UN AMOUR INATTENDU
CHAPITRE 09
Tchuipsss 🤧🤧
- Dispute
- Rire et taquineries

Depuis plusieurs heures, Joriel et Jonnhy sont absorbés par leur partie de PlayStation. À force de s’échanger des provocations, des éclats de rire et des cris de victoire, ils n'ont pas remarqué le moment où Jennifer est descendue en douce pour aller à la cuisine préparer le déjeuner. Ce n’est que lorsque le tintement des couverts sur les assiettes résonne depuis la table à manger que Jonnhy relève la tête, intrigué.
Jonnhy (posant sa manette, bouche entrouverte) : Putain… qu’elle est mignonne, mon Dieu.
Joriel se retourne à son tour et aperçoit Jennifer, concentrée sur ce qu’elle fait, sans même un regard pour eux.
Joriel (marmonnant) : Hum.
Jonnhy (fixant Jennifer) : Mec, pourquoi tu m’as jamais dit que t’avais une femme aussi belle ? Elle a un de ces visages… doux, innocent, on dirait un ange. Sérieusement, t’as trop de chance.
Joriel : Si tu le dis. Allez, reprenons la partie.
Jonnhy (amusé) : Attends, attends… T’as pas dit que t’en voulais pas ? Qu’elle t’énerve ? J’peux tenter ma chance, alors ?
Son regard ne quitte pas Jennifer, jusqu’à ce qu’elle reparte en cuisine.
Joriel (sèchement, le fusillant du regard) : N’y pense même pas.
Jonnhy (levant les mains en signe d’innocence) : Hé, t’emballe pas. T’as des yeux que pour Jessica et tu parles de divorce à tout-va. Franchement, si elle est libre après ça, moi je suis chaud. Cette fille, elle me donne envie de me ranger.
Joriel : Ça ne va pas chez toi ou quoi ?
Jonnhy : Quoi ? Elle te plaît en vrai ?
Joriel : Non. Elle ne me dit rien. Mais ce n’est pas une raison pour que je me fasse cocufier. On est encore mariés, je ne veux pas être ce mec que sa femme trompe avec son meilleur pote.
Jonnhy : Relax, mec. Jamais je n'oserais, tant que vous êtes mariés. Mais après...
Joriel : Tant mieux.
Il détourne les yeux. Il a beau essayer de se concentrer sur l'écran, l'image de Jennifer dans les bras de son pote le dérange plus qu'il ne l'admet.
Jonnhy (doucement) : Dis-moi franchement... elle ne te plaît pas, même un tout petit peu ? Je ne veux pas ruiner notre amitié.
Joriel (après un silence) : Non. Vraiment pas. Même si... il faut l'avouer, elle est magnifique. Elle a tout pour plaire à un homme normal... (Il baisse les yeux, la voix un peu plus basse) Mais pas à moi.
Jonnhy le fixe quelques secondes, sourcils légèrement haussés.
Jonnhy (reprenant sa manette) : Ok mec. Bon, on y retourne ?
Joriel hoche la tête, mais son esprit reste ailleurs. Les mots de Jonnhy résonnent encore dans sa tête. Quelques minutes plus tard, Jennifer revient timidement au salon.
Jennifer : Euh… excusez-moi, c’était juste pour vous dire que le déjeuner est prêt.
Elle fait volte-face aussitôt, mais une voix la retient.

Jonnhy : Bonsoir, ma future femme.
Jennifer s’arrête net, se retourne, un peu confuse.
Jennifer : Pardon ? Bonsoir... Monsieur.
Jonnhy (souriant) : Moi, c’est Jonnhy Depp, le meilleur pote de Joriel.
Jennifer : Moi, c’est Jennifer Ja…
Joriel (l’interrompant sèchement) : Smith.
Jonnhy étouffe un rire, tandis que Jennifer le fixe, surprise. Elle ne dit rien et s’efface pour les laisser passer.
Au moment d’aller à table, elle les sert calmement pendant que Jonnhy ne peut s’empêcher de la regarder. Joriel, lui, observe du coin de l’œil chaque mouvement de son ami. Elle s’apprête à partir discrètement.
Jonnhy : Tu veux pas manger avec nous ?
Jennifer : N…non, je préfère le faire dans ma chambre.
Jonnhy : Pourquoi ? Viens manger avec nous. Joriel, dis quelque chose à ta femme.
Joriel (sans émotion) : Elle mange avec nous si elle veut. Sinon, c’est son problème.
Elle baisse aussitôt les yeux, hésite… puis finit par tirer une chaise et s’installe.
Jonnhy : Hmm… ça sent trop bon. Je vais me régaler. C’est un plat nigérian, non ?
Jennifer : Oui. C’est de l’amala avec de la sauce egusi.
À la première bouchée, Jonnhy lève les mains au ciel.
Jonnhy : C’est une tuerie ! Sérieux, t’es une vraie perle. Belle et cordon bleu ? J’en connais pas beaucoup comme toi.
