Insane Love
Tome 2
Chapitre 23, part 1
🥱
Plus tard, lorsqu’elle semble aller mieux, nous quittons le collège.
— Tu veux aller où ?
Elle secoue les épaules, l’air détaché.
— Suis-moi.
Je hèle un taxi et nous montons à l’intérieur.
— Où est-ce qu’on va ?
— Quelque part.
Elle est pâle, trop pâle, et je ne veux pas qu’elle s’effondre sous mes yeux. Après quelques minutes de trajet, le taxi s’arrête devant un restaurant. Marissa me regarde, confuse, mais je me contente de sourire et de prendre sa main avant de l’entraîner à l’intérieur.
On s’installe à une table. Une serveuse approche aussitôt, et nous passons nos commandes. Elle refuse de manger. Je fronce les sourcils.
— Marissa…
— Dylan…
— Fais-le pour moi, d’accord ?
Elle ne répond rien. Son regard est vide, absent. Jamais je ne l’ai vue dans cet état. La serveuse s’éloigne et, doucement, je prends sa main dans la mienne.
— Tu verras, ça ira. Il y a toujours des moments comme ça dans la vie.
Elle me fixe, mais je vois bien qu’elle est ailleurs.
— Tu sais que je ne veux pas te perdre ? Si tu continues comme ça, tu vas tomber malade… et ça, ça me rendrait fou. C’est ce que tu veux ?
Ses yeux s’embuent de larmes et elle secoue la tête.
— Pleure pas, s’il te plaît…
Je serre sa main, essayant de la réconforter. Mais à cet instant, une silhouette s’approche. Mon cœur se serre. Je lève la tête et croise un regard que je voulais éviter à tout prix.
Gwladys.
Son sourire en coin me donne envie de l’envoyer balader immédiatement.
— Quand mon frère m’a dit que vous vous étiez remis ensemble, j’ai cru à une blague.
Je me lève aussitôt, me plaçant devant Marissa comme un rempart.
— Va-t’en, Gwladys.
Elle ricane, croisant les bras.
— Dylan, tu es un monstre. Et si tu crois que ce que tu m’as fait restera impuni, tu rêves. Tu vas me le payer.
Je garde mon calme, mais ma patience a des limites.
— Si tu as fini ton petit numéro, dégage. Et souviens-toi… Je peux faire de ta vie un enfer. Ne me provoque pas, tu risques de ne pas aimer.
Ses poings se serrent, son regard s’illumine de rage. Puis, elle détourne son attention vers Marissa, qui se lève lentement.
— Et toi, t’es quel genre de femme, hein ? Après tout ce qu’il t’a fait, tu es encore là ? Tu n’as aucune dignité ?
Je m’apprête à intervenir, mais Marissa me devance. Son regard glacé transperce Gwladys.
— Il t’a forcée ? Non. Tu t’es levée, tu as fait tes choix. Alors, arrête de jouer les victimes. Ce que tu es en train de prouver, c’est que tu n’es qu’une pauvre fille pathétique.
Gwladys pâlit. Marissa avance d’un pas, sa voix plus tranchante encore :
— Maintenant, casse-toi. On est occupés. Et crois-moi, si tu tentes quoi que ce soit… tu le regretteras. Tu ne sais pas de quoi je suis capable !!!
Un silence pesant s’installe. Gwladys tremble de rage, mais elle sait qu’elle a perdu. Elle tourne les talons et s’éloigne, furieuse.
Marissa se rassoit, impassible. Mais moi, je la fixe, surpris. Un petit sourire étire mes lèvres.
— Tu ne cesses de me surprendre.
Marissa reste silencieuse, son regard rivé sur la table. Elle joue distraitement avec le rebord de son verre, visiblement encore bouleversée.
— Ça va ? je demande doucement.
Elle inspire profondément avant de me regarder.
— Je suis juste fatiguée.
Je hoche la tête. Je sais qu’il y a plus que ça, mais je ne la force pas à parler. Elle le fera quand elle sera prête.
La serveuse revient avec nos plats. Marissa pousse son assiette du bout des doigts, mais je l’arrête.
— Mange. Juste quelques bouchées, s’il te plaît.
Elle hésite, puis finit par attraper sa fourchette et pioche distraitement dans son assiette. C’est un progrès.
Le silence s’installe, mais il n’est pas pesant. Je l’observe, cherchant à déchiffrer ce qu’elle ressent vraiment. Elle a tenu tête à Gwladys avec une froideur qui m’a surpris, mais à présent, elle semble s’être refermée sur elle-même.
— Marissa…
Elle relève les yeux vers moi.
— Oui ?
— Pourquoi tu as dit ça, tout à l’heure ?
Elle fronce légèrement les sourcils.
— Dit quoi ?
— "Tu ne sais pas de quoi je suis capable."
Elle repose sa fourchette et croise les bras sur la table.
— Parce que c’est la vérité. Les gens me pensent faible, facile à manipuler… Ils se trompent.
Sa voix est posée, mais une lueur indéchiffrable brille dans son regard.
— Pas moi.
Un sourire fugace effleure ses lèvres avant qu’elle ne se reconcentre sur son assiette. Je l’observe, intrigué, jusqu’à ce qu’elle me fusille du regard, les sourcils froncés.
— Mange.
— À vos ordres.
Je m’exécute, reprenant ma fourchette sans la quitter des yeux. Le silence s’installe, seulement troublé par le bruit des couverts contre les assiettes. Pourtant, je sens son regard sur moi, furtif, comme si elle s’assurait que j’obéisse.
— Tu comptes me fixer ainsi jusqu'à ce que je termine mon repas ? lâche-t-elle finalement, levant les yeux vers moi.
— Peut-être.
Elle secoue la tête, un soupir amusé aux lèvres, avant de piquer un morceau de viande avec sa fourchette.
— Comme je te l’ai dit, ton bien-être m’importe. On va mettre en place un programme d’études. On pourra travailler ensemble à l’appartement ou à la maison, mais je préfère l’appartement. Pendant les cours, note ce que tu ne comprends pas, ça nous aidera à aller droit au but.
Ses yeux s’illuminent un instant.
— Merci, Dylan. Pour tout.
— De rien, petite fée. Tu as déjà une idée de ce que tu veux faire après ?
Elle baisse le regard, joue distraitement avec sa nourriture.
— Honnêtement… je n’en sais rien. Mon père ne donne plus signe de vie, et ma mère… elle ne s’occupe plus de moi. Même financièrement. Elle ne me donne plus rien, et je ne sais même pas si elle compte payer mes études universitaires.
Une pointe d’angoisse traverse sa voix, et mon cœur se serre face à ses aveux.
— Tu pourrais en parler à tes grands-parents. S’ils savent ce qui se passe, ils pourront peut-être t’aider.
Elle hoche doucement la tête.
— C’est une bonne idée… Je vais y réfléchir.
— Super ! Bon, il est temps de rentrer.
— D’accord.
Elle m’offre un sourire léger, mais je perçois encore l’inquiétude dans ses yeux. Et moi, je n’ai qu’une seule envie : lui enlever ce poids des épaules.
