Chapitre 5
Le médecin nous avait dit que les visites étaient pour le lendemain. Olivier demanda la faveur à son ami de nous ramener à la maison. Lui, il devait rester à l'hôpital.
Pendant le trajet, un silence pesant régnait. Intérieurement, je me demandais si Ma'a Francine était au courant qu’elle était atteinte de cette maladie ? Elle seule pouvait me donner une réponse.
Je ne connaissais rien de cette étrange maladie mais j'espérais juste qu'elle puisse être guérie. Nous avions tous passé la nuit au salon. Personne n’avait pu fermer l’œil très tôt.
À quatre heures du matin, je me levai pour préparer des pâtes et frire du poisson. Lorsque les autres se réveillèrent, tout était déjà prêt.Nous sommes retournés aux urgences de bonne heure. Olivier était endormi sur une chaise. Je l'ai réveillé.
__ Oliver, hey ! __ oui. __ tu as pu voir Ma'a ? __ pas encore. Ils ont dit midi. __ okay. En attendant, va à la maison, prends une douche et mange. __ non, je veux rester ici. __ fais ce que je te dis, s'il te plaît. __ okay.
Léon est rentré également. Je restai avec les filles à attendre l'heure des visites. Olivier m’écrivait car il voulait savoir comment j'allais.
Il m’annonça qu'il avait une très belle nouvelle à nous annoncer mais vu les circonstances, il attendra lorsque maman irait un peu mieux. J'étais curieuse de savoir mais il promit de tout me raconter.
Lisa se leva pour me dire qu'elle devait s’absenter un moment avec sa sœur. Je n'y ai vu aucun inconvénient et suis restée seule à l'hôpital. Sans m'en rendre compte, je me suis assoupie. Je sentit une personne tenter de me réveiller .
Quand j’ouvris les yeux, j’aperçus le docteur. Hâtivement, Je me levai. Il m’informa que Ma'a Francine voulait voir Olivier, les filles et moi. Étant seule, je m'y suis rendue.
Couchée, affaiblie, elle me tendit la main après m'avoir aperçu devant la porte. Elle était en larmes. Je pris place à ses côtés. Elle me prit la main en me disant :
__ ma fille, tu es un ange. Je suis fière de t’avoir à mes côtés. J'aimerais tellement que mes filles soient comme toi, mais, hélas ! Je veux que tu prennes soin d'Olivier et de toi. __ Ma'a arrête de parler ainsi. C'est comme si tu devais mourir. __ écoute-moi bien. Je sais que mon fils et toi partagez les mêmes sentiments. Je vous observe tous. Je suis vieille mais pas aveugle. Ne vous retenez pas. Vivez votre amour. Vous n’avez pas le même sang.
Avec cette façon de parler, j'ai compris qu'elle savait qu'elle était souffrante. Je lui répondis :
__ Ma'a je n'ai jamais voulu que cela arrive crois-moi. Je suis désolée. __ on ne contrôle pas ces choses ma fille. De plus, vous deux, vous êtes de merveilleuses personnes. Mes souhaits sont que vous puissiez vivre votre amour et que mes filles suivent ton exemple. __ merci Ma’a. Je t'aime beaucoup. __ moi aussi. Surtout n'oublie pas de faire très attention. Ce monde que tu vois n'est pas comme on le croit. Le commerce que tu fais là, il est dangereux. Soit très sage et maline. Aie les yeux bien ouverts. Aie confiance en Dieu et n'envie jamais personne. __ merci pour le conseil, Ma'a.
Quelques minutes plus tard, Olivier est entré, a embrassé sa mère, puis a pris place. Je les ai laissés pour qu'ils puissent discuter.
Les filles n’étaient toujours pas revenues. Je me demandais bien où elles pouvaient être. Olivier est sorti de la chambre très abattu. Je lui ai demandé ce qui se passait .
Pour toute réponse, il a demandé d'après ses sœurs puis nous avions vu les infirmiers se précipiter dans la chambre de ma'a Francine.
Je voulais y aller mais Olivier me prit dans ses bras en me disant de rester calme.Je m'agitais dans tous les sens. J’étais en larmes. Il me demanda de le fixer. Il m'a dit :
__ Dadjuana, écoute-moi. La maladie de maman est incurable. Tout est terminé. Elle est partie. Soyons forts.
J’avais hurlé. Je me suis écroulée, vidée de toute force. Olivier me tenait toujours dans ses bras. Le médecin est sorti.
A travers son regard, on pouvait comprendre. Pourquoi la vie était ainsi avec moi ? Tous ceux à qui je tenais disparaissaient un à un d'une mort subite. Il me restait Olivier.
J'avais peur, car il pouvait aussi perdre la vie brusquement. Je me demandais si je n’étais pas maudite. Olivier était remonté contre les filles. Leur mère voulait leur parler mais elles étaient absentes.
Je lui avais demandé de les laisser car le décès de leur mère ne leur laissait pas indifférentes. Une semaine après, nous avons enterré Ma'a Francine avec l'aide de son ex mari.
Il avait pris ses filles avec lui. Il voulait aussi qu'Olivier vive avec eux, sous la demande de ses filles, mais il refusa.
Il ne voulait pas abandonner la maison et la plantation de Ma'a Francine, et il ne voulait pas me laisser non plus, ce qu'il a dit ouvertement. Ses sœurs n’étaient point contentes.
Pour les calmer, il leur promit de leur rendre de temps en temps visite. Je vivais dans la maison avec Olivier. On ne se plaignait pas.
Il poursuivait ses études tandis que moi, je vendais toujours du piment au marché. Il voulait que je continue aussi l’école mais comment allions-nous nous en sortir ? Il fallait bien une personne pour vendre la marchandise.
De plus, depuis que Ma’a Francine est décédée, sa plantation est un vrai trésor. Elle donne énormément de bons piments.
Olivier avait discuté avec son ami Léon, dont le père possède une école. Ils ont arrangé avec certains professeurs pour que je puisse suivre des cours à domicile et en ligne.
Léon et lui avaient tout pris en charge. J’étais vraiment émue. J'ai accepté. Je pouvais vendre quatre jours sur sept.
A la même occasion, il m'offrit un téléphone Android. Mais où prenait-il tout cet argent ? Je le lui avais demandé. Il me répondit :
__ avant de mourir, maman m'a indiqué où elle gardait ses économies. Elle m'a demandé de te soutenir, de te mettre à l'aise, de t'aimer.
Elle avait pensé à tout. Je m'étais mise à pleurer. Olivier me réconfortait en me prenant dans ses bras. Il essuya ensuite mes larmes. Nos regards se croisèrent.
Il a souri et il m'a demandé d’être officiellement sa petite amie. Les paroles de Ma'a Francine résonnaient encore dans ma tête. Elle m'a donné le feu vert pour être avec l'homme que j'aime.
Je lui ai rendu son sourire en acceptant sa demande. Il était si heureux. Il me fit un bisou sur le front ensuite, il m’embrassa.
A suivre…