Le groupe de Foumban : un mort-né
Le groupe de Foumban
Après Le groupe de Douala, Le groupe de Foumban voit le jour. La première rencontre a eu lieu dans la ville de Foumban à l’ouest du Cameroun. Il a été constitué pour un seul objectif principal : trouver un consensus pour le choix d’un seul candidat pour la présidentielle du 12 octobre 2025. À peine il a vu le jour, le groupe s’est éteint aussitôt. Malgré tout, il mérite tout de même une attention particulière.

Les rencontres de Foumban et de Yaoundé
C’est dans la ville de Foumban que Le groupe s’est constitué à la demande de la candidate de l’UDC, Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya. La première rencontre avait ainsi pour objectif de mettre les bases d’un groupe solide. Les candidats à la présidentielle du 12 octobre avaient ainsi un lieu où chaque préoccupation devrait avoir une solution.
Le groupe de Foumban a une particularité. Il a été constitué juste après la publication officielle le 26 juillet 2025 de la liste des candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025. On peut cependant penser qu’il regroupe seulement les candidats retenus par Elecam pour la présidentielle. C’est un débat qui a eu lieu entre les candidats de l’opposition retenus. Il était ainsi question de débattre afin d’élargir ou non le groupe aux autres personnes physiques ou morales en dehors des candidats retenus. Finalement, un consensus a été trouvé et les portes du groupe ont été ouvertes aux autres.
La deuxième rencontre du groupe de Foumban a eu lieu à Yaoundé du 8 au 10 août 2025. Le choix de Yaoundé pour la suite des discussions est une volonté exprimée par certains leaders. En effet, ils ont estimé que la capitale politique est mieux pour des raisons de logistiques. En pleine période électorale, il était plus stratégique de rapprocher les rencontres à Yaoundé pour avoir la participation optimale. La capitale politique est considérée comme le lieu de convergences des stratégies de campagnes électorales. Les leaders qui étaient absents à Foumban ont ainsi marqué leur présence à Yaoundé.
Le groupe de Foumban : de quoi s’agit-il ?
Comme il est de coutume lors des échéances électorales, les regroupements des leaders politiques et de la société civile ont un seul objectif : recherche d’un « candidat unique » ou encore d’un « candidat de consensus » (la terminologie importe peu ici). C’est exactement ce pourquoi tous les autres regroupements sont nés et particulièrement celui dénommé Le groupe de Douala. Que peut-on dire du groupe de Foumban ? Selon Jean Moïse Mbog, militant du Front du salut national pour le Cameroun (FSNC), présent à la rencontre de Foumban, déclare, dans une émission « Grand Débat » de Cam 10 Télévision, ce qui suit : « Il ne s’agit pas d’une coalition. C’est un appel à l’unité de l’opposition dans l’attitude et le discours. Le problème du Cameroun, c’est le RDPC. Il ne faut pas se tromper d’adversaire ».
Le groupe de Foumban n’a donc rien à voir avec les autres regroupements comme celui du groupe de Douala. Pour ce dernier, c’est la recherche d’un candidat de consensus qui guidait les discussions et les débats. Le groupe de Foumban est tout simplement différent de par sa conception, sur la forme et le fond. Son objectif, selon Jean Moïse Mbog, n’est donc pas la recherche de consensus sur le choix d’un candidat qui va se présenter à l’élection au nom du groupe. Le groupe travaille pour la convergence des forces pour la mutualisation des moyens de contrôle et de pressions.
Ce discours contraste avec celui contenu dans les résolutions du communiqué publié le 10 août 2025. C’est à la suite des discussions tenues à Yaoundé et élargies aux autres leaders en dehors des candidats présents. Ce communiqué comporte deux points essentiels.
- Consolidation du programme à travers un comité technique qui va travailler sur l’harmonisation de chaque programme de chaque candidat afin de concevoir une synthèse dans un programme unique
- Un autre comité créé sera chargé de la gestion des représentants du candidat dans les bureaux de vote afin d’assurer le contrôle des voix et la collecte des PV
À ces deux points précédents, s’ajoute un troisième qui est moins visible, mais qui reste pourtant le plus essentiel des deux. C’est justement la recherche du « candidat consensuel ». Le communiqué précis bien que : « les candidats ont convenu de poursuivre les consultations pour la candidature consensuelle en allant à la rencontre des autres candidats et leaders politiques ». Cela signifie bien que l’option de la recherche d’un candidat consensuel reste toujours d’actualité.
Pourquoi Le groupe de Foumban s’achève sans la désignation d’un candidat consensuel ?
Le groupe de Foumban finit comme il a commencé. Deux rencontres ont suffi pour le voir s’éteindre sur-le-champ. Au départ, sept leaders de partis politiques et donc six candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025. Mais, il faut noter également que quelques leaders importants ont tout de même brillé par leur absence alors qu’ils étaient attendus. On peut Joshua Osih du SDF et Cabral Libii du PCRN. Chacun pour des raisons personnelles et personne ne savait jusque-là. Plus tard, le temps a permis de constater que ces deux leaders n’ont aucune volonté de participer aux discussions pour une éventuelle coalition. Les raisons évoquées par les équipes de campagne qui les accompagnent, sont liées au fait que la candidature des leaders est le résultat d’une coalition dont ils ont été sollicités.
Quant à Bello Bouba Maïgari, sa présence est conditionnée à une restriction stricte des participants pour éviter de participer aux travaux avec des leaders qui, selon lui, ne sont pas digne de confiance. Pour ce qui concerne Hiram S. Iyodi, son absence n’a été notifiée par aucune explication. Le président du parti FDC, Denis Emilien Atangana était pourtant présente la veille et est reparti sous le chapeau des roues prétextant une activité en cours. Pour Agbé Bougha, candidat du Pal, malgré sa présence avec le président du parti, a quitté les travaux dès la première journée. Les raisons évoquées restent une mobilisation du parti sur le terrain. Enfin, Issa Tchiroma Bakary, qui fait jusqu’ici preuve de rapprochement, n’a malheureusement aux travaux que pendant une heure et demie pour une « activité à domicile ».
Finalement, Le groupe de Foumban est resté réduit à quatre leaders. Malgré la volonté de faire intégrer Maurice Kamto, l’un des candidats recalés par le Conseils constitutionnel, rien n’a changé. Il ne restait plus que Ateki Seta Caxton, Akéré Muna, Tomaïno Ndam Njoya et Serge Espoir Matomba. Sur les onze candidats de l’opposition, seuls ces quatre ont tenu ferme jusqu’au bout. Ils ont participé à deux jours de travaux à Yaoundé. Peut-on conclure que l’échec du Le groupe de Foumban est dû au peu d’intérêt que les candidats lui accordent ? Cela semble une évidence d’autant plus qu’après la rencontre de Yaoundé, les leaders ne se sont plus rencontrés.
Des raisons de l’échec ont été évoquées en sourdine. La plus probable est justement la non-harmonisation des objectifs du groupe. Chaque leader venait avec son objectif personnel qui n’a rien à voir avec l’objectif général. La recherche de la coalition comme objectif général n’était pas partagée par tous, pourtant, le 12 octobre, tous les candidats sont appelés à chasser le président Paul Biya au pouvoir depuis 1982. D’autres encore évoquent l’agenda trop serré des candidats. Après la publication officielle de la liste électorale, les candidats sont déjà à pied d’œuvre pour la préparation de leur campagne dans leurs différentes QG. C’est la raison pour laquelle Le groupe de Douala et Le groupe de Foumban ont cédé leur place à l’Union Pour le Changement piloté par Anicet Akanè.