Lifestyle > Travel

Sorel Fabiola MEMIKAM : « Il faut absolument visiter Baloum »

6 hours ago - 5 Minutes

Du 20 au 25 octobre 2025, le Cameroun célèbre la 37e Journée mondiale de lutte contre la poliomyélite. Cette année, la campagne met le genre au cœur des stratégies de vaccination. À Nkolmesseng, Sorel Fabiola Memikam, étudiante en deuxième année de maïeutique, se souvient de sa mission d’octobre 2024 comme si c’était hier. Quatre jours de marche, de portes à frapper, de parents à convaincre… et d’enfants à vacciner. Et parfois, des réactions inattendues, où le simple fait d’être un homme ou une femme pouvait tout changer. Entre seringues et sourires, Fabiola glisse quelques souvenirs de Baloum, son village natal aux grottes profondes, aux danses secrètes… et aux femmes qui font caler les touristes.

Voyage en hauteur : Pourquoi avoir choisi de participer à la campagne de vaccination ? Tu aurais pu refuser.

Je n’ai pas refusé parce que je suis convaincue que la vaccination est une très bonne chose. La poliomyélite est une maladie extrêmement dangereuse, surtout pour les enfants de moins de 5 ans. Elle fait partie des cinq principales maladies que l’on peut éviter grâce à la vaccination. Elle peut entraîner des paralysies irréversibles et, dans certains cas, la mort. Lorsqu’un cas est suspecté, même avant la confirmation en laboratoire, il faut réagir immédiatement. Cela signifie lancer une campagne de vaccination dans la zone touchée et, si nécessaire, dans tout le territoire. C’est une urgence sanitaire. La rapidité de la réponse est essentielle pour éviter une propagation. Le vaccin est sûr, efficace, et reste notre meilleure arme contre le poliovirus. Se faire vacciner, c’est se protéger et protéger les autres.

Voyage en hauteur : Quel est le mode de transmission ?

La poliomyélite se transmet principalement par la voie fécale-orale, c’est-à-dire par ingestion d’eau ou de nourriture contaminée par les selles d’une personne infectée. Elle peut aussi se propager par inhalation de sécrétions oropharyngées, comme celles produites en toussant ou en éternuant. La maladie est très contagieuse et le virus est le plus transmissible avant et après l’apparition des symptômes. Les enfants sont les plus exposés.

Sorel Fabiola Memikam 
Sorel Fabiola Memikam 

Voyage en hauteur : Comment se passe la mobilisation des agents de vaccination sur le terrain ?

Du 20 au 25 octobre 2025, le Cameroun célèbre la 37e Journée mondiale de lutte contre la poliomyélite. Crédit : PEV Cameroon
Du 20 au 25 octobre 2025, le Cameroun célèbre la 37e Journée mondiale de lutte contre la poliomyélite. Crédit : PEV Cameroon

La campagne dure quatre jours. Le premier jour, nous nous retrouvons au centre de santé pour recevoir les consignes. On nous apprend à coder les portails des maisons selon le nombre d’enfants et leur statut vaccinal. Le deuxième jour est consacré à la descente dans les écoles. Le troisième jour, nous faisons du porte-à-porte pour atteindre les enfants non scolarisés. Le quatrième jour est dédié à la révision pour s’assurer que toutes les zones ont été couvertes.

Voyage en hauteur : Est-ce que les parents sont réceptifs ?

J’ai observé deux attitudes. Certains parents sont bien informés et accueillent favorablement la vaccination, ce qui est encourageant. D’autres, par ignorance ou peur, sont réticents. Ils pensent parfois que nous voulons contaminer leurs enfants. Dans ces cas, pour les convaincre, nous expliquons les conséquences de la maladie, notamment la paralysie.

Administration du vaccin polio-oral aux enfants de 0 à 5 ans. Crédit : Sorel Fabiola Memikam
Administration du vaccin polio-oral aux enfants de 0 à 5 ans. Crédit : Sorel Fabiola Memikam

Voyage en hauteur : As-tu une anecdote du terrain à partager ?

