Literature > Romance

La vie compliquée de Tchana-Robert

By Nelly Carelle

Aug 31, 2025 - 12 Minutes

Les chroniques de Nelly carelle 

**Chapitre 5 **

*Le Refus*   

Je me demandais parfois comment je parvenais à exceller dans mes études tout en vendant dans la rue à mon retour à la maison. Je rentrais souvent exténuée, la faim me tenaillant le ventre.

Je me contentais des restes laissés par ma mère, même si c’était peu. Je les prenais et n’oubliais pas de dire merci à chaque fois. Je faisais descendre le tout avec de l’eau, puis je priais.

Je me couchais près de ma mère dans le silence. Il arrivait que je passe mes nuits seule, car elle allait se faire de l’argent en se prostituant dans les bars.

À trois heures du matin, je devais déjà être debout pour réviser mes leçons et préparer ma journée.    

  Le mercredi, je rentrais plus tôt de l’école, car nous finissions les cours à midi.

C’était également le jour de repos pour Sally. Elle n’avait pas cours et ne travaillait pas non plus. Je m’arrêtais chez elle, accueillie par une bonne odeur de sauce tomate.

Pas le temps de changer ma tenue de classe, et d’un trait, je frappais à la porte de Sally. Elle ouvrit et se mit à sourire en me voyant.

Je grandissais si vite que Sally et moi avions désormais de la même taille. Elle m’accueillit très chaleureusement. Je m’assis sur l’une de ses chaises et posai mon sac à mes pieds.


— Comment était ta journée, ma lycéenne ?

— La routine, rien d’extra. Des profs qui parlent et donnent des devoirs…

— Haha ! Brillante façon de relater ta journée. J’espère au moins que tu en as retenu beaucoup de leurs enseignements.

— Tu sais que je capte vite, je n’ai pas besoin de lire un cours pour le comprendre. Dès que l’enseignant fait cours, je l’ai déjà assimilé. Ils m’appellent en classe le génie.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne fais pas beaucoup d’efforts. J’assimile vite et restitue bien ce que j’ai appris.

— Ils aimeraient bien avoir ta place.

— Ils aimeraient bien, les mecs.

— Haha ! Nous nous mettions à rire.

— J’ai fait ton repas préféré. Je savais que l’odeur allait t’attirer ici.

— Tu me connais trop bien, Sally. Haha !

— Une bonne sauce tomate au poulet et du riz, comme tu aimes.

— Je sens déjà que je vais me régaler.    


 Sally me servit à manger avec du jus d’ananas comme dessert. Ma journée était bénie. Je remerciais le ciel pour m’avoir donné une grande sœur telle que Sally. Je mangeais avec appétit, telle une évadée de prison.

Sally ne pouvait pas s’imaginer que c’était mon premier repas de la journée. Je prenais un taxi pour rentrer, et ma mère ne me donnait pas d’argent pour le trajet.

Je me levais tôt pour marcher à pied, et j’arrivais parfois en sueur et fatiguée à l’école. Avec le temps, mes chaussures avaient fini par s’user à cause de la marche.

J’avais parfois droit à une pièce de cent francs CFA pour le goûter, que ma mère me donnait les jours où elle était de bonne humeur. Le remplissage de ma panse à l’école dépendait de son humeur.


— Depuis quelques mois, je trouve que tu écoules très rapidement la marchandise de ta mère, tu rentres moins tard qu’à l’accoutumée.

— C’est vrai. Je vais te dire un truc, mais tu le gardes pour toi. Ne le dis à personne, s’il te plaît. Si ma mère l’apprend, elle me tuera.

— Hum, j’espère que ce n’est rien de grave ?

— Bien sûr que non, tu me connais, je ne me mettrais jamais dans des situations compliquées.

— Dis-moi tout, je t’écoute.

— Depuis quelques mois, j’ai un client fidèle qui me rapporte de l’argent. Il achète au moins cinq mille francs CFA de fruits.

Il me suffit juste de l’attendre à sa sortie de boulot, et je le ravitaille en fruits.

C’est un jeune, très sympa, un enfant de riche mais très humble, et il me laisse toujours un joli pourboire. Absolument !

Voici une version corrigée de ton texte, avec quelques suggestions pour fluidifier le tout :

— J’espère juste qu’il n’a pas de mauvaises intentions à ton égard. Tu es une jeune fille, et qui plus est, tu es belle. Je n’aimerais pas qu’un homme profite de toi.

— Non, Grec n’est pas comme ça, Sally.

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— Grec, c’est donc son nom ?

