Society > Equity

Bref, je suis une femme.

Mar 8, 2025 - 2 Minutes

Bref, je suis une femme.

Je suis une femme, donc je dois être tout… et son contraire.

Forte, mais pas trop, sinon je fais peur.

Douce, mais pas trop, sinon on me piétine.

Ambitieuse, mais pas trop, sinon je dérange.

Indépendante, mais pas trop, sinon “je finirai seule”.

Je suis une femme, donc je dois me contrôler.

Contrôler ma voix, pour ne pas être trop émotive.

Contrôler mon corps, pour ne pas être trop provocante.

Contrôler ma colère, parce qu’une femme en colère, ça dérange.

Je suis une femme, donc je dois prouver.

Prouver que je suis compétente, encore et encore,

Parce qu’on m’interrompt en réunion.

Parce qu’on me demande de “justifier mon expérience”.

Parce qu’on présume que je ne sais pas,

Que je ne suis pas faite pour diriger,

Que ma place est ailleurs.

Je suis une femme, donc je dois me justifier.

Justifier pourquoi je n’ai pas d’enfants.

Justifier pourquoi j’en ai trop.

Justifier pourquoi je travaille autant.

Justifier pourquoi je ne travaille pas.

Je suis une femme, donc je dois être vigilante.

Faire attention à comment je marche,

À comment je m’habille,

À comment je parle,

À ne pas rentrer trop tard,

À ne pas donner “de mauvaises idées”.

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Parce que si quelque chose m’arrive, on me demandera ce que j’ai fait pour en arriver là.

Je suis une femme, donc je dois patienter.

Patienter pour qu’on prenne ma parole au sérieux.

Patienter pour qu’on comprenne que “non” veut dire “non”.

Patienter pour être payée comme mon collègue masculin.

Patienter pour que la société évolue, doucement, lentement, à son rythme…

Mais…

Je suis une femme, donc je me bats.

Pas parce que je le veux, mais parce que je n’ai pas le choix.

Parce que chaque droit que j’ai aujourd’hui a été arraché de force à une société qui pensait qu’il ne me revenait pas.

Parce que si je baisse la garde, si nous baissons la garde, on viendra nous rappeler “notre place”.

Je suis une femme, donc je dérange.

Je dérange quand je refuse de m’excuser d’exister.

Quand je prends la parole sans attendre qu’on me la donne.

Quand je ne souris pas juste pour rassurer les autres.

Quand je dis tout haut ce que d’autres chuchotent.

Je suis une femme, donc je construis.

Je construis un avenir où ma fille n’aura pas à s’excuser d’être intelligente,

Où elle ne connaîtra pas la peur d’un retour tardif,

Où elle ne se demandera pas si elle doit être plus discrète pour ne pas froisser des égos fragiles.

Je suis une femme, donc je transforme.

Chaque mot que je dis, chaque espace que j’occupe,

Chaque mur que je fais tomber, chaque porte que je force à s’ouvrir.

Je suis une femme, donc je suis libre.

Libre de choisir ma route, mes batailles, mes victoires.

Libre d’être multiple, d’être entière, d’être tout ce que je veux être.

Bref, je suis une femme.

Elsa Rose N. Cheping.