Insane Love
Tome 2
Chapitre 28, part 1
Mince 😞
Je cours, sans réfléchir, sans savoir où aller. J’ai juste besoin de fuir, d’échapper à cette réalité qui s’acharne sur moi. Mes larmes brouillent ma vue, mon souffle est court, mais la douleur dans ma poitrine est bien plus insupportable que l’épuisement physique.
Pourquoi faut-il toujours que ceux que j’aime s’éloignent de moi ?
Je finis par ralentir, mes jambes tremblantes peinent à me porter. Je me retrouve près d’un grand arbre, un peu à l’écart du caveau familial. Loin du bruit, loin des regards. Je m’adosse contre le tronc, mes bras entourant mon propre corps comme si cela pouvait empêcher mon cœur de se briser davantage.
— Marissa...
Sa voix me parvient doucement, derrière moi.
Je ferme les yeux un instant. Bien sûr qu’il m’a suivie.
C’est Dylan.
Il s’approche lentement, prudemment, comme s’il avait peur que je me brise sous ses mots. Lorsqu’il est assez près, il s’accroupit devant moi, cherchant mon regard.
— Je suis désolé...
Je secoue la tête, refusant d’entendre ces mots.
— Pourquoi faut-il que tout le monde m’abandonne ? Ma voix est tremblante, à peine un murmure.
Il fronce légèrement les sourcils avant de prendre ma main.
— Je ne t’abandonne pas, petite fée.
Je laisse échapper un rire amer.
— C’est pourtant ce que tu fais…
Il serre un peu plus fort ma main, comme pour me forcer à l’écouter.
— Ce n’est pas un choix. Je ne veux pas partir, mais mon père ne me laisse pas le choix.
— Alors bats-toi, Dylan ! m’emporté-je, le cœur en vrac. Ne pars pas ! Reste avec moi…
Un silence s’installe. Son regard s’adoucit, mais je vois la douleur qu’il essaie de cacher.
— Tu crois que c’est facile pour moi ? murmure-t-il. Tu crois que je veux te laisser ici, seule ? Si je pouvais, je resterais. Mais je ne peux pas.
Les larmes redoublent et je détourne les yeux.
— Alors tout est fini…
— Rien n’est fini, Marissa.
Sa main se glisse sur ma joue, m’obligeant à lui faire face.
— Écoute-moi bien. Peu importe où je serai, je serai toujours avec toi. Tu es ma famille, ma raison d’être.
Je secoue la tête, incapable d’y croire.
— Tu dis ça maintenant, mais une fois là-bas… tu m’oublieras.
— Jamais.
Sa réponse est immédiate, sans la moindre hésitation.
— Je te promets, Marissa, peu importe la distance, je ne cesserai jamais d’être là pour toi.
Je voudrais le croire, mais la vie m’a déjà tant prouvé le contraire. Pourtant, quand il m’attire doucement dans ses bras, je me laisse aller, cherchant un peu de réconfort dans son étreinte.
Je sais que ce moment ne durera pas.
Et c’est peut-être ça, le plus douloureux.
Les jours qui suivent l’enterrement de mon père sont un tourbillon de silence et de solitude. La maison familiale est remplie de monde, mais je me sens plus seule que jamais. Tout le monde chuchote, m’observe avec pitié, comme si j’étais un animal blessé qu’on ne sait pas comment approcher.
Ma mère évite mon regard, ma grand-mère ne parle que lorsque c’est nécessaire. Je sais qu’elles me cachent quelque chose. Quelque chose en rapport avec Mr Lobe. Mais chaque fois que j’essaie d’aborder le sujet, elles se ferment comme des huîtres...
Et Dylan…
Depuis notre conversation sous l’arbre, il essaie d’agir comme si tout allait bien. Comme si son départ n’était qu’un détail. Mais je vois bien son regard lorsqu’il me croit distraite. Cette peine qu’il tente de cacher, cette inquiétude qu’il porte pour moi.
— Tu ne manges presque plus, Marissa, me dit Victoire un soir, alors que nous sommes seules dans ma chambre..
Je hausse les épaules, assise sur le bord du lit, les yeux dans le vide.
— Je n’ai pas faim.
— Tu vas finir par tomber malade.
— Et alors ?
Elle soupire et vient s’asseoir à côté de moi.
— Ne parle pas comme ça, s’il te plaît. Je sais que tu traverses une période difficile, mais tu dois te battre.
— Pour quoi ? répliqué-je d’un ton amer. Mon père est mort, ma mère et ma grand-mère me mentent, et Dylan va partir. Il ne me reste plus rien, Victoire.
Elle prend ma main et la serre doucement.
— Tu nous as, moi, Hilaire… et Dylan ne t’abandonne pas.
— Alors pourquoi part-il ?
— Parce qu’il n’a pas le choix. Mais il t’aime, Marissa. Il t’aime sincèrement.
Je ferme les yeux, sentant une boule se former dans ma gorge.
— L’amour ne sert à rien quand on est seul.
Elle ne répond pas, et je sais qu’elle n’a pas d’arguments à me donner. Parce que la vérité, c’est que je suis bel et bien seule.
****
~ Dylan Mukwelle ~
Revenir dans cette maison après le drame a été une épreuve insurmontable. J’essaie de rester fort, d’afficher une façade impénétrable, mais au fond, je ne suis qu’un adolescent en quête d’affection et de repères. Malgré tout, je n’ai pas résisté à la décision de mon père.
J’ai seulement demandé quelques jours de plus ici. Juste un peu de temps pour veiller sur Marissa, m’assurer qu’elle ne sombre pas complètement. Elle se laisse dépérir, s’enferme dans son silence, ne va plus en cours. J’ai tout tenté pour l’aider à se relever, mais elle glisse entre mes doigts comme du sable.
Ce soir, alors que je m’apprête à manger, la sonnerie de l’allée retentit. Je vais ouvrir, sans me douter que l’instant qui suit va me couper le souffle.
Vincent.
Mon frère.
Mon cœur rate un battement. Cela fait des jours qu’il a disparu, des jours que personne n’a eu de ses nouvelles. Même lors de l’enterrement de son propre père, il était aux abonnés absents.
Et maintenant, il est là, devant moi, l’air épuisé, hanté, comme s’il portait le poids d’un combat intérieur dont il ne sortira jamais vainqueur.
— Bonsoir, Dylan…
Sa voix est faible, hésitante.
— Bonsoir, murmuré-je froidement.
— Ta mère est là ?
Je serre les dents.
— Notre mère, tu veux dire. Et oui, elle est là.
Une voix s’élève derrière moi, me fige sur place.
— Entre, Vincent. Je t’attendais.
Je me retourne brusquement.
Oh…
J’ai raté un épisode. Depuis quand sont-ils en contact ? Pourquoi l’attendait-elle ?
Je le fixe, mon cœur battant violemment dans ma poitrine. Il a beau être mon frère, rien n’effacera ce qu’il a fait.
Rien ne changera le fait qu’à cause de lui, Marissa est désormais orpheline.
