Destination Canada !

Ceux qui suivent l’actualité médiatique au Cameroun, ont constaté que nous perdons de plus en plus de journalistes qui s’envolent à destination du Canada. On peut citer Cédric Noufele, Mimie Meffo, Kate Djiaha Tchelibo, Haman Mana, Georges Mitterrand Ndam et bien d’autres encore...
Pire, le phénomène ne se résume pas à l’espace médiatique. On constate que de plus en plus de médecins, d’enseignants, de manutentionnaires et même des chercheurs d’emploi, se retournent vers l’Amérique du Nord à la recherche d’un avenir meilleur. Que c’est dommage...
À vrai dire, les Camerounais ont toujours recherché l’exil, depuis que leur nation leur apparaît comme une vaste prison à ciel ouvert. Ils sont tellement éparpillés de par le monde, que c’est plus facile de rencontrer un médecin camerounais en Allemagne, que dans son propre pays le Cameroun. Les aventuriers camerounais prennent la route du désert, lorsque les voies légales d’émigration ne leur sont pas possibles. Ils prennent le risque d’y laisser leur vie, sous prétexte qu’ils périssent sous le désespoir local.
Résultat : nous avons des compatriotes en Tchétchénie, en Afghanistan, au Pérou, au Bangladesh, bref, partout dans le monde. La situation à l’intérieur leur paraît si désespérée, qu’ils ont préféré aller se réfugier dans des pays qui sont potentiellement plus pauvres que le leur, et la volonté politique ne met rien en branle pour tenter de les ramener sur leur vrai territoire.
Tenez ! Pour la loterie américaine, ce sont des centaines de milliers de compatriotes qui tentent leur chance, dans le dessein de quitter définitivement le pays avec leur famille, et d’adopter une autre nationalité que la leur (ils veulent devenir citoyens américains). Comment comprendre un tel exode ? Un tel besoin de « fuir » sa patrie qu’on dit pourtant aimer tant, si ce n’est que rien n’est fait pour nous encourager à chérir notre belle Nation ?
Comment s’habituer à voir nos frères s’exiler, pour aller accepter des boulots dégradants ailleurs, qu’ils n’auraient jamais accepté de pratiquer sur notre propre sol ? Et que dire de nos sœurs, qui vont à Dubaï pratiquer le porty-potta, la dégradation humaine faite femme, et qui reviennent ici plus luisantes, plus enviées, plus admirées et pourtant elles ont choisi de consacrer leur âme au diable ?
Les départs massifs vers le Canada devraient nous inquiéter, ou du moins nous interpeller. Ils devraient sonner la honte de notre administration défaillante, qui ne fait aucun effort pour que nous nous sentions fiers d’appartenir à cette belle nation. Le Canada et principalement le Québec, sont en train de nous déposséder de nos plus belles ressources humaines. Une sorte de discrimination positive. Ils nous prennent les individus les plus talentueux, les plus volontaires et les plus productifs. Le Canada veut remplacer sa population vieillissante, il veut rehausser sa démographie et son taux de natalité, et il veut surtout renforcer sa main d’œuvre dans tous les domaines (éducation, santé, industrie, sciences, etc)
Sans compter que nous avons déjà des structures qui sont installées au pays, et qui aident à organiser de telles émigrations. Les sociétés de voyage vers le Canada abondent de plus en plus, et les procédures pour y aboutir son vraiment très longues. Elles demandent des frais exorbitants qui s’étalent sur plusieurs années, des frais avec lesquels on pourrait pourtant bien investir ici au pays. Les obtentions de visa ne sont pas toujours garanties, malgré tout ce temps perdu et toutes ces dépenses, mais cette incertitude n’est pas suffisante pour dissuader la grande masse des nombreux demandeurs.
Et vous savez pourquoi ? C’est parce que quelles que soient les conditions de vie là-bas, le Canada sera toujours forcément mieux que notre pays le Cameroun !
Ecclésiaste Deudjui
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Article publié sur wutsi.com/@/clesh7