— Oui.

— Tu sembles en savoir beaucoup sur lui pour un simple client.

— Pas vraiment. Je sais juste qu’il travaille dans la rue qui précède celle des impôts. Il roule dans de belles voitures. Il a vingt-cinq ans et est l’aîné de trois enfants.

— Tu en sais beaucoup trop sur ton client. Fais juste attention à toi. Tu ne voudrais pas finir avec une grossesse et aigrie comme ta mère, parce que le père a préféré fuir.

— Je ne finirai jamais comme ma mère. Jamais.

— S’il commence à avoir des gestes déplacés envers toi, fais-le moi savoir.

— D’accord, Sally. Mais je te le répète, Grec n’est pas comme ça. Si tu le voyais et le côtoyais, tu verrais qu’il est très humble et gentil.

— Il ne faut jamais faire confiance aux hommes. Ce sont des loups assoiffés de chair, et ils raffolent de chair fraîche comme la tienne. Limite-toi à vendre tes fruits sans entamer de conversation personnelle avec lui.

— D’accord, j’ai compris. Mais il n’y a rien à craindre. Je le redis, c’est une bonne personne.

— La confiance n’exclut pas la méfiance. Les loups se déguisent toujours pour mieux sauter sur leurs proies.

— Sally, tu es pessimiste. Tu me fais déjà peur avec tes suppositions.

— J’arrête alors. Désolée de m’inquiéter pour toi et de te mettre en garde.

— Je n’ai pas voulu dire ça. Ne le prends pas mal, Sally. Tu sais que tu es comme ma grande sœur et que tes conseils sont toujours bons.

— Bref. Fais attention à toi, Aya. Tu as un brillant avenir devant toi, ne fais pas confiance aux hommes, tu ne peux compter que sur toi-même.

— D’accord, j’ai compris.

— J’ai une surprise pour toi.

— Je suis déjà toute excitée. De quoi s’agit-il ? Sally prit un paquet posé sur sa commode et me le donna.

— Il est pour toi. Mes yeux brillaient, elle m’avait fait un cadeau.

— Waouh, merci Sally. Qu’est-ce que c’est ?

— Ouvre-le. Je m’empressais d’ouvrir mon présent.

Je découvris une très belle robe couleur rose saumon, accompagnée d’une paire de ballerines noires avec un reflet blanc sur le devant.

Elles étaient chics et faisaient dame. Il y avait également des bijoux : une belle chaîne avec mon prénom gravé dessus et une petite montre argentée…


— Mais… ce n’est pas mon anniversaire. C’est réellement pour moi, Sally ? lui demandai-je, les yeux embués de larmes.

— Bien sûr que oui, ma petite sœur. Ça te plaît ? Je secouai la tête, submergée par l'émotion. Sally me prit dans ses bras.

— Aya, tu pleures si facilement. Une vraie Madeleine ! me dit-elle sur un ton plaisantin.

— On ne m’a jamais fait de cadeaux. Ils sont magnifiques.

— Ravie que tu aimes. Tu les mettras la semaine prochaine pour ma fête d’après soutenance. Tu pourras également faire connaissance avec ma petite famille, ils seront là pour ma sortie d’école.

— Waouh ! Je suis heureuse pour toi, Sally. Tu as fini avec les études.

— Oui, oui. Ta grande sœur sera diplômée d’un master en gestion et management des entreprises.

— Je suis fière de toi, Sally, mon modèle.

— Merci, Aya. C’est aussi ta victoire.

T’avoir dans ma vie durant ces années dans cette cité a été un pur bonheur.

Moi qui étais si triste de quitter ma famille il y a cinq ans, Dieu m’a fait grâce de trouver une petite sœur de cœur et des amis inestimables dans cette cité. Je t’aime beaucoup, ma petite Aya.

Sally parlait, et je voyais de la tristesse dans son regard, elle se retenait de pleurer.

— Je t’aime aussi, Sally. Pourquoi parles-tu comme si tu allais me quitter ?

— Euh… ne fais pas attention. Je suis juste émotive, parfois la nostalgie des beaux jours refait surface. — Hum ! Si tu as l’intention de me quitter, je te suivrai où que tu ailles.

— Haha ! Et tu laisseras « Cœur de Pierre » à qui ? « Cœur de Pierre » était le petit nom que Sally avait attribué à ma mère.

Ça me faisait rire, mais en même temps, ça me rendait triste de savoir que ma sœur renvoyait une image aussi négative.


— T'inquiète pas, je ne lui manquerai pas. Elle m'a déjà dit que si je venais à mourir, ça lui soulagerait d'un poids.

