À quoi ressemble un fanatique de l’église de Tsinga ?

Ecclésiaste DEUDJUI
Aug 13, 2023 - 5 Minutes
Samuel Eto
Samuel Eto'o avec de nombreux supporters, lors d'un événement à Douala. Source: jewanda.com /CC-BY

 

Si vous avez bien remarqué, les polémiques autour de Samuel Eto’o ne font que se multiplier au fur et à mesure que le temps passe. Et si vous avez bien remarqué aussi, ses supporters également. Le nombre de détracteurs de Samuel Eto’o ne fait que grossir chaque jour, mais ses fanatiques se multiplient aussi de façon quasi-exponentielle.
Mais au fait, comment les reconnaître ?

Déjà, ils partent tous sur un même principe : Samuel Eto’o est une icône ! C’est leur leitmotiv, le B-A BA de leur philosophie si vous voulez. D’ailleurs c’est même la Genèse de leur religion, puisque tous les discours de ces fanatiques commencent toujours par « Samuel Eto’o est une icône internationale... »

Sauf que nous ne sommes plus sur le terrain des stades de football (ne me dites pas merci pour le jeu de mots). Nous sommes sur le terrain de l’activité managériale, c'est-à-dire en plein management et gestion administrative du football camerounais. Et en cela, les aficionados de l’ex-goléador ont encore du mal à faire la transition.
Il ne s’agit pas ici de demander à Samuel Eto’o Fils, le joueur, de marquer des buts. Ce qu’on lui demande, dorénavant, c’est d’avoir de la cohérence dans ses actions. C’est d’avoir le sens de l’écoute. C’est  de ne pas se laisser guider par des rancunes vengeresses, bref, c’est de faire profil bas et d’être, à la limite, un peu moins prétentieux et relativement moins immodeste.

 

Les locaux de la Fécafoot, au quartier Tsinga à Yaoundé. Source: camfoot.com /CC-BY
Les locaux de la Fécafoot, au quartier Tsinga à Yaoundé. Source: camfoot.com /CC-BY

 

Les adeptes de l’église de Tsinga, la plupart ne connaissaient même pas le quartier Tsinga pour commencer. La grande majorité ne savait pas à quoi ressemblent les miteux locaux du siège de la Fécafoot, avant l’avènement de leur messie évangélique. Pire, certains défendent l’actuel président de notre football, alors qu’ils ne connaissent même rien dans... le football justement !
Certains sont devenus prosélytes parce que ça leur donne l’illusion d’être des patriotes. Pour d’autres, ça les rassure d’appartenir à la majorité des observateurs, et pourtant la majorité ne veut pas forcément dire la rationalité. Et pour certains encore, c’est juste une position qui ne repose sur aucune conviction, mais si au moins cela peut leur permettre d’embêter idéologiquement les gens qui leur apportent la contradiction...

Bref, les fanatiques de Samuel Eto’o Fils ne l’aident pas. Tenez ! Ils se sont fait remarquer dans les réseaux sociaux —et même dans les médias conventionnels— comme ayant les insultes faciles. Pour eux, pas de sons dissonants qui vaillent ! Il suffit que tu murmures que Samuel Eto’o a mal déplacé une fourchette, qu’instantanément ils vont te prendre en grippe. Avec leurs injures récurrentes qui tournent systématiquement autour de la jalousie, de l’envie, de l’aigreur, bref, tous ceux qui critiquent Samuel Eto’o sont forcément jaloux de leur Samuel Eto’o Fils.

