Literature > Romance

True Love

Mar 12, 2025 - 7 Minutes

Tome 3

Chapitre 3, tome 2

Ikiiii le bebus national est de retour 

La plume d'or 

Le dîner se déroule dans une atmosphère à la fois animée et tendue. Victoire, fidèle à elle-même, monopolise la conversation, enchaînant les anecdotes sur les préparatifs du mariage, plaisantant sur la maniaquerie d’Hilaire. J’acquiesce distraitement, mon esprit ailleurs.

Yvan est assis en face de moi. Je ressens sa présence, lourde, imposante, familière. À chaque fois que nos regards se croisent, je détourne les yeux, comme si fuir son intensité pouvait atténuer le trouble qu’il fait naître en moi.

— Alors, Marissa, tu comptes rester longtemps au Cameroun ? me demande soudain Hilaire.

Je prends une gorgée d’eau avant de répondre, ma voix aussi neutre que possible.

— Non, je suis là pour un court séjour.

Un silence. Victoire fronce les sourcils, visiblement mécontente.

— Je te l’avais dit, pourquoi tu fais cette tête ?

— J’espérais que tu changerais d’avis.

— Pas vraiment. Tu sais, je n’ai plus de raisons de rester. J’ai une vie à construire, des projets à réaliser.

Elle m’observe un instant, l’air sceptique. Puis, d’une voix plus tranchante, elle lâche :

— Dis plutôt que tu veux fuir.

L’ambiance change brutalement. Un froid s’installe.

— Fuir ? Quoi ou qui ? répliqué-je, une pointe d’agacement dans la voix.

— Marissa, je te connais trop bien. Si tu n’as pas remis les pieds ici pendant toutes ces années, ce n’est pas par manque de temps. C’est parce que tu avais peur d’affronter…

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— Victoire !

Ma voix claque, plus forte que je ne l’aurais voulu. Hilaire esquisse un sourire gêné.

— On devrait peut-être parler d’autre chose ? tente-t-il, mais Victoire n’a pas dit son dernier mot.

— Marissa, quand vas-tu enfin avancer ? Tu es coincée dans le passé et ce n’est pas sain. L’âge avance, tu le sais…

Je serre les poings sous la table.

— Est-ce le passé qui m’a fourni tous ces diplômes ?

— Tu sais très bien ce que je veux dire.

— Non, Victoire. Tu es mon amie, tu devrais comprendre mieux que quiconque pourquoi c’est si compliqué pour moi.

— Justement, je comprends. Et c’est ça le problème. Tu n’as même jamais essayé de tourner la page !

La tension est à son comble. Yvan, resté silencieux jusque-là, décide d’intervenir.

— Victoire, tu devrais éviter le stress. Il paraît que ça donne des rides, et honnêtement, une mariée ridée, ce serait catastrophique.

Il cherche à détendre l’atmosphère, mais Victoire n’est pas dupe. Elle lui jette un regard assassin avant de pointer un doigt accusateur dans sa direction.

— Toi, tout ça, c’est de ta faute !

— Moi ? Qu’est-ce que j’ai fait ?

— Plutôt, qu’est-ce que tu n’as pas fait ? Tu es parti, tu as laissé le champ libre, tu n’as même pas essayé de…

— Victoire, ça suffit !

Hilaire a grondé ces mots avec fermeté, et un silence pesant s’abat sur la pièce.

Je sens ma gorge se nouer.

— Excusez-moi.

Ma voix est brisée, tremblante. Sans attendre de réaction, je me lève et quitte précipitamment la table.

L’air frais du jardin me frappe de plein fouet, mais il ne suffit pas à apaiser le chaos en moi. Mes pas me mènent loin des regards, loin de la pression, et à l’instant où je me sais seule, je m’effondre.

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Les larmes que je retiens depuis mon retour coulent enfin, incontrôlables, dévastatrices.

Je suis brisée.

Victoire pense que je refuse le bonheur, que je me complais dans ma douleur. Elle ne comprend pas.

Ce n’est pas moi qui fuis le bonheur. C’est lui qui m’échappe à chaque fois. Si bien que j’ai fini par cesser d’y croire.

****

~ Yvan Kameni ~

Revoir Marissa ravive en moi des souvenirs enfouis, des échos de notre passé. C’est comme si, en la voyant, tout le temps écoulé disparaissait en un instant. Elle n’a pas changé, du moins, c’est ce que je me dis, mais je sais que c’est un mensonge.

La douleur qui l’habite aujourd’hui est bien réelle, elle est là, palpable, marquée dans ses yeux, dans sa façon de se tenir. Elle porte cette souffrance en elle comme une cicatrice indélébile.

Le coup de Victoire l’a heurtée de plein fouet. Mais je vois bien que ce n’est pas la seule chose qui la ronge. Je ne peux pas la laisser s’effondrer, pas maintenant.