— Je suis désolée d'entendre ça, tu mérites tellement mieux comme mère. C'est vraiment cruel ce qu'elle te dit. Aucune mère ne souhaiterait du mal à son enfant.

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— Je suis déjà habituée. C'est ma mère, je n'en ai pas deux.

— Tu as vraiment un cœur en or. Ne change surtout pas.

— D'accord. Et alors, c'est quoi la suite après ta soutenance ?

— Euh… je ne sais pas encore. Quand je serai fixée, je te tiendrai informée. Je soutiens mercredi prochain.

— Je vais demander la permission à maman.

— J'espère qu'elle acceptera et te laissera festoyer avec nous ! Quand tu rentreras, tu trouveras Annie, vous viendrez ensemble. Mon fiancé a loué un restaurant en ville pour l'occasion. La fête est prévue pour deux heures de l'après-midi.

— Ton fiancé ? J'ai bien entendu ?

— Oui ! Je te le présenterai ce jour-là. Il s'appelle Roland, je lui parle parfois de toi. Il te connaît déjà un peu, il ne manque plus qu'il te voie. Tu l'aimeras, c'est un homme bien.

— Sally, tu es une vraie cachotière ! Je n'ai jamais vu un homme te rendre visite chez toi.

— Une femme doit toujours rester digne. Ce n'est pas parce que j'ai un toit que je dois y faire défiler les hommes. Je dois être un exemple pour toi.

Tu sais, il a beaucoup trimé derrière moi avant que j'accepte ses avances.


.— Haha ! J'imagine, tu es si difficile !

— Quand tu connais ta valeur en tant que femme, tu imposes le respect.

Lorsqu'un homme veut réellement de toi pour une relation sérieuse, il met tout en œuvre, à travers les actes qu'il pose, pour que tu sois sa femme. Et Roland l'a fait.

Ça faisait deux ans que nous nous connaissions, et un an que nous sommes ensemble. Après quelques mois, il a cherché à voir mes parents.

C'est quelqu'un de très croyant, simple et dynamique. J'ai hâte de faire ma vie avec lui et d'être sa femme.

— Waouh, tu parles de lui avec des étoiles plein les yeux !

— C'est vrai ?

— Oui !

— Haha ! On se met à rire.

— J'ai hâte d'être parmi les demoiselles d'honneur. Ma grand-sœur va se marier !

— Haha ! Ce n'est pas encore pour tout de suite. Mais par la grâce de Dieu, ça se fera.

— Je vous mettrai en prière. J'aime les histoires qui se terminent bien, et la vôtre est déjà un beau conte de fées.

— Merci Aya. J'étais heureuse pour Sally. Elle méritait amplement tout ce bonheur. J'avais hâte de rencontrer ce fameux Roland qui faisait pétiller les yeux de ma grand-sœur.

Mais avant, il fallait que ma mère m'autorise à aller à la fête de Sally.

Je réfléchis tout le long de la soirée à la manière dont je devais m'y prendre. J'attendis le samedi. J'avais reçu beaucoup de pourboires de la part de Grec.

Les pourboires qu'ils me donnaient variaient de deux mille à cinq mille francs CFA.

J'avais amassé à peu près cent mille francs CFA, une énorme somme d'argent. J'étais heureuse. Je gardais cette somme dans une boîte que j'enfouissais dans un trou de la maison, rongé par les souris.

J'avais écrit mon prénom sur la boîte. J'ai eu une idée pour demander la permission à ma mère. C'était un samedi, j'avais fait un petit programme dans ma tête.

J'ai pris trois mille francs CFA de ma boîte à pourboires, j'allais me rendre au marché une fois que j'aurais fini de vendre ma marchandise.

Sur une petite feuille, j'avais écrit les ingrédients dont j'aurais besoin pour le menu que je souhaitais préparer pour ma mère : j'avais opté pour du poisson à la moelle avec des légumes, accompagné de plantains frais.


Et comme dessert, une bonne bière que j'achèterais au quartier.

La bière était la boisson préférée de ma mère, elle raffolait de la bière 33, communément appelée la "boisson des pères" car elle était beaucoup consommée par eux. Ce n'était pas vraiment un dessert, mais pour ma mère, si...

Elle n’était pas là, alors ça me laissait le temps de faire un grand ménage dans la chambre avant d’entamer la cuisine.

Je faisais le ménage partout, je lavais tous les draps et les habits sales.

La pièce brillait de mille feux. J’avais brossé tous les recoins de la pièce.