Jennifer lui adresse un sourire timide. Pendant tout le repas, Jonnhy se montre drôle et attentionné. Même Jennifer, d’habitude réservée, rit à ses blagues. Le tout sous le regard noir et silencieux de Joriel.
À la fin du repas, elle se lève pour débarrasser. Jonnhy insiste pour l’aider, malgré ses refus. Jennifer finit par monter dans sa chambre pendant que les deux hommes restent au salon à discuter devant un match. Ce n’est que vers 22h que Jonnhy décide de rentrer. Joriel le raccompagne jusqu’à la porte. Puis, en remontant à l’étage, il croise Jennifer dans le couloir. Elle tient une carafe vide. En le voyant, elle se retourne aussitôt pour éviter le contact, mais il la rattrape et la plaque brusquement contre lui. Ils se regardent, le souffle court.
Jennifer : Lâche-moi, s’il te plaît…
Joriel (il serre son poignet): Tu peux m’expliquer à quoi tu jouais avec mon pote ?
Jennifer (grimaçant) : Tu me fais mal… et je ne jouais à rien.
Il la serre davantage contre lui.
Joriel : Donc derrière ton air de sainte-nitouche se cache une vraie pute ? Tu crois que j’ai pas vu comment tu le regardais, p’tite garce ?
Elle le repousse avec force, blessée.
Jennifer (les larmes aux yeux) : Ne me traite plus jamais de pute !
Joriel : Et maintenant elle pleure… Tsss. Tes larmes de crocodile ne me touchent pas. Tâche de divorcer d’abord avant d’aller chauffer mon pote.
Jennifer : Pourquoi tu me détestes autant, hein ? Joriel, tu crois que j’ai voulu ce mariage ? Depuis qu’on est ici, tu me blesses chaque jour. J’suis devenue ta bonne, ta femme de ménage. Même le droit de travailler tu me l’enlèves… Et ta folle de petite amie me…
Elle n’a pas le temps de finir qu’il lève brutalement la main et lui claque une violente gifle. Elle chancelle.
Joriel (hurlant) : NE TRAITE PLUS JESSICA DE FOLLE, SALE PUTE DE MERDE !
Jennifer le regarde, les larmes aux yeux.
Jennifer (brisée) : Je te déteste… Je te hais.
Elle s’enfuit dans sa chambre, claque la porte derrière elle et s’écroule sur le lit, secouée de sanglots. De son côté, Joriel reste figé dans le couloir. Il serre les poings, puis frappe violemment le mur.
Joriel (grogne, se passant les mains sur le visage) : Putain… Je suis devenu quoi, moi ? Depuis quand je tape les femmes ? Mais elle me pousse à bout, merde…Joriel donne un nouveau coup dans le mur, frustré. Il serre la mâchoire, passe nerveusement une main sur son visage. Les pleurs étouffés de Jennifer résonnent faiblement depuis sa chambre… et l’agacent autant qu’ils le troublent. Il se dirige vers sa chambre et s’enferme dans la salle de bain. L’eau coule longtemps, chaude, brûlante, comme s’il espérait que ça efface quelque chose.
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Un quart d’heure plus tard, il ressort, les cheveux encore humides, le torse nu, un simple bas de jogging tombant sur ses hanches. Il s’approche du lit et s’y laisse tomber, mais reste assis au bord, penché en avant, les coudes posés sur ses genoux. Son regard se perd dans le vide. Ce qui s’est passé dans le couloir tourne en boucle dans sa tête : la gifle, ses propres mots, le regard brisé de Jennifer. Ce n’est pourtant pas la première fois qu’il lève la main sur elle… mais cette fois, quelque chose a vacillé. Un truc en lui s’est fissuré, et il n’arrive pas à mettre le doigt dessus.
Après quelques minutes, il tend le bras, ouvre le tiroir de sa table de chevet et en sort une petite pommade. Il la fixe un instant, l’air hésitant… puis se lève. Joriel traverse le couloir et s’arrête devant la porte de Jennifer. Il toque. Une fois, deux fois… mais aucune réponse. Il reste figé quelques secondes… puis, pris d’un élan étrange, il pousse doucement la porte. Il entre dans la chambre, vide. Jennifer n’est pas là. Il s’apprête à faire demi-tour quand la porte de la salle de bain s’ouvre lentement, laissant apparaître celle-ci. Elle porte une robe de nuit légère, ses cheveux attachés à la va-vite. Son visage est pâle, et sur sa joue, la marque laissée par sa main reste visible. Les deux se fixent en silence. Les yeux de Joriel s’attardent un moment sur cette empreinte silencieuse de sa violence. Il ferme les yeux un instant, comme si la culpabilité venait de le frapper de plein fouet.
Jennifer (voix basse, méfiante) : Tu… tu veux quoi encore ?
Joriel (montrant la pommade) : J’ai apporté ça… pour ta joue.
Elle éclate soudainement de rire. Un rire sec, amer.
Joriel : Quoi ?
Jennifer (sarcastique) : T’es vraiment un paradoxe, toi. Toutes les fois où tu m’as frappée, t’as jamais eu ne serait-ce qu’un geste de remords. Et là, ce soir… tu débarques avec ta pommade comme si c’était censé tout réparer ? Qu’est-ce qui a changé, hein ?
