Tourisme et santé mentale : ces voyages qui soignent l’âme
Oui, voyager, randonner, découvrir un nouveau lieu peuvent apaiser le mental.
Chaque 10 octobre, la planète marque une pause pour parler de ce que nous négligeons trop souvent : la santé mentale. Une occasion précieuse pour parler de bien-être, de stress, de résilience, de dépression, d’anxiété, de burn-out… et aussi de tourisme. Oui, voyager, randonner, découvrir un nouveau lieu peuvent apaiser le mental, éclaircir les pensées, et même, dans certains cas, sauver une vie.
Mon refuge s’appelle nature
Je suis de ceux qui trouvent la paix dans la marche. Quand tout va mal, quand les idées deviennent lourdes, je lace mes chaussures et je m’éloigne. À chaque randonnée, je dépose un peu de ce poids invisible au bord du sentier.
Un lieu m’a particulièrement marqué : le lac de Minkoayos, situé près de Nkolbissong, dans le septième arrondissement de Yaoundé. Là-bas, le calme n’est pas qu’un mot : c’est une sensation. Le bleu profond de l’eau, la densité des arbres autour, les oiseaux au loin… J’y suis allé lors d’une période difficile, et je me souviens encore de ce moment où, face au lac, j’ai simplement respiré. Longtemps. En silence. Et j’allais mieux.

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Plus loin dans le temps, j’ai visité le lac Tison à Ngaoundéré. Ce jour-là, la pluie menaçait et mon moral n’était pas au beau fixe non plus. Mais une fois arrivé sur place, malgré les flaques, la boue et le froid, j’ai ressenti une joie simple, indescriptible. Celle de me reconnecter à moi-même, loin du bruit, du stress. Ce lac de cratère s’étend paisiblement au creux d’un écrin de verdure, ses eaux verdâtres frémissant sous les premières gouttes. Autour, les collines tapissées d’arbres formaient une barrière naturelle, comme si le monde extérieur n’existait plus. Ce silence, seulement troublé par le chant discret des oiseaux et les commentaires des compagnons de visite, m’a enveloppé d’une sérénité. Cette visite sans doute l’un de mes plus beaux souvenir de voyage.
Une randonnée, une vie sauvée
Mais s’il y a un souvenir que je garde au plus profond de mon cœur, c’est celui de cette randonnée au mont Yéyé, avec Anne, une amie très proche. Un jour avant, elle m’avait appelé. Sa voix tremblait. Elle m’a dit : « Je suis fatiguée. J’en peux plus. J’ai envie de tout arrêter », et après un moment d’hésitation, nous avons convenu de faire une randonnée ensemble.
Nous avons marché, parlé, respiré pendant plus de deux heures. En haut, le paysage était sublime. Le vent soufflait doucement. Le soleil perçait à travers les nuages. Et là, Anne s’est tournée vers moi et a dit :
« J’étais venue en pensant que ce serait peut-être ma dernière balade. Mais là, maintenant, j’ai envie de vivre encore. Je me sens légère. Merci. »
Ce jour-là, j’ai compris que la nature ne juge pas, elle accueille. Et qu’un simple moment passé en pleine nature peut changer une trajectoire.
Besoin de faire une randonnée pour décompresser ? Laisse moi un message.
Le regard du psychologue : « Le tourisme est une thérapie douce pour la santé mentale. »
Pour mieux comprendre ce lien entre tourisme et santé mentale, j’ai échangé avec le psychologue Kloran Sardou, président de l’association S.O.S Santé Mentale et Bien-Être pour tous basée à Yaoundé.
« Le tourisme peut être un levier puissant de mieux-être psychologique. Voyager, c’est s’offrir une parenthèse, une respiration, un espace de reconnexion à soi. Le fait de bouger, d’être exposé à la lumière naturelle, de faire une activité physique comme la marche ou la randonnée, déclenche la libération d’endorphines, les fameuses hormones du bonheur. Voyager, c’est souvent offrir à son cerveau un reset émotionnel. »
Il insiste également sur l’importance de déculpabiliser le besoin de s’évader. Ce n’est pas de la fuite. C’est parfois une thérapie.
« Le tourisme ne se résume pas à l’évasion : il devient un acte thérapeutique. Il permet de rompre avec les schémas de stress, de raviver l’estime de soi, de stimuler la curiosité et de réactiver la joie simple d’exister pleinement. Dans un monde où les troubles mentaux gagnent du terrain, il est urgent de considérer le voyage comme une ressource précieuse pour la santé mentale. »
Se soigner par la marche… mais aussi par la parole
Si marcher, voyager, contempler peuvent soulager, ils ne remplacent pas un accompagnement professionnel. Trop souvent, on minimise nos souffrances, on se dit que « ça va passer ». Parfois, oui. Mais souvent, non.
Consulter un psychologue n’est pas un aveu de faiblesse. C’est un acte de courage. C’est reconnaître qu’on mérite d’aller bien, et qu’on a besoin d’aide pour y arriver.
Le tourisme peut être une première étape vers la guérison. Une porte qu’on ouvre. Mais au-delà du sentier, il y a aussi le dialogue, l’écoute, la thérapie. Il est essentiel que chacun, surtout les jeunes, sache qu’il a le droit d’avoir mal, et le droit de demander de l’aide.
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… et si la prochaine destination était votre mieux-être ?
En cette Journée mondiale de la santé mentale, je vous invite à vous poser une question simple : quand avez-vous pris le temps de respirer pour la dernière fois ? Pas juste respirer physiquement, mais vivre un moment où votre esprit se sent libre.
Partez. Même à dix minutes de chez vous. Allez au bord d’un lac, en haut d’une colline, dans un quartier que vous ne connaissez pas. Et si vous vous sentez vraiment mal, n’attendez pas que ça passe tout seul. Consultez. Parlez. Ouvrez-vous.
Parce que le plus beau voyage, c’est peut-être celui qui mène vers soi-même.