Quand elle quitte précipitamment la salle à manger, je sais que je ne peux pas rester là à regarder sans rien faire. Je la retrouve dans le jardin, accroupie, seule, en pleurs. Et cette image me brise, un poignard dans le cœur. C’est comme si tout ce que j’avais voulu oublier me revenait, douloureux, inévitable.

Je m’approche doucement, sans bruit, sans précipitation. Je la laisse sentir ma présence sans l’envahir. Je sais qu’elle le ressent. Et puis, quand je vois ses épaules trembler de plus en plus faiblement, je décide de briser le silence.

Je pose ma main sur son épaule. Elle relève la tête, lentement, comme si elle craignait que ce ne soit qu’une illusion. Nos regards se croisent. Un frisson me parcourt tout entier.

— Lève-toi.

Ma voix est basse, mais elle porte. Elle me regarde, incertaine, hésitante. Il y a un moment d’intimité suspendu, un espace fragile. Elle tend finalement la main, et à cet instant, quelque chose se déclenche en moi.

Un besoin irrépressible de la soutenir, de l’aider à se relever, à sortir de cette torpeur. Lorsqu’elle se met debout, je la serre contre moi, instinctivement, presque possessivement. Elle n’oppose aucune résistance, juste un soupir.

— Ça va aller, tu verras, murmurai-je, mais ma voix est étranglée.

Elle ne répond pas. Elle pleure encore, ses larmes chaudes tombent contre mon épaule, et je la tiens plus fort. Il y a quelque chose dans cette étreinte qui me fait perdre le contrôle, quelque chose que je n’avais pas anticipé.

Elle a cette vulnérabilité qui me touche profondément, et ça m’effraie autant que ça me rassure.

— Tu peux compter sur moi, Marissa. Je n’ai jamais cessé de veiller sur toi, et ce n’est pas aujourd’hui que je vais t’abandonner, je te le promets.

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Elle frissonne à mes mots. Et puis, elle laisse échapper une question, sa voix brisée par les sanglots.

— Pourquoi la vie est ainsi ?

Je ferme les yeux, cherchant les mots. Mais au fond, je sais qu’il n’y en a pas. Je serre les dents, ne sachant pas comment alléger ce fardeau qu’elle porte. Pourtant, j’insiste, je veux qu’elle le comprenne.

— Qu’est-ce qui te manque, Marissa ?

Elle s’arrête un instant, hésite, puis finit par murmurer, d’une voix pleine de regrets et de frustration.

— Je veux juste être heureuse.

Je laisse échapper un petit rire, pas de ceux qui viennent d’un bonheur quelconque, mais un rire amer, une tentative de compréhension.

— Le bonheur, c’est à toi de le définir. Certains se contentent d’une simple sécurité, d’autres cherchent quelque chose de plus. Mais il n’y a pas de recette toute faite.

Elle se tait, et je la sens se tendre encore un peu plus contre moi. La détresse dans sa voix m’étrangle, mais je continue.

— Tu peux être heureuse, Marissa, si tu veux vraiment l’être. Mais il faut que tu arrêtes de te laisser engloutir par le passé. Ce n’est pas facile, je le sais, mais ce n’est pas une raison pour rester là, à pleurer sans fin.

Elle me fixe, son regard plongé dans le mien. Je sens un poids immense entre nous, une tension palpable, une attraction irrésistible.

Je respire plus fort, la chaleur de son corps contre le mien me trouble. Ses larmes sèchent lentement, mais il reste cette fragilité qui m’envahit.

— Comment faire ?

Je n’ai pas de réponse simple. Il n’y en a pas. Mais je lui dis ce que je ressens au fond de moi, ce qui résonne comme une vérité.

— Commence par ne plus réfléchir. Vis, Marissa. Si tu meurs aujourd'hui, qu’auras-tu accompli ?

Elle fronce les sourcils, confuse, mais je sens qu’elle réfléchit à mes mots.

— Rien n’est acquis, tu sais. Rien ne t’est dû. Et pourtant, la vie continue. Alors vis. Vis pour toi. Souris pour toi. Si tu veux être heureuse, c’est à toi de faire le premier pas.

Je la sens s’éloigner légèrement, mais je la garde contre moi, la forçant à regarder au fond d’elle-même. La tension entre nous est à son comble, et dans cette proximité, je me rends compte que je veux plus que tout la voir se relever. Je veux qu’elle s’épanouisse, qu’elle cesse de se cacher derrière ses douleurs.

— Promets-moi, Marissa. Promets-moi que tu vas vivre pour toi. Pas pour les autres, mais pour toi.

Elle croise mon regard, hésite, et puis elle cède. Un instant de vulnérabilité, un instant où tout peut basculer. Je la serre contre moi, plus fort, car je sais qu’elle a enfin entendu. Et dans ce silence, je me fais une promesse silencieuse : je serai là, quoi qu’il en coûte.