Pour un Prix Martinez Zogo...

Depuis l’assassinat de Martinez Zogo, plusieurs journalistes vivent dans la terreur ! La brutalité de ce crime a plongé toute l’opinion publique dans l’émoi, et la liberté de la presse a subi un violent uppercut dont il lui sera immédiatement difficile de se relever...
Toutefois, la corporation journalistique a marqué son indignation. Après avoir protesté contre les assassinats de Wazizi, Jules Koum Koum et les autres, cette fois-ci il s’agit du crime de trop. Les professionnels des médias se sont vêtus de noir —ce mercredi— pour marquer leur affliction face à ce deuil horrible, et les portails internationaux (CNN, Le Monde, RFI, BBC News, etc) ont relayé l’information de ce meurtre qui est unanimement jugé inadmissible.
Sur le plan diplomatique, toutes les chancelleries ont condamné cette abomination. L’ambassadeur américain a réclamé l’ouverture d’une enquête pour retrouver les auteurs de ce forfait, mais surtout pour les traduire en justice. Idem pour l’Union européenne, les organisations internationales ou encore les organismes publics. Même notre ministère de la communication a condamné cet acte odieux, suivi du CNC (Conseil national de la communication) qui a lui aussi marqué sa très forte désapprobation...
Pour moi, il faut faire beaucoup plus. L’assassinat de Martinez Zogo vient de replonger le Cameroun cinq cents ans en arrière, et de plomber considérablement nos pseudos apparences de démocratie libérale. Nous devons faire beaucoup plus. Nous devons nous indigner une bonne fois pour toutes, de peur que cette lâcheté ne s’estompe d’ici quelques jours, et que le quotidien des Camerounais continue de se dérouler comme si rien ne s’était passé.
Je milite pour un Prix Martinez Zogo ! Ce prix récompenserait les journalistes les plus téméraires, les plus audacieux et les plus courageux sur les sujets les plus épineux. Au lieu de tuer Martinez Zogo, on aura alors suscité beaucoup de vocations et davantage d’intéressement aux affaires concernant la gestion de notre fortune publique.
En outre, il faudra une journée Martinez Zogo. Peut-être pas une journée fériée, mais au moins une journée sans publication médiatique : pas de radio, pas de télé, pas de publication de journaux papiers mais également pas de presse cybernétique. Je pense qu’un tel silence ferait beaucoup d’échos sur ce deuil, mais aussi révèlerait aux yeux du grand public la place essentielle du travail journalistique au sein d’une véritable République.
Avec le Prix Martinez Zogo, ce journaliste d’Amplitude FM ne sera pas mort pour rien. Cette distinction peut être organisée par n’importe quel média chaque année, ou alors par une structure communicationnelle comme le MINCOM ou le ministère de la culture. Elle peut également être intégrée à une cérémonie de récompenses déjà existante, et elle permettra à notre feu journaliste de perdurer dans notre espace public durant une éternité.
Enfin, mon coup de gueule : depuis le départ de Martinez, on n’a pas entendu une protestation des influenceurs, des artistes, des humoristes, des cinéastes, des sportifs, des présidents de fédérations sportives (suivez mon regard) ou encore des grands hommes d’affaires. Ils ne savent pas que ce qui se passe dans la cour des poules pourra également se reproduire dans la cour des canards...
Ecclésiaste Deudjui
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Article publié sur wutsi.com/@/clesh7