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Pourquoi « Panem » et « circenses » sont-ils au service de la dictature ?

Comment se manifestent les effets de la dictature? Juvénal, un auteur Romain du 1er siècle m'a inspiré pour mieux comprendre le comportement des populations dirigées par les dictateurs.

Feb 9, 2021 - 4 Minutes

Je suis tombé par hasard sur une œuvre d’un auteur Romain du 1er siècle, Juvénal. J’étais à la recherche des éléments qui marquent la genèse de la dictature dans le monde. Le texte de Juvénal qui m’a le plus marqué est celui de la Satire X. il met justement en exergue l’animalisation d’un peuple à travers les dons faits par les dictateurs. Ce qui est intéressant c’est la perpétuation des pratiques du 1er siècle qui persiste jusqu’au 21ème siècle aujourd’hui. Il s’agira ici de répondre à la question de savoir pourquoi les populations vivant sous le joug de la dictature acceptent-elles les dons à la place des investissements sociaux qui sont pourtant réalisés avec leurs impôts ?

Il sera donc question de bien expliquer la pensée de Juvénal qui avait déjà conceptualisé la dictature en 81 dans ce premier article. Ensuite, je parlerai de la contextualisation de sa pensée dans le deuxième.  

Juvenal – Store norske leksikon
Juvenal – Store norske leksikon

Selon l’encyclopédie Larousse en ligne, l’expression « Panem et Circenses », mots latins signifiant du pain et les jeux du cirque est une « expression de Juvénal (Satires, X, 81) stigmatisant la conduite de la plèbe de Rome, qui n'avait plus d'autre ambition que des distributions de blé et des spectacles gratuits ». Nous sommes là au 1er siècle où existait un certain Juvénal, poète, et qui a écrit 16 œuvres littéraires aujourd’hui disponible dans un livre appelé « Satires ». Et chacune de ces œuvres sont identifiées d’une numérotation comme « Satires I », « Satires II », etc. Ici, c’est l’œuvre « Satire X » qui m’intéresse.

L’intérêt de l’œuvre de Juvénal

Un climat sociopolitique lourd régnait dans l’empire romain vers la fin du 1er siècle et au début du 2ème siècle entre 81 et 117. Juvénal a donc vécu sous le règne de Domitien, né à 51, et qui est le troisième empereur romain de la dynastie Flavienne. Donatien qui régna de 81 à 96, avait succédé à Titus, son frère né à 39 et qui régna de 79 à 81. Cependant, la différence entre Titus et Domitien est bouleversante : contrairement à son frère, Domitien était un dictateur. Un fin dictateur, d’ailleurs. Si Titus avait été aimé et apprécie par son peuple, Domitien avait été, par contre, viscéralement haï. La raison de cette haine était évidente : Domitien emplissait Rome de sang des opposants. Ce qui faisait de lui un dictateur craint.

Malheureusement, cette dictature ne s’arrêtera pas après sa mort en 96. D’autres empereurs feront d’ailleurs pire, car chacun viendra adapter les lois du sénat en fonction de ses désirs. Après la fin de l’empire en 1453, Rome a vécu ainsi jusqu’à la fin de la dictature par Marc Antoine qui promulgua la Lex Antonia abrogeant la dictature et l'élimination des magistratures romaines.

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Revenons à ce qui m’intéresse ici à savoir les mots de Juvénal « panem » et « circenses » qui se trouvent, comme je l’ai dit plus haut dans la Satire X. Elle illustre à merveille non seulement le climat sociopolitique d’une période précise (la dictature sous le règne de Domitien). Cette illustration va jusqu’à décrire ce climat sociopolitique jusqu’à l’abolition de la dictature romaine. Ce qui fait l’intérêt de cette Satire X de Juvénal, c’est justement le comportement qu’affichait le peuple de l’époque qui vivait cette dictature dans sa chaire. Cette dictature faisait du peuple romain des gens habités par la peur et l’inconscience. Celles-ci sont le résultat des manœuvres et des manipulations de la conscience collective à travers des dons et offrandes à la population telles que du « pain » et des « jeux ». C’est ce que Juvénal appelait « panem » et « circenses ».

Juvénal voyait en ce peuple des gens qui se contentaient du pain et des jeux et fermait les yeux sur leur propre maltraitance. Il se souciait ainsi moins de leur propre vie et des enjeux communautaires que les politiques pourraient impliquer. En fait, ces enjeux sont plus exigeants pour eux et les gouvernants qui y mettaient moins de rigueur profitaient du pain et des jeux pour soumettre son peuple. Ainsi, entre le peuple et les gouvernants, il existait une relation biaisée comme le dit si bien Juvénal.

Contextualisation de l’œuvre de Juvénal

L’œuvre de Juvénal est importante dans la mesure où elle met en exergue certaines pratiques des gouvernant actuels dans le monde. La définition romaine ou littérale de la dictature a évolué, mais en pratique elle n’a pas du tout changé. Considérée comme un pouvoir détenu par un magistrat tout puissant sous les ordre d’un roi, empereur souverain, la dictature est aujourd’hui définie comme la détention des pouvoirs absolus par une personne. Celle-ci peut être un roi, un président ou toute autre personne selon le régime politique d’un pays.

Aujourd’hui, il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que ces modes de gouvernance à travers la distribution de « panem » et de « circenses » sont encore répandus dans plusieurs pays. Je ne vais pas une énumération exhaustive des pays du monde où ces pratiques existent. Il faut cependant retenir que les pays considérés comme des dictatures les pratiquent encore. Je vais cependant, m’attarder sur un seul pour être plus concret et que je maîtrise assez bien et où je vis actuellement : le Cameroun.

Cela fera l’objet de la seconde analyse.

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