Blaise Kalaba, une énième victime des routes camerounaises

Ecclésiaste DEUDJUI
Jul 14, 2023 - 4 Minutes
La voiture de Blaise Kalaba était dans un piteux état après son accident. Source: camerounweb.com /CC-BY
La voiture de Blaise Kalaba était dans un piteux état après son accident. Source: camerounweb.com /CC-BY

 

C’est avec une grande tristesse que je me suis réveillé ce matin avec la gueule de bois, et que j’ai appris avec consternation la disparition de ce jeune talent en herbe, qui se faisait appeler Blaise Kalaba. En effet il s’agit d’un jeune humoriste dont la carrière était sur la pente ascendante, et qui vient brusquement de perdre la vie à la fleur de l’âge...

Sur le banc des accusés, nos routes ! Les routes camerounaises, toujours aussi meurtrières et jamais rassasiées du sang humain. Il y a seulement quelques semaines à peine, elles avalaient déjà la vie d’un autre jeune personnage du show-biz, en la personne de Cabrel Nandjip. Sans oublier ces innombrables anonymes qui disparaissent tous les jours sur nos axes-lourds, soit par lot de demies douzaines, lorsque ce ne sont pas des cars entiers de passagers qui se retrouvent ainsi passer de vie à trépas...

Pour dire vrai, il existe plusieurs causes de décès sur nos axes routiers. Il y a les conduites irresponsables, bien sûr, puisque ce sont des êtres humains qui sont au volant avant tout. Il y a ensuite le mauvais état de nos véhicules, car leurs propriétaires ne les passent jamais ni à la visite technique, ni à l’entretien régulier auprès d’un mécanicien consciencieux et responsable. Il y a également que les agents du ministère du transport qui sont chargés de faire respecter les mesures de sécurité sur nos routes, ils sont si facilement corruptibles et si versatiles...

Mais, il y a aussi nos routes ! La plupart de nos routes sont sans signalisations précises, lorsqu’elles sont mal matérialisées tout simplement. Sur le plan de la signalétique, elles ne sont pas toujours indicatives. Des lignes continues qui deviennent discontinues avec l’usure, et qui incitent à de mauvais dépassements à des endroits où ceux-ci sont pourtant non autorisés.
Nos routes sont aussi des parcours du combattant. Non seulement elles sont étroites, ne permettant même pas à deux véhicules seulement de circuler dans le même sens, mais en plus elles sont désuètes pour la plupart. Des nids de poule y ont établi leurs lits, lorsque ce ne sont pas des cratères tout simplement. Les axes routiers sont parsemés de bifurcations, de collines et de virages inopportuns, et dans la majorité des cas ils ne sont pas aménagés de garde-fous.

 

Blaise Kalaba était un jeune humoriste camerounais plein d
Blaise Kalaba était un jeune humoriste camerounais plein d'avenir. Source: camerounweb.com /CC-BY
Receive my Stories your e-mail inbox as soon as I publish them.
Subscribe to my Blog

 

Yaoundé-Douala : la route la plus fréquentée du Cameroun est en même temps la plus meurtrière, elle qui devait être remplacée par une autoroute qui est en chantier depuis dorénavant... dix ans !
Bafoussam-Douala : il s’agit d’un axe-lourd que personnellement j’exècre, tellement il est accidentogène. Il suffit de vouloir esquiver un véhicule pour se retrouver déséquilibré par un dos d’âne mal construit, ou alors par une crevasse ou un « mini ravin » qui n’a rien à faire en plein milieu de la route. Et puis, le pire, c’est la Falaise de Dschang. Un tronçon de plusieurs kilomètres qui est constitué d’une pente raide, avec des montagnes aux alentours et la possibilité de terminer sa course à l’intérieur de la Falaise... Tsuip ! Des mouroirs que nous appelons des routes, et si on y ajoute les voyages nocturnes qui sont effectués sans aucun éclairage public...

Blaise Kalaba est donc parti ! Il ne reviendra plus jamais, ça c’est sûr. Il est décédé en compagnie de trois autres personnes qui se trouvaient à bord de son nouveau véhicule, puisque c’est lui-même qui était au volant. Il est entré en collision frontale avec un gros porteur de l’agence Général Express, et la mauvaise nouvelle nous est parvenue très tôt dès les aurores.

Combien de Camerounais allons-nous encore continuer de perdre de cette manière ? Pourquoi autant de laxisme et autant d’irresponsabilité de la part de ceux qui gèrent notre politique des transports ? Est-ce que la vie humaine camerounaise est devenue si insignifiante et si négligeable, que nous allons continuer à mourir aussi brutalement et à la fleur de l’âge —et en plus en famille—, tout simplement parce que nous avons décidé d’effectuer un simple petit voyage ? Hein ?
Blaise Kalaba n’est que la dernière victime des routes camerounaises puisque nous aurons d’autres morts d’ici la semaine prochaine, mais que notre vie continuera de fonctionner normalement comme si rien de tout ceci ne s’était jamais passé...

 

Ecclésiaste Deudjui

(+237) 696.469.637

Article publié sur wutsi.com/@/clesh7

Décès
Cabrel Nanjip
Routes
Accidents De La Circulation
Blaise Kalaba