Pour une chefferie traditionnelle pragmatique et en phase avec les objectifs de développement durable.

Medy Georges
Sep 12, 2023 - 3 Minutes

Dans le courant de développement que vivent les populations camerounaises en général et celles de Kribi en particulier, la chefferie traditionnelle qui devrait jouer le rôle d'équilibre entre les populations et l'administration d’une part; et entre les populations et les grands projets d’autre part se retrouve elle-même butée face la réalité. Elle a du mal à s'organiser pour apporter aux populations les meilleures réponses possibles face à leurs multiples attentes. Ce handicap est principalement dû à un manque d'organisation fondamentale lié aux us et coutumes; et aussi à un manque de vision de développement clair des chefs.

La chefferie traditionnelle est une institution coutumière redéfinie depuis quelques années par un rôle administratif certain. Les chefs sont par ailleurs relégués au rang d'auxiliaires d'administration.

Qu'à cela ne tienne, la chefferie traditionnelle est constituée d'un chef désigné par la communauté ; communauté à l'intérieur de laquelle il désigne la majeure partie des notables.

Les notables sont des dignitaires qui jouent un rôle important auprès du chef traditionnel. Ils doivent alors incarner les valeurs et les principes qui sont chers à la communauté; et à la vision de développement du chef.

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De prime abord, il faut faire un distinguo entre les différents types de notables car il est possible de les classer en trois (3) catégories. Nous pouvons citer entre autres les chefs de clans qui constituent la première catégorie des notables et qui devraient de façon naturelle siéger auprès du chef. Leur rôle est bien plus important et leur pouvoir réel même si avec la colonisation, ils ont été presque bannis de la structure officielle de nos communautés.

En deuxième catégorie, nous pouvons classer les notables d'action. Ils doivent être désignés sur la base de leur compétence avérée dans un ou plusieurs domaines, de leur attachement et implication à la construction de la communauté.

La troisième catégorie des notables est celle réservée aux personnes étrangères qui sont choisis sur la base des critères bien définis. Elle est purement honorifique et ne donne pas accès au conclave des initiés.

La redéfinition du statut des notables et la mise sur pied d’un organigramme vont permettre à la chefferie traditionnelle de faire face aux enjeux actuels; et à être plus en phase avec notre temps. Le chef traditionnel comme le chef de l'État doit avoir son gouvernement dans lequel chaque ministre détient un portefeuille. C’est bien cela que le patriarche Bingono Bingono évoquait lors de la cérémonie d’installation de la cuvée des notables du groupement Batanga Sud baptisée ‘’Ntumbè’’ le 17 décembre 2022 à Bongahèlè en ces mots : ‘’Chaque notable devrait être spécifié pour un rôle précis qu’il joue auprès de la chefferie. ‘’ Pour être plus précis, la chefferie traditionnelle de nos jours devrait disposer d’un responsable de la communication, d’un responsable des projets, d’un responsable des affaires culturelles ou encore d’un responsable de la sécurité pour ne citer que ceux-là.

Sur le plan opérationnel, la chefferie traditionnelle devrait définir un plan triennal ou quinquennal dans lequel est tiré chaque année, un planning annuel d’activités avec des indicateurs clairs. Cela permet non seulement de mener des actions ciblées et aussi de mieux faire le suivi des actions définies à l’avance qui sont bien évidemment sous la responsabilité d’un notable.

En résumé, la chefferie traditionnelle de nos jours doit sortir de l'archaïsme et la redéfinition du rôle des notables, l’adoption d’un plan d’action à court terme, sont entre autre des éléments importants qui feront à ce qu’elle soit plus efficace et par extension qu’elle soit en phase avec les objectifs de développement durable.

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Chefferie Traditionnelle