The Bridge : la pathétique interview de Samuel Eto’o

Je viens de réécouter pour une énième fois, l’interview que Samuel Eto’o a accordée à Aurélien Tchouameni, dans le cadre de l’épisode 3 de la saison 1 de l’émission The Bridge...
Déjà, il faut rappeler que Samuel Eto’o n’était pas le seul invité, même si c’est l’impression qui en est ressortie. Il y avait aussi le boxeur franco-camerounais Cédric Ndoumbè, et l’humoriste franco-maghrébin Redouane. Sans oublier le portier Mike Maignan qui les rejoindra à trente minutes de la fin de l’interview.
Je me répète, cette émission est pathétique ! Pour Samuel Eto’o, bien sûr, et sur plusieurs plans. J’ai presque eu de la peine en l’écoutant, tellement il a voulu centrer les échanges sur ses « exploits légendaires » et sur son passé irreproductible.
Il faut comprendre que l’actuel locataire de Tsinga était avec des invités plus jeunes que lui. Le présentateur —et producteur— de cette émission s’appelle Aurélien Tchouameni, un joueur du Real Madrid qui vient de remporter la Champions league. Cédric Ndoumbè est champion mondial de sa catégorie en arts martiaux, et Mike Maignan est le gardien indiscutable de l’équipe de France de football.
Devant un tel parterre, ce n’est pas facile d’exister même lorsqu’on s’appelle Samuel Eto’o. Voilà certainement pourquoi il a constamment essayé de monopoliser la parole, de toujours vouloir tout ramener à sa propre personne, et d’inlassablement vouloir re-raconter sa propre carrière...
C’était pathétique ! De voir un actuel dirigeant, qui ne parle que de son passé de footballeur. C’était barbant d’entendre un individu toujours nous rappeler qu’il a été le meilleur, et vouloir toujours donner des leçons à la mentalité africaine.
Lui, Samuel Eto’o, aurait fait assoir Leonardo, Rigobert Song ou encore son compère Ronaldinho, lors de certaines rencontres décisives. Et cela m’a fait marrer quand j’ai entendu son anecdote sur son triplé en une mi-temps avec l’Inter Milan, puisque c’est une histoire irréelle. Ça m’a bien fait sourire quand il a raconté qu’il a secoué Ronaldinho, et qu’il a rassuré le vestiaire du grand Barça lors d’une finale de Champions league, pour leur dire que « Mais réveillez-vous ! De quoi avez-vous peur, puisque je suis encore là ? »
Tout dans le messianisme. Tout dans la personnification. Tout dans l’auto-glorification. Tout dans l’égocentrisme.
Samuel Eto’o, au lieu de mettre la lumière sur ses jeunes co-panélistes qui sont en plein dans leur carrière, a plutôt voulu leur rappeler que « Le Cameroun avait les moyens de remporter la Coupe du monde 2002 », et pourtant nous en étions sortis... au premier tour !
Le même homme justifie son non-transfert au Real Madrid, par la « mauvaise » politique sportive des galactiques. Et puis d’esquiver la question en parlant plutôt de son entente avec ses coéquipiers du FC Barcelone, alors que ça se voit bien qu’il aurait aimé retourner dans l’antre de Santiago Bernabeu...

Pire, monsieur Eto’o dit qu’il ne touche pas de salaire à la Fécafoot, car « il n’en a pas besoin » (sic)
Donc avec tous les milliardaires du monde qui ont encore besoin d’argent, il serait le seul ancien footballeur qui serait suffisamment plein aux as, au point de « sortir l’argent de sa poche » pour financer certains projets de la fédération ? Même Aurélien Tchouameni a vraiment eu du mal à croire à ces ratiocinations.
Et puis, le président de la Fécafoot a tenté d’inviter ses co-discutants à venir investir au Cameroun ; notamment dans des projets scolaires. Il leur a même suggéré du fifty-fifty. Et moi de lui demander : « Samuel, après toutes ces années de carrière, il a fallu que tu attendes Aurélien Tchouameni pour te souvenir que tu pouvais penser à créer des écoles au Cameroun ? Ou alors cette idée t’est subitement apparue après les brillantissimes projets réalisés par ton cadet Kylian Mbappè ? »
Une interview nulle, donc. Une intervention indiscutablement pathétique. Samuel Eto’o nous apparaît comme un has been, comme un footballeur totalement démodé qui est toujours persuadé qu’il est le centre du monde, et qui a du mal à laisser la place à la génération suivante.
J’ai vraiment eu du mal pour lui, et je vous l’avoue. On y voit un homme qui n’a pas encore fait la transition, et qui a perpétuellement besoin d’une certaine forme de reconnaissance. D’ailleurs je passe outre certaines incohérences narratives, et je lui accorde le bénéfice de la mémoire qui devient défaillante.
Mais une chose est claire, The Bridge n’aura pas du tout été le meilleur pont pour notre « légende » Samuel Eto’o Fils...
Ecclésiaste Deudjui
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Article publié sur wutsi.com/@/clesh7