Le secret de mon mari
Suzanne et Anthony...
Le mariage est-il pour la vie ?
~ Un mois plus tard ~
••• Mairie de Douala 5e
Le maire: .... Je vous déclare solennellement et devant toute cette assemblée unis par les liens du mariage. Mr Bidias, vous pouvez embrasser la mariée.
Anthony se penche et saisit mes lèvres de manière brève. Je ferme les yeux et ouvre les lèvres légèrement pour procéder comme je l'ai vu tant de fois dans les films mais à peine il a déposé ses lèvres qu'il les a déjà retiré. Surprise, j'ouvre les yeux directement et constate qu'il s'est déjà retourné pour saluer les invités.
[ Douche froide.....]
Je croise le regard de ma soeur au même instant, elle affiche un faible sourire que je reconnais sans difficulté. Une moquerie sans camouflage.
Je prends sur moi, ma mère m'a dit que peu importe ce qui se passe aujourd'hui, je dois sourire. C'est le plus beau jour de ma vie. Tout le monde voudra me filmer, il ne faudrait pas que j'apparaisse sur une photo comme kongana.
C'est ainsi que je me mets à sourire comme une idiote même si je suis un peu triste au fond de moi. Quand nous quittons la mairie, nous suivons le protocole et prenons des photos avec la famille. Ça nous bouffe pratiquement une heure de temps. Je suis épuisée et mes orteils sont douloureux faute à la paire d'escarpins que j'ai opté pour l'occasion.
Plus tard, lorsque nous regagnons notre véhicule en direction du domicile de mes parents pour le vin d'honneur, je ne peux m'empêcher de l'interroger.
Moi: Mon chéri, dis-moi un truc...
Anthony: Je t'écoute !
Moi: Depuis qu'on est ensemble, tu ne m'as jamais embrassé. À chaque fois tu prenais comme prétexte que tu attendais qu'on soit marié et là maintenant tu l'as fait comme si j'avais la mauvaise haleine. Je n'ai rien compris et sans te mentir, je n'ai pas apprécié cela.
Il ne réagit pas de suite et son silence me dérange.
Moi: Quel est le problème ?
Anthony: Tu sais que c'est notre mariage aujourd'hui ?
Moi: Pourquoi tu esquives ma question ?
Anthony : Calme-toi s'il-te-plait, tu t'attardes sur ce qui n'est pas important.
Moi: Okay !
J'ai mal. Je serre le cœur et remue ma langue dans ma bouche pour éviter de lui balancer des propos blessants.
Bien après, on arrive à la maison. On nous accueille avec joie. Je fais l'effort de prendre sur moi. D'oublier cette scène. On prend place et la fête se poursuit. Je souris à chaque fois et dès que j'ai l'occasion, je porte mon regard sur mon époux. Il est distrait , ne semble vraiment pas comme d'habitude.
Moi: Tu peux faire l'effort de sourire au moins ?
Je lui souffle cela à l'oreille, il ne dit rien. M'ignore et manipule son portable. Cette situation m'exaspère, au bout d'une dizaine de minutes, je me lève et me dirige vers ma soeur.
Moi: On peut causer ?
Rita: D'accord.
Je sais que je ne devrais pas, c'est un jour spécial. J'ai essayé mais là c'est de trop. J'ai besoin de comprendre ce qui se passe. Elle a plus d'expérience que moi dans ce domaine du coup, ses conseils seront les bienvenus.
On s'éloigne dans sa chambre, loin des regards.
Rita: Dis-moi, qu'est-ce qu'il y'a ??
Moi: Anthony...
J'ai mal rien qu'en prononçant son prénom.
Rita: Qu'est-ce qu'il a fait !?
Moi: Tu n'as rien remarqué de bizarre ?
Elle réfléchit, je suis sur les nerfs et lâche tout.
Moi: Il est distrait, il ne sourit pas , il est là comme si je l'avais seulement forcé. Je ne comprends rien.
Rita: Hum, c'est vraiment étrange tout ça !
Moi: Je veux savoir ce qui ne va pas. Je ne l'ai jamais vu ainsi.
Rita: Il est peut-être stressé, tu sais chacun a sa façon de gérer le stress.
Moi: Espérons que ça soit ça !
Je suis anxieuse, la joie que j'éprouvais au départ a complètement disparu. Elle le constate et essaie de me faire sourire.
