Révélation de l'héroïne oubliée : L'hommage d'Eugénie Metala à Thérèse Sita Bella, une réalisatrice et journaliste camerounaise pionnière

Eugénie METALA jeune réalisatrice camerounaise a marqué d'un grand coup son entrée dans le domaine du 7e art, par son reportage hommage à une femme historique qui a été oublié avec le temps mais qui a énormément contribué par sa force et sa volonté de faire évoluer le statut des femmes dans son pays. Thérèse Sita Bella c'est son nom cinéaste et journaliste camerounaise décédée en 2006. Eugénie METALA a décidé d'honorer sa mémoire par ce documentaire qui était en projection à l'Institut Français de Yaoundé. Nous sommes allés à sa rencontre, après la projection afin de pouvoir connaître ses motivations à mettre en place un tel projet aussi gratifiant et louable.
- Quelle belle surprise ! Enfin une œuvre sur la regrettée réalisatrice camerounaise Thérèse Sita Bella. Comment vous êtes venue cette idée de monter un tel projet ?
L’idée de faire un tel projet m’est venue du fait que j’ai constaté qu’il n’y avait pas assez d’écrits, pas assez d’éléments sur la vie de Sita, pour une femme qui a été la première cinéaste d’Afrique subsaharienne, c’était dommage que toutes les pages et les médias ne relaient pratiquement que le même article, je trouvais cela dommage que des journalistes n’aient pas mené plus d’investigations pour en savoir un peu plus sur elle et lui consacrer une page Wikipédia digne de ce nom, j’ai donc décidé d’aller à la rencontre de quelques personnes qui l’ont connu pour recueillir des témoignages concrets.
- Le film a été produit par Jean Marie TENO pourriez-vous nous informer qu'elle a été son rôle en plus de la production ?
En plus de la production, puisqu’il s’agissait d’un atelier d’écriture et de réalisation documentaire, Jean Marie Teno a contribué à la réécriture du projet et m’a accompagné dans toutes les étapes de la postproduction : le montage, le mixage et l’étalonnage.
- ll faut reconnaitre que Thérèse Sita Bella est née à une époque ou disposer de photos n’étaient pas comme aujourd’hui, l’élaboration d’un tel projet prend combien de temps ?
Je travaille sur ce projet depuis 2021, le plus difficile était de trouver des personnes qui l’ont connu et qui étaient disposées à parler et le plus important pour moi était d’entrer en contact avec un membre de sa famille et c’est cette rencontre qui m’a véritablement poussé à me lancer.

- Au sein du court métrage, la photo ou elle porte un foulard est la plus connu de tous mais elle n’est pas présente au sein de l’œuvre est ce volontaire ?
Au cours de mes recherches j’ai découvert que la photo qui est connue de tous qui nous est présenté comme étant de Sita Bella, n’était pas en réalité la sienne mais celle de Efua Sutherland une écrivaine ghanéenne et dont la fille a eu se plaindre du fait que la photo de sa mère était tout le temps associé à Sita Bella, raison pour laquelle, je n’ai pas utilisé cette photo comme archive
- On parle de Thérèse Sita Bella comme réalisatrice, journaliste, mais également pilote d'avion et musicienne une vraie philanthrope, d'après vous pourquoi elle arborait autant de casquettes ?
Sita était une femme très intelligente et aussi très féministe, elle voulait montrer au monde qu’une femme surtout une noire était capable autant qu’un homme de faire qui n’étaient pas destinées aux femmes, elle était aussi très curieuse et n’hésitait pas à apprendre de nouvelles choses.

- On parle d'une mort subite dans votre documentaire, pensez-vous que si elle vivait en France elle aurait pu avoir une meilleure considération et une meilleure vie ?
Vu le parcours et la carrière qu’elle avait en France, je me dis effectivement qu’elle aurait eu une meilleure vie, mais une meilleure considération ça je ne saurais le dire.
- Sa tombe est méconnaissable, pourquoi autant de manque d'honneur de la part de son pays natal ?
Pourquoi le manque d’honneur de la part de son pays natal, je ne saurai quoi vous répondre, tout ce que je sais c’est que de nombreux artistes camerounais s’en vont comme ça sans aucune reconnaissance : Jean Miche Kankan, Arthur Sibita, Alphonse Béni et bien d’autres.
- Parmi les cinéastes camerounaises du moment, quelles sont celles qui se rapproche selon vous de Thérèse d'après vous ?
Selon moi les deux réalisatrices qui se rapprochent de Sita sont Osvalde Lewat une documentariste, écrivaine et photographe exceptionnelle et Françoise Ellong, scénariste et réalisatrice dont vous devriez absolument regarder les œuvres.

- Est-ce que le film est prévu d'être sur des plateformes ou être en festival ?
Oui, il est prévu que le film soit envoyé à des festivals.
- Pensez-vous que si elle était encore vivante, elle aurait apprécié cet hommage ?
Je pense que Sita aurait apprécié cet hommage et qu’elle m’aurait beaucoup aidé à le réaliser parce que quand on est Sita la moindre des choses qu’on s’attend à recevoir c’est de la reconnaissance aussi infime soit elle, surtout venant d’une jeune qu’on a impacté.
Par Zande'l