Une fois la propreté effectuée, je m’attaquai à la cuisine. Je mis moins d’une heure à la terminer.

Je vis ma mère arriver. Les cordes étaient occupées par nos vêtements, et une bonne odeur s’empara de la maison.

Elle se demandait ce que j’avais bien pu trafiquer cette fois.

Elle entra dans la chambre qui brillait de mille feux. Tout était propre, jusqu’à notre vieille plaque à gaz que j’avais méticuleusement nettoyée.

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— Que se passe-t-il ici ? me demanda-t-elle, toute surprise. J’étais assise sur notre vieux canapé, toute sereine, affichant un sourire.

Je me levai et allai l’accueillir.

— Maman, viens t’asseoir, je t’ai fait une surprise. Aucune émotion ne transparaissait sur son visage.

Elle s’assit sur le vieux canapé et me regardait. Je portais les deux plats que j’avais dressés, couverts, et les posai devant elle.

— Pour la plus belle maman du monde et la meilleure. J’ai fait ce plat pour toi. J’enlevai les couvercles pour qu’elle découvre le menu : un beau thon entier à la poêle avec ses légumes, et dans l’autre plat, des plantains mûrs frits.

— Et on n’oublie pas le dessert ! Je posai la bouteille de bière sur la table.

— Et tout ça, c’est en quelle honneur ? Tu as pris tout cet argent où, Aya ?

— Maman, c’est pour toi, je voulais te faire plaisir. C’est l’argent que tu me donnes au quotidien, je me suis privée de goûter pour te faire plaisir.

— Bonne nouvelle. Donc je devrais supprimer l’argent de goûter, étant donné que tu réussis à tenir sans ça.

— Non maman, c’est pour te faire plaisir, ma petite maman. J’aimerais tellement qu’on soit plus proches car je t’aime beaucoup.

— Laisse-moi tes histoires de Disney ici. Nous ne sommes pas chez les Blancs ici. Tu me sers à manger ? Je mange avec les mains ? me demanda-t-elle, l’air agacé.

— Excuse-moi, je te les donne. Je me pressai de le lui donner. Je restai assise sur le lit, à la regarder. Elle mit une première bouchée dans sa bouche.

— Qu’est-ce que tu as à me regarder comme un faux billet ?

— Désolée, est-ce que tu aimes ?

— Non, c’est hideux. Tchuips…


Lorsque ma mère disait cela et continuait de manger, ça signifiait que le repas était bon. Elle était si difficile et si hostile, cette femme.

Savoir l’aborder était tout un art. Je patientai qu’elle finisse son repas. Après quelques minutes, elle avait tout avalé, il ne restait plus rien dans les assiettes. Elle avait bien apprécié.

Elle décapsula sa bouteille de bière avec ses dents et se mit à la boire goulûment. Même un « merci » n’était pas sorti de sa bouche, mais je ne m’en souciais pas.

Le plus important, c’était qu’elle me laisse aller à la fête de Sally.

— Mam…

— Quoi ?

— Sally soutiendra son mémoire ce mercredi…

— En quoi ça me regarde ?

— Il y a une petite fête d’après soutenance à partir de 14 heures dans un restaurant en ville, et elle m’y a invitée, ainsi que les autres voisins.

S’il te plaît, je voudrai que tu m’accordes la permission pour m’y rendre, maman chérie.

— Haha ! Je comprends tout maintenant. C’est non.

— Mais mam…

— J’ai dit non…

— Pourquoi refuses-tu que j’y aille ?

— Qui va vendre mes fruits ?

— Je porterai le double mardi soir et je te promets de tout vendre. Je t’en supplie, ne me refuse pas cela.

Sally est comme une grande sœur pour moi, elle sera déçue que je n’y aille pas, et je serai avec les autres, rien ne m’arrivera.

Je me mis à genoux à ses pieds et la suppliai. Elle continua de boire sa bière, puis me regarda. De plus, elle m’a acheté une belle robe pour cette occasion. S’il te plaît maman, ne refuse pas que j’y aille.

— Je vais y réfléchir…

— Mam…

— Je vais y réfléchir. Si tu continues avec cette histoire, je te fous à la porte.

Les yeux que je vois déjà qui se mouillent, tu arrêtes ça, sinon tu verras de quel bois je me chauffe. Sally par ci, Sally par là… Tchuips, dit-elle sur un ton sévère.

Je n’avais pas le droit de regimber ou d’insister, sinon c’était le passage à tabac. Je connaissais ma mère, « je vais y réfléchir » signifiait également non.


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