À tous ceux qui se moquent du deuil de Samuel Eto’o Fils...

Je ne suis pas un églisien, et c’est peu de le dire ! D’ailleurs je suis un hibou 100 % assumé, mais je m’insurge contre tous ceux qui ont osé critiquer les obsèques de David Eto’o, le père de Samuel Eto’o Fils...

Déjà, il faut rappeler que le paternel de notre goléador est décédé depuis l’année dernière, en avril 2023. Sa dépouille a dû passer de longs mois au sein de la morgue de la garnison militaire, ici au quartier Bonanjo à Douala. David Eto’o était un papa aimant, un monsieur discipliné et humble, bref le géniteur de la plus grande star interplanétaire que le Cameroun ait jamais connue dans son histoire, et pourtant ce monsieur était demeuré si modeste et si accessible...

Une fois que j’ai dit cela, je reviens aux critiques. Le deuil de Samuel Eto’o a mobilisé toutes les attentions durant le weekend dernier, et les hiboux —mes collègues— y ont scruté les moindres faits et gestes : qui était là ? Qui était représenté ? Comment ça s’est passé ? Qu’est-ce qu’il y avait à manger et à boire ? Etc.

La vérité est que Samuel Eto’o a dignement honoré la mémoire de son père. Personnellement, je n’aurais pas gardé la dépouille de mon père pendant douze mois à la morgue. Mais, compte tenu de la stature de Samuel, et surtout de la dimension des invités, cela nécessitait un temps d’organisation plus long, un calendrier aménagé pour tout le monde, et surtout des infrastructures et une logistique toute particulière.

Tenez : Pour arriver au village de Samuel Eto’o Fils, Song’Mbenguè par Ngambè, il a fallu aménager des voies d’accès. Le gouvernement camerounais y a contribué en construisant une route viable, ce qui n’était absolument pas le cas auparavant.
Mieux, le chef de l’Etat s’est fait représenter himself, en la personne d’Oswald Baboké, le Directeur adjoint du cabinet civil de la présidence de la République. Et c’est ainsi que, de la garnison militaire de Douala jusqu’au domicile familial à Denver (Bonamoussadi), avant de se rendre au village, ce fut un cortège de véhicule rutilants. La circulation était barrée, les gyrophares étaient de sortie, la police et la gendarmerie étaient mobilisées, bref on aurait dit des obsèques officielles d’une personnalité diplomatique.

David Eto’o a été honoré. D’ailleurs à titre posthume, il a reçu une médaille des mains de M. Baboké, comme chevalier de l’ordre de la valeur. D’aucuns contesteront ce mérite, puisque le défunt n’avait été ni une personnalité de l’Etat, ni une personnalité du monde culturel ou sportif, ni rien d’officiel.
Mais... c’était quand même le père de Samuel Eto’o !

Les « aigris » ont eu beau dire qu’il n’y avait pas les anciens coéquipiers de Samuel Eto’o à ce deuil, mais est-ce là un instrument de mesure d’un événement censé être traumatisant ? On a par exemple déploré l’absence de Lionel Messi, Didier Drogba, Xavi, Iniesta, ou encore l’absence des footballeurs actuels de notre sélection nationale.
On a déploré que ces obsèques se tinrent le même jour que l’inauguration du Musée des Rois bamouns à Foumban, dont la date a visiblement été fixée à dessein. Et puis on a noté une kyrielle d’absence notables, dont celle de Joseph-Antoine Bell, même si on a aussi noté quelques présences glorieuses comme celle de l’ancien président de la CAF qui se nomme Ahmad Ahmad...

En définitive, c’était un deuil réussi. Les Camerounais en ont profité pour découvrir la somptueuse villa de Samuel Eto’o dans son village, même si on peut s’interroger sur la nécessité d’un tel investissement dans un coin aussi perdu et inhabité. Des gens ont tôt fait de se moquer de ce deuil, de rappeler le conflit MINSEP-Fécafoot en ces temps de commémoration, et j’ai trouvé ces remarques-là complètement inopportunes et totalement indécentes.

Certes, Samuel Eto’o n’est pas parfait. Je suis d’ailleurs le premier à le lui rappeler tout le temps, car je lui trouve des vices comportementaux dont certains me paraissent indiscutablement rédhibitoires.

Mais en période de deuil, il faut savoir raison garder. Surtout lorsque quelqu’un vient de perdre son père. Surtout lorsque la personne est terriblement émue, qu’elle est blessée et qu’elle traverse une période médiatiquement très difficile.
Le deuil de Samuel Eto’o n’était pas une affaire d’Etat, c’était d’abord et avant tout une aventure familiale et individuelle.
Et au moins à ce titre, nous devons respecter la mémoire de cet illustre individu qui ne nous avait rien demandé, et qui s’appelait monsieur David Eto’o.

Ecclésiaste Deudjui
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