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Samuel Eto
Samuel Eto'o fait l'objet de plusieurs polémiques depuis son arrivée à la tête du football camerounais. Crédit: Onze Mondial /Image reprise sous autorisation

 

Un autre trait caractéristique et qui est très grave, c’est que Samuel Eto’o ne se trompe jamais. Selon eux hein, il faut bien s’entendre. Parce que non seulement ils sont persuadés qu’il est « l’envoyé de Dieu sur terre » (rien que ça !), mais en plus tous ses actes sont explicitables et même politiquement, moralement et judiciairement défendables.
Il bastonne un supporter algérien au Qatar, c’est normal ! Il suspend le contrat avec le Coq sportif, quoi de plus naturel ? Il installe un équipementier dont personne n’avait jamais entendu parler auparavant, et curieusement celui-ci devient instantanément le meilleur équipementier de tous les temps. Il proroge son mandat de quatre ans à sept ans, en cours de mandat et contre toute logique et toute éthique, mais il s’est quand même trouvé des énergumènes pour venir justifier cette aberration. Les mêmes apparatchiks qui sont encore venus justifier le contraire, lorsque le président de la Fécafoot s’est ravisé et qu’il a ramené ce même mandat-là de sept ans à quatre ans...

Vous l’aurez compris, la secte de Tsinga est draconienne. Elle a un pasteur qui ne prêche pas en public, mais qui est suivi par une meute de fanatiques qui pensent que cet ancien buteur, un simple footballeur, va venir résorber tous les problèmes de leur vie quotidienne. Le soutien en Samuel Eto’o n’est plus une adhésion idéologique, mais c’est un peu comme une forme de rébellion sociale non déclarée. Puisqu’on sait que la popularité de ce dernier embête les gens qui nous dirigent et dont on peur de manifester ouvertement la désapprobation, alors on le soutien afin de nuire à ces derniers. On voit bien ses erreurs qui sont aussi grosses que le nez au milieu de la figure, mais on se garde bien de venir lui dire la vérité en face.
Résultat : Samuel Eto’o accumule les gaffes et les erreurs de management, et il donne le bâton pour se faire battre. Sa communication et ses agissements sont clivants, et ils n’ont pas tendance à concilier ceux avec qui les positions sont divergentes. Il dégage une impression d’arrogance, de suffisance et de dictature. Et pourtant nous sommes tous unanimes pour dire qu’il est effectivement animé des meilleures intentions pour notre football.

Enfin, la diabolisation. Les fanatiques de Tsinga pensent que tous ceux qui s’attaquent à Samuel Eto’o, même légitimement, doivent être diabolisés. C’est ainsi qu’ils ont vilipendé Yannick Noah et le Coq sportif, ou encore l’ancien sélectionneur Toni Conceiçao. Pire, j’entends déjà des polémiques autour de l’intervention de la CAF, qui vient d’ouvrir une enquête pour faire la lumière sur la gestion managériale de notre fédération. Et là encore, je vois des personnalités que j’estimais rationnelles, se mettre à vouloir décrédibiliser l’instance faîtière. Ils disent par exemple que la Fécafoot n’est pas affiliée à la CAF, qu’entre les deux il n’y a aucun lien de subordination, que la CAF est un « machin », que plutôt c’est Samuel Eto’o qui avait contribué à rehausser l’image de marque de cette Confédération lorsqu’il était footballeur, etc.
Mais... donc on ne plus simplement ouvrir une enquête sur « Jésus-Christ », même lorsqu’on aurait eu vent de certains de ses comportements qui seraient discutables ? Hein ? Ou alors dites tout simplement qu’il n’est plus un justiciable comme les autres, et qu’il est au-dessus de toutes les lois et de tous les règlements.

En définitive, les fanatiques de Samuel Eto’o sont de plus en plus nombreux, et de plus en plus aveugles. Ils sont comme une foule abêtie qui n’a besoin que de sang, et qui suit son pasteur aveuglement jusqu’à l’accompagner au plus profond des abîmes. Mais lorsque ce gourou-là va tomber (parce que cela arrivera bientôt), ils ne seront même plus là pour nous entendre déclarer que « On vous avait prévenus ».
Parce que chacun d’entre eux aura déjà complètement disparu.

 

Ecclésiaste Deudjui

(+237) 696.469.637

Article publié sur wutsi.com/@/clesh7

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