’il se trouve en « super forme olympique » comme ils disent, toujours est-il que notre président demeure introuvable. Il ne se montre pas, il n’assiste pas aux évènements publics, il ne communique pas et il ne laisse pourtant entrevoir aucune espèce de signe de retrait politique.
Paul Biya avait déjà utilisé cette stratégie de communication en 2004, lorsqu’on l’avait annoncé pour mort. Le bon monsieur était réapparu tout fringant sur le sol de l’aéroport de Nsimalen, et il nous avait donné rendez-vous dans une vingtaine d’années.
Etait-ce une annonce prémonitoire, puisque nous sommes en 2024 ? Nous le saurons très rapidement dans moins d’une dizaine de jours au maximum...

Ecclésiaste Deudjui
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