Joriel (froidement) : Rien n’a changé. Juste que… mon pote repassera sûrement ici. Peut-être demain. Et j’ai pas envie qu’il voie ça sur ton visage.
Jennifer (le fusillant du regard) : Je m’en fous. Sors de ma chambre immédiatement. Qu’est-ce que t’as peur qu’il découvre ? Que t’es juste un lâche qui lève la main sur les femmes ? Je me demande même ce qu’un homme aussi bon que lui fout avec un type comme toi.
Joriel (s’énervant) : Je ne te permets pas…
Il s’interrompt brusquement, respire un grand coup, puis reprend d’une voix plus basse.
Joriel : Approche. Que je fasse ce pourquoi je suis venu, et après je sors.
Jennifer : Je t’ai dit non.
Elle tente de le contourner mais il l’attrape brusquement par le bras.
Jennifer (luttant) : Lâche-moi !
Il l’ignore et la plaque contre lui. Son souffle se mêle au sien. Elle tente de se débattre mais il la retient avec fermeté. Joriel l’entraîne vers le lit, la pousse doucement mais avec autorité, l’allonge, puis se met au-dessus d’elle, bloquant ses poignets avec une main.
Jennifer (haletante, les yeux brillants) : Tu vas regretter ça… ne me touche pas.
Il n’écoute pas. De son autre main, il ouvre la pommade, en prend un peu du bout des doigts, puis l’applique délicatement sur sa joue. Jennifer émet un léger gémissement de douleur, détourne les yeux, mais il continue, plus lentement, plus doucement. Son regard à lui est troublé. Leurs regards finissent par se croiser. Longuement. Leur souffle devient un peu plus court. Le silence devient lourd. Ses mains sont encore sur elle. Son visage à quelques centimètres du sien. Leurs lèvres se frôlent presque. L’envie de s'embrasser est là, mais elle tourne brusquement la tête.
Jennifer (à voix basse) : Tu as fini, non ? Alors sors… de ma chambre. Je veux dormir
Joriel reste une seconde figé, comme pris au piège… puis se redresse lentement. Se lève, referme le pot , et sort de sa chambre sans un mot.
Elle reste allongée, immobile, le cœur battant à tout rompre.

Après avoir servi le petit-déjeuner à Joriel, Jennifer remonte dans la salle de bain pour prendre sa douche. Elle se déshabille, enfile son bonnet de bain, puis tend la main vers le robinet… mais rien. Pas une goutte.
Elle (murmurant) : C'est pas vrai…
Pourtant, ce matin, l’eau coulait encore quand elle s’était levée pour sa toilette intime. Elle soupire, remet rapidement sa robe, et descend au salon.
Jennifer : Euh… écoute, l’eau ne coule plus dans la salle de bain. Tu peux venir voir, s’il te plaît ?
Joriel (la bouche pleine) : Je suis plombier maintenant ?
Elle roule les yeux, agacée.
Jennifer : Laisse tomber.
Elle tourne les talons, mais il l'arrête aussitôt.
Joriel : Vas-y, j’arrive.
Elle ne répond rien, mais un petit sourire discret étire ses lèvres alors qu’elle remonte.
Quelques minutes plus tard, Joriel entre à son tour dans la salle de bain, inspecte le robinet, tourne quelques valves, touche à un tuyau… puis... Craaac ! Une violente giclée d’eau s’échappe de la pompe qu’il vient de casser sans le vouloir, l’aspergeant des pieds à la tête.
Joriel (hurlant) : PUTAIN !
À peine le mot est sorti qu’un bruit de pas précipité se fait entendre. Jennifer surgit, affolée.
Jennifer (essoufflée) : Qu’est-ce qui se passe ? Tu t’es fait ma…
Elle s’interrompt net en découvrant la scène : son mari trempé, les bras en l’air, essayant vainement de boucher la fuite d’eau avec sa main. Le voir ainsi est trop drôle et elle éclate de rire.
Jennifer (riant) : Ha ha ha ! Oh non, regarde-toi ! J'adore le spectacle.
Joriel (grinçant des dents) : Tu trouves ça drôle, hein ? Petite ingrate.
Il s’avance vers elle, visiblement prêt à se venger d’une façon ou d’une autre, mais glisse sur le sol.
Jennifer (inquiète) : Attention !
Par réflexe, elle tente de le retenir… mais ses pieds dérapent à leur tour. Elle chute à son tour et s’écrase sur lui dans un bruit sourd. Leurs corps sont trempés, pressés l’un contre l’autre. Jennifer est allongée sur Joriel, leurs visages à quelques centimètres à peine. Le souffle court, elle lève les yeux vers lui. Lui, déjà, la fixe, intensément. Le silence s’installe. L’eau continue de couler en bruit de fond, mais tout autour d’eux semble suspendu. Leurs regards se croisent, s'accrochent, se défient presque… comme si, en cet instant précis, le monde s’était rétréci à l’espace de cette douche inondée.