Donc Samuel Eto’o n’est pas un Camerounais ?

Il y a une polémique qui est née au Cameroun depuis le 30 août dernier, suite à la publication des conditions d’éligibilité à la tête de la Fécafoot (fédération camerounaise de football).
En effet, parmi les dispositions prévues, il sera strictement interdit pour un « binational », de se porter candidat à la présidence de cette fédération. Rappelons que la Fécafoot connaît de nombreux problèmes de gestion depuis au moins deux décennies, qu’elle a été maintes fois mise sous un comité de normalisation piloté par la Fifa, et que certains de ses administrateurs ont souvent fini par se retrouver derrière les barreaux…
Le problème n’est même pas là-bas. Ce qui fait polémique actuellement, c’est la question de cette binationalité. Car selon toute vraisemblance, cet article aurait pour seul dessein de faire écarter le récent retraité Samuel Eto’o Fils, lui qui est accusé de faire le chaud et le froid au sein de cette instance faîtière du football camerounais.
Déjà que dès les dernières élections, il s’était brouillé avec certaines anciennes gloires telles que Joseph-Antoine Bell, Geremi Ndjitap ou encore Rigobert Song. On le soupçonne également, par ses énormes moyens financiers, d’avoir porté à la tête de la Fécafoot un certain Seydou Mbombo Njoya, lequel serait aujourd’hui aux manœuvres pour tenter d’écarter et discréditer l’ancien goléador.
Samuel Eto’o Fils n’est pas un Camerounais, soit ! Il détient un passeport espagnol qui lui confère la double-nationalité depuis son épopée barcelonaise, et jusqu’ici cela n’avait offusqué personne. La double-nationalité n’étant pas reconnue par notre Constitution qui n’aime pas se faire nettoyer, on ne peut donc pas détenir un passeport étranger et demeurer un compatriote du mboa. Car je cite : « Celui qui accepte d’acquérir une autre nationalité perd de facto celle camerounaise. »
Quelle aberration !
Le Cameroun est certainement l’un des pays les plus rétrogrades en la matière, et le pire c’est que cet archaïsme juridique a été savamment planifié par nos plus hauts dirigeants. La question de la nationalité peut être ressortie lorsqu’il faut éliminer de la gestion des droits d’auteur Ndedi Eyango, ou lorsqu’il faut écarter de la députation certains compatriotes comme Hervé-Emmanuel Nkom.
Nos plénipotentiaires se servent de cet article vieillot pour régler leurs comptes politiques, ou alors pour disqualifier leurs adversaires les plus dangereux. Pourtant dans le même temps nous avons des binationaux qui sont gaillardement dans le gouvernement, qui votent dans les ambassades occidentales, qui occupent de très hautes responsabilités dans les entreprises étatiques, etc.
Ce n’est pas nécessaire de vous citer leurs noms ici.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que la question de la nationalité est aussi une question de cœur. Certains de nos compatriotes qui demandent des passeports allemands, français, lusitaniens, le font par nécessité voire par opportunité. Une nationalité américaine vous ouvre plus de portes qu’une nationalité africaine par exemple. Une nationalité d’un pays surpuissant, vous ouvrira les portes de l’emploi, vous facilitera les voyages, et vous positionnera mieux dans les affaires. C’est pourquoi il y a des Camerounais qui se retrouvent chypriotes ou encore russes, mais c’est juste pour pouvoir circuler librement et acquérir les connaissances, afin de mieux servir leur pays de préférence qui restera toujours le Cameroun.

Avec Samuel Eto’o, c’est encore pire ! Il est une icône mondiale, il est une référence internationale, et il est une gloire incontestée de l’histoire du football. Il est peut-être même plus connu que le Cameroun lui-même. Il est le Camerounais le plus célèbre de tous les temps, et quand vous voulez être bien reçu dans un pays quelconque de cette planète, il vous suffit de dire que vous venez du pays de Samuel Eto’o !
Comment vouloir écarter un gars comme ça avec des manœuvres aussi basses ? Dire qu’il n’est pas un Camerounais ! Qui peut être plus patriotique et plus Camerounais que Samuel Eto’o Fils, lui qui nous a favorisé l’organisation de la prochaine CAN 2022 ? Comment nier son engagement dans la santé des populations, ou encore son implication dans la jeunesse sportive camerounaise ? Pourquoi vouloir lui ôter tout ce qu’il lui reste, pour la simple et mauvaise raison qu’il est jeune, populaire et milliardaire ?
Les prochaines élections présidentielles à la Fécafoot auront lieu le 11 décembre 2021. Samuel Eto’o n’a pas encore annoncé sa candidature, même s’il y a déjà des préparatifs pour faire retirer son éventuel dossier. Les intrigues camerouno-camerounaises ne cesseront jamais de nous étonner, et je pense que les vrais étrangers dans cette affaire, ce sont ceux-là mêmes qui se croient souvent plus camerounais que les autres…
Ecclésiaste Deudjui
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