True love
Tome 3
Chapitre 5, part 2
Hum
Je finis par céder et enfile la robe que Victoire m’a imposée. Dès que je me regarde dans le miroir, je sens une vague de doute m’envahir. La coupe épouse mes formes à la perfection, le tissu caresse ma peau comme une seconde nature. Trop audacieux ? Trop voyant ?

Victoire, assise sur le lit, m’observe avec un sourire satisfait.
— Wow. Juste wow.
— T’exagères.
— Pas du tout ! Yvan va avoir du mal à détourner les yeux de toi, je te le garantis.
Je souffle un bon coup, essayant d’ignorer la chaleur qui monte à mes joues.
— Tu es sûre que ce n’est pas trop ?
— Trop quoi ? Trop magnifique ? Trop irrésistible ? Trop « Je suis une femme et je l’assume » ?
Elle se lève et attrape mes cheveux, les arrangeant rapidement en une coiffure qui semble à la fois naturelle et élégante.
— Voilà, parfaite. Maintenant, maquillage léger et hop, file t’amuser.
Je ris doucement et obéis, appliquant un peu de mascara et un gloss nude. Une fois prête, je prends une profonde inspiration et attrape mon téléphone.
— Bon, je vais y aller.
— Attends, attends !
Victoire se précipite et me tourne sur moi-même comme une poupée.
— Hmmm… oui, ça fera l’affaire. Maintenant, va lui montrer ce qu’il rate, ce Dylan de malheur !
Je souris, reconnaissante pour son énergie et son soutien.
Une fois dehors, l’air frais me fait du bien. Un chauffeur envoyé par Yvan m'attend à l'entrée de la maison.
Un frisson d’anticipation me parcourt alors que je monte dans la voiture. Ce soir, je laisse Dylan derrière moi. Ce soir, c’est mon soir.
La voiture serpente à travers les rues animées de Douala, les lumières de la ville défilant comme des éclats d’étoiles sur les vitres teintées. Mon cœur bat un peu plus vite que d’habitude. Est-ce l’anticipation ? L’excitation ? Ou juste la sensation étrange d’être à la croisée des chemins ?
Quelques minutes plus tard, la voiture s’arrête devant un restaurant au cadre élégant et feutré. Pas de files d’attente, pas de curieux agglutinés à l’entrée: juste un lieu discret, savamment choisi. L’endroit respire le luxe sans être ostentatoire. Une bulle hors du temps, loin du tumulte de la ville.
Le chauffeur me conduit jusqu’à l’entrée, où un serveur m’accueille avec un sourire poli.
— Mademoiselle, par ici, s’il vous plaît.
Je le suis, mon regard balayant les lieux. L’ambiance tamisée, la douce mélodie du jazz en fond sonore, les tables dressées avec une élégance minimaliste… Yvan n’a rien laissé au hasard.
Et il est là.
Assis à une table isolée, légèrement en retrait du reste de la salle. Costume bien taillé, montre discrètement luxueuse, son charisme naturel attirant tous les regards autour. Pourtant, quand son regard se pose sur moi, c’est comme si le monde entier s’effaçait. Ses yeux s’illuminent, un mélange d’émerveillement et d’émotion pure passant furtivement sur son visage avant qu’il ne se reprenne.
Je m’approche lentement, et lorsqu’il se lève pour m’accueillir, son sourire achève de me troubler.
— Marissa…
Sa voix est douce, presque révérencieuse.
— Bonsoir, Yvan.
Il me dévisage avec une intensité qui me fait frissonner.
— Tu es… magnifique.
Je souris timidement, détournant brièvement les yeux.
— Merci. Tu n’es pas mal non plus.
Il rit légèrement, un rire chaud, rassurant. Il contourne la table, tire ma chaise pour moi, et je m’assois sous son regard attentif.
— J’espère que tu as faim, parce que j’ai demandé au chef de nous préparer quelque chose de spécial.
— Ah oui ? J’ai hâte de voir ça.
Alors que le serveur nous apporte les premiers verres de vin, Yvan s’installe en face de moi, posant ses coudes sur la table, ses doigts croisés sous son menton.
— Ça me fait tellement plaisir que tu sois là.
Son ton est sincère, presque vulnérable. Et à cet instant précis, je réalise quelque chose: Il ne veut pas juste passer une bonne soirée.
Il me veut, moi.
Je déglutis discrètement, troublée par l’intensité de son regard. Il y a quelque chose de différent ce soir. Une énergie palpable, une tension douce mais indéniable qui flotte entre nous.
— Je suis contente d’être là aussi, dis-je finalement, esquissant un sourire.
Il hoche lentement la tête, puis, comme s’il devinait mon trouble, il change de sujet.
— Alors, dis-moi, comment s’est passée ta journée ?
— Plutôt calme. Je me suis reposée, j’ai pris du temps pour moi… et j’ai eu droit à une séance de relooking forcée de la part de Victoire.
Il rit doucement, amusé.
— Victoire et son obsession pour le glamour… Mais je dois avouer qu’elle a bon goût.
Je lève les yeux au ciel avant de répondre, taquine :
— Tu trouves ?
Son regard se fait plus intense.
— Je ne trouve pas. J’en suis certain.
Une chaleur familière monte en moi. Il ne s’agit plus simplement d’un dîner entre amis. C’est autre chose.
Le serveur interrompt ce moment en déposant devant nous une entrée exquise. Yvan me sert un verre de vin, toujours aussi attentif.
— Tu veux goûter en premier ? demande-t-il en désignant le plat.
Je hoche la tête et porte la fourchette à mes lèvres. La saveur délicate explose en bouche, et je ferme brièvement les yeux pour savourer.
— Wow… c’est délicieux.
Yvan me regarde, un sourire en coin.
— Tu es adorable quand tu es impressionnée.
Je secoue la tête en riant.
— Arrête, tu vas me mettre mal à l’aise.
— C’est pourtant la vérité.
Son sérieux me trouble. Il n’a jamais eu de mal à me faire des compliments, mais ce soir, il y a une sincérité presque brute dans sa voix.
— Yvan…
Il repose lentement son verre, son expression devenant plus grave.
— Oui ?
Je prends une profonde inspiration.
— Pourquoi moi ?
Il fronce légèrement les sourcils, intrigué.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Tu as tout pour plaire. Tu pourrais être avec n’importe qui, alors… pourquoi moi ?
Un silence s’installe. Il me fixe un instant, puis se penche légèrement vers moi.
— Parce que ce n’est pas « n’importe qui » que je veux, Marissa. C’est toi. Ça l’a toujours été.
Son aveu me coupe le souffle. Mon cœur tambourine dans ma poitrine. Je savais qu’il tenait à moi, mais entendre ces mots, dits avec une telle conviction, me bouleverse plus que je ne l’aurais imaginé.
Je reste muette, incapable de répondre tout de suite. Yvan, lui, attend patiemment, sans me presser.
— Tu ne dis rien… souffle-t-il finalement.
Je mordille ma lèvre inférieure, cherchant mes mots.
— C’est juste… beaucoup à assimiler.
Il hoche la tête, compréhensif.
— Prends tout le temps qu’il te faut. Mais sache une chose : je ne suis pas là pour jouer.
Son regard plonge dans le mien, et cette fois, je n’arrive plus à détourner les yeux.
Il est sérieux.
Il m’aime.
Et malgré tout, une part de moi l’a toujours su.