Moi: Je ne veux pas qu'il change avec moi.
Je sens les larmes monter et je les refoule au même instant.
Rita: Ehhh, c'est comment ? Ne fais plus cette tête. Anthony est un homme bien, il nous l'a prouvé. Tu penses que s'il n'était pas sérieux il allait accepter de te doter à six millions ? S'il-te-plaît, ne tiens pas cela en considération.
Je l'écoute en essayant de croire, d'accepter que ses paroles soient vraies mais vous savez, en tant que femme on a toujours ce petit sentiment, comme un signal d'alerte qui nous rappelle à chaque fois qu'on doit être sur nos gardes quand il y'a un problème. Le mien s'est activé et depuis cet instant je ne parviens plus à éprouver de la quiétude.
**
Je suis debout, perdue dans mes pensés. Elle me tire et me tend un mouchoir.
Rita: Essuie tes larmes, c'est ton jour ma soeur. Si tes cousines constatent que tu as pleuré les commérages vont commencer. Tu veux leur donner raison ?
Moi: Tu as raison !
Elle se lève et me prend dans ses bras.
Rita: Ne t'inquiète pas, tu seras heureuse dans ton foyer. Tu le mérites car tu es une très belle personne.
Moi: Merci ma soeur.
Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans elle. Même si on se dispute fréquemment, mon amour pour elle est incontestable. Lorsque je parviens à me calmer, nous retournons auprès des autres. Ma mère nous aperçoit en premier, elle nous questionne du regard. Rita lui donne une explication comme quoi j'avais un souci avec ma robe.
Maman : Ne mange pas beaucoup s'il-te-plait et fais attention à ne pas te salir.
Je souris, un vrai cette fois-ci . La seconde qui suit, je la serre dans mes bras.
Moi : Je t'adore maman !
Elle sourit et se moque de moi.
Maman: Tu es déjà une Femme, comporte toi comme tel désormais.
Je hoche la tête et m'en vais rejoindre mon époux. Quand je prends place, il se lève et va accueillir son meilleur ami et sa copine. Je les observe au loin , il semble changé. Il sourit , son visage est plus détendu. Je me pose des questions, réfléchis mais me souviens des propos de ma soeur l'instant d'après.
Je ne dois rien laisser gâcher ma journée, aujourd'hui c'est mon jour.
*
Arthur : Félicitations Madame Bidias !!!
Moi: Merci .
Sa copine me félicite à son tour et je répond poliment. Par la suite, ils prennent place juste à côté de nous et de temps en temps mon époux échange avec lui. En fait il discute plus avec lui qu'avec moi. Je ne veux pas faire de ça un problème. J'accepte en douceur en me rappelant toujours que c'est mon jour, je dois sourire même si mon coeur saigne.
***
~ Des heures plus tard ~
La soirée de notre mariage s'est bien passée. Anthony s'est rattrapé, il m'a fait un discours qui a failli m'arracher les larmes et sa surprise était encore plus exceptionnelle. Un voyage à Paris pour deux semaines afin de savourer pleinement notre lune de miel.
J'étais aux anges, j'ai retrouvé le sourire et pendant notre moment, je me suis donnée sans réserve. C'était mon mari, je devais le serrer fort comme me disait ma soeur. Je l'embrassais, il répondait à mon baiser. C'était différent, je me suis dit qu'il était peut-être stressé la première fois.
Après la remise des cadeaux, nous avons quitté la soirée pour prendre la direction de notre chambre d'hôtel. J'étais prête à découvrir mon époux, en fait c'était notre première fois à tous les deux. J'ai idéalisé la scène dans mon esprit en me rappelant les conseils que m'avait donné ma soeur.
Dès que le véhicule s'est arrêté devant notre hôtel, il a ouvert la portière et a fait le tour pour venir m'ouvrir. J'ai apprécié son geste.
Moi: Merci bébé !
Je lui ai tendu la main, il m'a aidé à descendre. Dès que cela a été fait, il s'est rapproché de moi et m'a fait part d'une information qui ne m'a pas du tout plu.
Anthony : Avance toi , j'arrive !
Moi: Où est-ce que tu pars à cette heure ?
Anthony: J'ai une urgence à régler.
Moi: Le jour de notre mariage ?
Il n'a pas répondu et a plutôt fermé la portière du véhicule. Il l'a contourné à nouveau et a pris place à l'intérieur. Je l'ai regardé faire d'un air ahuri. J'avais l'impression d'halluciner.
