Les Camerounais veulent leur CNI !

J’avais déjà réalisé un reportage sur la difficulté de l’obtention de la CNI au Cameroun, depuis l’année 2017 ! Et visiblement les choses n’ont pas changé. Pourtant à l’époque j’avais entamé la procédure de confection de ma pièce d’identité en décembre 2016, pour ne l’obtenir finalement qu’au mois de mai 2017.
Il faut dire que si ce sujet est devenu une plaisanterie, ce n’est pas du tout drôle ! Et c’est pourquoi j’approuve avec force et énergie l’initiative de Anne Féconde Noah, la citoyenne qui a lancé le mouvement #JeVeuxMaCNI.
Parce que dites-moi : qu’est-ce qui peut expliquer qu’à l’ère du numérique, on en soit encore à tergiverser sur de la paperasse dans un pays qui compte sensiblement une trentaine de millions d’habitants ? Comment comprendre qu’une pièce aussi essentielle, la pièce d’identification par excellence, soit devenue l’objet principal de marchandages, de corruptions en tous genres, d’instrument d’intimidation, voire même de contrôle de la population ?
Je suis tout aussi étonné parce que, dans un pays ordinaire, la carte nationale d’identité devrait s’établir en moins de vingt-quatre heures ! Si, si. Puisque lorsque tous les éléments nécessaires à sa constitution sont réunis, qu’est-ce qu’il faudrait de plus ? Pourquoi faire voyager tous ces documents vers Yaoundé et pourtant le chef de l’Etat avait bien précisé que nous sommes déjà entrés dans la décentralisation ?

La carte d’identité est pourtant une pièce capitale : c’est avec elle qu’on s’inscrit dans les écoles ; c’est avec elle qu’on se fait enregistrer dans les établissements publics ou lors des voyages ; c’est par elle qu’on peut faire établir son passeport ; c’est grâce à elle qu’on peut recevoir de l’argent de l’étranger, ou alors mener à bien ses opérations financières dans les instituts bancaires. Sans parler de l’identification des contribuables, de l’inscription sur les listes électorales, de la perception des salaires, de l’établissement des actes de naissance, de la signature des contrats de bail, de la sécurité intérieure, etc.
Alors, le fait de voir qu’il faille attendre un, deux, trois voire quatre ans pour entrer en possession de ce bien indispensable, est une anomalie et une aberration. De quoi s'agit-il ? Un problème technologique ? Seulement ? Une histoire de carton comme on nous a déjà habitués avec la difficulté d’obtenir le passeport biométrique ?
Et le DGSN qui se permet de déclarer qu’il y a eu des retards dans la livraison du matériel, et que ces lenteurs seront bientôt résorbées. Il a même ajouté que « l’ancien système » présentait des failles, et que c’est pour cette raison que des individus se retrouvaient avec plusieurs identités simultanées (sic).
En un mot comme en mille, On veut nos CNI ! Les Camerounais ne sont pas responsables de vos déficits administratifs ni de vos gabegies budgétivores. Le peuple demande simplement à se transformer en citoyens, et à pouvoir mener librement ses activités. Déjà que cette pièce d’identité devait être gratuite parce qu’il s’agit effectivement d’une pièce indispensable. Mais au lieu de cela elle nous coûte la peau des fesses, et je ne vous parle même pas des tracasseries que vous rencontrez durant le processus d’identification pour votre CNI...
Ecclésiaste Deudjui
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