Oui ! Je me souviens d’une dame vivant dans une zone marécageuse avec ses quatre enfants. Elle ignorait tout des vaccins et ses enfants souffraient du paludisme. Nous lui avons conseillé d’utiliser des moustiquaires imprégnées et l’avons sensibilisée sur les vaccins contre la poliomyélite. Elle avait accepté la vaccination de ses enfants. Elle était très reconnaissante.

Voyage en hauteur : Quel message adresses-tu aux parents encore réticents ?

Chers parents, si nous prenons le temps de venir vers vous, c’est pour sauver vos enfants. Même s’ils ne sont pas malades aujourd’hui, le vaccin est la meilleure prévention. La poliomyélite est grave, et notre action est pour leur bien.

La vaccination est le meilleur moyen de prévenir la survenue des paralysies causées par le virus de la poliomyélite ainsi que des maladies évitables par le vaccin.

Faisons vacciner nos enfants âgés de 0 à 5 ans contre la poliomyélite ! »

Voyage en hauteur : As-tu rencontré des difficultés sur le terrain en raison de ton genre ?

Non, au contraire. Une fois, mon collègue et moi sommes arrivés chez une dame en bas d’une colline. J’étais fatiguée, alors il est descendu seul. Mais la dame a refusé de le recevoir parce qu’il était un homme et venait du Nord-Ouest. Quand elle m’a vue, elle a accepté les vaccins.

Receive my Stories your e-mail inbox as soon as I publish them.
Subscribe to my Blog
Sorel Fabiola Memikam, fille Baloum.
Sorel Fabiola Memikam, fille Baloum.

Voyage en hauteur : Quelle est la place du tourisme dans ta vie ?

Le tourisme, c’est comme un livre. Quand tu le lis, tu t’impliques dans son histoire.

Mon village ! Il faut absolument visiter Baloum. Il y a de bons plats, de belles femmes, et un vivre-ensemble incroyable.

Voyage en hauteur : Quelles destinations as-tu déjà visitées ?

La destination qui me tient le plus à cœur, c’est mon village Baloum, situé dans le département du Menoua, à l’Ouest du Cameroun. Il abrite une grotte impressionnante qui, autrefois, servait de refuge pendant les périodes de guerre. J’y suis allée une seule fois, mais cette visite m’a profondément marquée. La grotte est si vaste qu’on peut facilement s’y perdre. On y trouve encore des ossements, preuve que des humains y ont vécu il y a plusieurs années. 

Baloum, c’est aussi la chefferie, un lieu fascinant qui incarne notre culture et notre organisation traditionnelle. C’est également le festival culturel.

En décembre 2019, j’ai eu la chance de participer au festival culturel « Ne Touoh Lah » dans mon village Baloum, et c’était tout simplement magique. Ce rassemblement a réuni les filles et fils du terroir autour de Sa Majesté Noussi Pokam Charly Constant, notre chef. Les danses traditionnelles comme le Kouhgan et le couronnement de Miss Baloum ont rythmé les journées.  

L’ambiance était incroyable, les couleurs, les sons, les sourires… tout respirait le vivre-ensemble. Pour moi, ce moment reste un souvenir précieux, une vraie célébration de notre identité et de notre avenir.

Voyage en hauteur : Tu vis à Bamenda, une ville touchée par la crise sécuritaire. Qu’est-ce qui pourrait attirer les touristes s’il n’y avait pas la guerre ?

Malgré la guerre, les gens vivent à Bamenda. C’est une ville propre, avec des habitants disciplinés.

Sorel Fabiola Memikam a l’hôpital régional de Bamenda.
Sorel Fabiola Memikam a l’hôpital régional de Bamenda.

Voyage en hauteur : Comment vivez-vous avec la crise ?

On court pour survivre !

Voyage en hauteur : Qu’aimerais-tu visiter au Cameroun ?

J’aimerais visiter tout le Grand Nord, surtout Ngaoundéré.

Voyage en hauteur : Si un touriste étranger te demande un lieu à visiter absolument ?

Mon village ! Il faut absolument visiter Baloum. Il y a de bons plats, de belles femmes, et un vivre-ensemble incroyable.

Voyage en hauteur : Un mot de fin pour encourager les gens à visiter le Cameroun ?

Je ne vais pas les conseiller de venir (éclat de rire). La vie est chère, les routes sont mauvaises, et il y a un peu d’insécurité. Mais il y a quand même de grands hôtels.