Mon époux me lâche le jour de notre mariage, au moment où ça devient vraiment intéressant pour aller gérer une urgence. Quel genre d'urgence même ?
J'étais nerveuse, sans réfléchir j'ai sorti mon portable de ma pochette pour appeler son meilleur ami. Dès que la connexion s'est établie, j'ai enchaîné. Je lui ai posé des questions mais avec les bruits qu'il y'avait autour de lui, il avait du mal à m'entendre.
Irritée, j'ai raccroché pour regagner notre chambre d'hôtel. Je me suis déshabillée avec rage , la colère que j'éprouvais à cet instant précis était si forte que je pouvais tout casser autour de moi. J'étais déboussolée. Lasse de toutes ces choses que je ne parvenais pas à contrôler.
J'ai regretté un moment de m'être mariée si c'était pour finir ainsi. Si le premier jour de mon mariage commençait avec les larmes, comment serait la suite ? Pendant que je me lamentais sur mon sort, j'ai entendu des coups sur ma porte. Je me suis levée en précipitation et j'ai lancé un peignoir sur moi avant d'ouvrir.
Dès que je l'ai fait j'ai été surprise de tomber sur Arthur.
Moi: Qu'est-ce que tu fais là ?
Honnêtement, je ne l'attendais pas.
Arthur : Je peux entrer ?
Moi: Euh...
C'était vraiment étrange, mon mari qui disparaît, son meilleur ami qui surgit de nulle part et me demande s'il peut entrer. J'ai réfléchi et en fin de compte, je lui ai fait comprendre que c'était inapproprié.
Il m'a fait savoir qu'il n'allait pas mettre long et qu'il était venu à cause de mon coup de fil. Finalement, je lui ai cédé le passage car c'était en partie à cause de moi si on pouvait dire ça ainsi.
Il a pris place sur une chaise et je me suis assise en face de lui.
Arthur : Pourquoi tu fais cette tête ?
Moi: Sérieux ?
J'ai affiché un sourire amère face à sa question ridicule.
Arthur: Oui, c'est le jour de ton mariage. Tu ne devrais pas être en train de pleurer.
Moi: Tu as raison sur ce point , je devrais être à cette heure en train de chevaucher ton ami mais comme tu peux le constater, il est aux abonnés absents.
Il sort son portable de sa poche et passe un coup de fil. Ça sonne pendant une dizaine de secondes, et puis la connexion s'établit.
Arthur: Yes bro' , tu es où ?
Anthony : Gars laisse-moi seulement j'ai eu un souci, je vais t'expliquer quand on se verra.
Arthur: D'accord mais si tu pouvais joindre madame aussi ...
Anthony : Bien-sûr ! Je vais le faire t'inquiète.
Arthur: Okay ! After.
Il raccroche et pose ses yeux sur moi.
Arthur : Il arrive !
Je me lève et me mets à rire comme une folle.
Moi: Je suis peut-être ignorante sur plusieurs aspects de la vie mais pas une cruche. Vous pensez que je n'ai pas compris votre petit manège ?
Arthur: Assieds-toi et exprime toi posément. On peut causer sans élever la voix.
Moi: Merci de t'être déplacé pour tester mon sens de réflexion. Maintenant tu peux t'en aller Arthur.
Je me dirige vers la porte , il se lève et me suis.
Arthur: Tu dois te calmer Suzanne, Anthony t'aime comme un fou. Je t'assure !
Moi: C'est marrant, l'amour a disparu bizarrement après qu'il m'ait passé la bague au doigt.
Arthur: Su'...
Moi: C'est Suzanne !
Dis-je à voix haute.
Il se rapproche de moi et tente de poser ses mains sur mes épaules.
Moi: Ne me touche pas !
Arthur: Désolé ! Je constate que tu es vraiment sur les nerfs. Essaie de te reposer , demain c'est un autre jour.
Moi: Bonne nuit Arthur !
J'ouvre la porte pour lui indiquer que son temps est arrivé à expiration. Il peut s'en aller maintenant. Il le fait la seconde d'après et dès qu'il disparaît, je ferme la porte et retourne me coucher.
Les larmes coulent et mouillent le drap, j'ai terriblement mal au point où j'ai l'impression d'étouffer.
Quelques instants après, ils se dirigent vers notre table. Je me lève pour les saluer.
