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L’escroquerie des écoles supérieures

Oct 21, 2023 - 3 Minutes
Les écoles supérieures organisent régulièrement des journées portes ouvertes. Source: Facebook /CC-BY
Les écoles supérieures organisent régulièrement des journées portes ouvertes. Source: Facebook /CC-BY

  

Cette semaine j’ai fait le tour de plusieurs établissements supérieurs de Douala, et ce que j’ai observé m’a paru extraordinairement consternant ! J’ai bien sûr été frappé par le nombre sans cesse grandissant de nouveaux bacheliers, et aussi par la quantité de parents qui préfèrent désormais envoyer leurs enfants dans les instituts supérieurs consacrés à la formation professionnalisante. Mais, surtout, j’ai été bluffé par les mécanismes d’escroquerie qui sont bien organisés, et qui sont mis en place par ces institutions majoritairement privées...

Déjà, les coûts de la pension sont excessivement chers ! C’est mon avis. Car en moyenne, les tarifs de la pension pour un étudiant de première année oscillent entre 350 000 francs CFA et 450 000 FCFA.  Un montant sur lequel il faudra rajouter les frais d’inscription (souvent 40 000 FCFA), les frais de tenue de sport, les frais d’APE pour certains établissements et divers autres frais que je trouve personnellement rédhibitoires.

Ce qui m’a choqué cette semaine, c’est de voir l’assiduité avec laquelle des centaines d’étudiants s’alignent pour verser leur pension. Les modalités de paiement sont bien échéancées par les promoteurs de ces instituts, et les moratoires sont accordés au compte-goutte. J’ai l’impression que nos écoles de formation sont des machines à sous, des microfinances, et que les montants élevés qu’elles perçoivent servent surtout à enrichir leurs propriétaires, plutôt qu’à bien payer les enseignants et à améliorer le cadre d’apprentissage de leurs nombreux pensionnaires.

Pour preuve, j’ai vu des établissements dont les locaux sont insalubres, les salles de classe sont minuscules et les voies d’accès sont inaccessibles. Où va donc tout cet argent ? J’ai vu des toilettes qui sont quasiment impraticables, tellement elles avaient l’air abandonnées. Et pourtant les frais de la scolarité sont si exorbitants...

Je peux me permettre de parler d’escroquerie, parce qu’il n’y a pas d’adéquation entre ces coûts très élevés et le résultat final sur les connaissances des apprenants. La plupart du temps, après un BTS (deux années de pension très onéreuses) rondement obtenu, ces derniers n’ont jamais aperçu un vrai laboratoire. Certaines écoles n’ont même pas de véritable salle informatique, et encore moins des bureaux où les enseignants pourraient se reposer afin de préparer leurs prochains cours.

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Les étudiants sollicitent les écoles supérieures pour acquérir des compétences. Source: ESIAC /CC-BY
Les étudiants sollicitent les écoles supérieures pour acquérir des compétences. Source: ESIAC /CC-BY

 

Ce qui me choque outre mesure, ce sont les exigences que l’on fait aux étudiants lors de leur inscription : on leur demande d’acheter des palettes d’eau (où est le rapport avec la formation ?) et des rames de formats A4 (ce sont les étudiants qui doivent apporter le matériel d’apprentissage ?).
Résultat : tu arrives dans un secrétariat d’une école supérieure, et tu te croirais dans un dépôt de boissons. Des palettes et des palettes d’eau minérale, qui ont été déposées « gracieusement » par des milliers d’étudiants. Sans oublier des tonnes de rames de papier qui encombrent les couloirs, et seront certainement, eux aussi, revendues dans le marché noir...

Je suis d’autant plus désemparé que ces formations deviennent de plus en plus chères avec le niveau. Pour une licence professionnelle ou un master, il faut débourser environ 650 000 francs CFA par an ! Et je ne vous parle même pas des frais de dossiers qui vont à l’Etat, et que le gouvernement s’évertue à augmenter au fur et à mesure.
Tout ceci, pour que ces pauvres étudiants se retrouvent à la fin... au chômage !

 

Ecclésiaste Deudjui
(+237) 696.469.637
Article publié sur wutsi.com/@/clesh7

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