Insane love
Tome 2
Chapitre 21, part 1
Hum 🧐
Un silence pesant s’installe entre nous, seulement troublé par les battements affolés de mon cœur. Ma mère me fixe, le souffle court, les doigts encore crispés sur sa babouche comme si elle s’attendait à ce que je réplique, que je me défende.
Mais je n’en ai pas la force.
À quoi bon ?
Elle a déjà décidé. De moi. De ma vie. De ce que je suis censée être.
Je serre les poings, lève les yeux vers elle, et dans un murmure à peine audible, je lâche :
— Pourquoi tu me hais autant ?
Son visage se ferme. Elle esquisse un rictus amer, comme si ma question était absurde, inutile.
— Ce n’est pas de la haine, Marissa. C’est de la déception.
Le mot me frappe de plein fouet. Pire qu’une gifle.
Déception.
Je ris, un rire amer, un rire qui n’a rien de joyeux.
— C’est drôle… Parce que moi aussi, je suis déçue. Déçue que ma propre mère ne cherche même pas à me comprendre.
Elle ouvre la bouche, prête à répliquer, mais je lève la main pour l’arrêter.
— Laisse tomber. Ça ne sert à rien.
Je tourne les talons et monte les escaliers à toute vitesse, ignorant ses appels, ignorant la colère qui bouillonne en moi.
Une fois dans ma chambre, je claque violemment la porte derrière moi et m’y adosse, le souffle saccadé. Mon corps tremble, mes pensées tourbillonnent dans un chaos étouffant. Ma gorge se noue, mes yeux brûlent sous le poids des larmes, mais je refuse de les laisser couler. Pas encore.
Puis, au milieu du silence oppressant, j’entends des pas précipités. La voix de ma mère brise l’air comme une lame.
— Marissa… Marissa, ouvre cette porte !
Elle frappe du poing, encore et encore, mais je reste immobile. Sourde à ses appels, figée dans ma douleur.
Je ne veux pas lui parler. Pas maintenant. Pas après tout ça.
Tout ce que je veux, c’est une seule personne. Une seule présence capable d’apaiser ce chaos en moi.
Dylan.
Mais il est hors de portée.
Et je suis seule.
Quelques jours plus tard
J’essaie de mettre tout ça de côté. D’enterrer la douleur, d’ignorer ce vide qui grandit en moi. Mais c’est impossible. Mon esprit est ailleurs, mes pensées me hantent, et mes résultats scolaires en pâtissent.
À la pause, Mr. Lobe me fait appeler. Il veut me voir dans la salle des professeurs. Intriguée, je m’y rends et m’installe face à lui, le regard impassible.
— Tu dois te demander pourquoi je t’ai fait venir.
Je ne réponds pas.
— J’ai vu tes notes de cette séquence… Elles ont considérablement baissé. Qu’est-ce qui se passe, Marissa ?
Toujours ce silence de ma part.
Pourquoi fait-il semblant de s’intéresser à moi ?
Il soupire.
— Je sais qu’on est partis sur un mauvais pied, mais si tu continues ainsi, tu risques de ne pas obtenir ton diplôme cette année. Est-ce vraiment ce que tu veux ?
Je me crispe.
— Si vous avez fini, je peux retourner en classe ?
Il m’observe un instant, comme s’il tentait de lire en moi.
— Je sais que tes parents sont en instance de divorce.
Mon cœur rate un battement.
Quoi ?
Je me redresse d’un coup, les muscles tendus. Qui lui a dit ça ? Je n’en ai parlé à personne. Le seul au courant, c’est Dylan, et il ne supporterait jamais que ça s’ébruite.
— Ta mère me l’a dit, finit-il par lâcher.
Je reste figée.
Wow.
Je devrais être surprise, mais au fond, ça ne m’étonne même pas. C’est bien son genre.
— Tu dois te ressaisir, Marissa.
— J’ai compris. Vous avez fini ?
— Pas encore. Je voulais aussi t’informer que je ne serai plus ton professeur particulier.
Mon sang se glace.
— Pourquoi ?
— C’est à la demande de ta mère. Elle estime que c’est une perte de temps… et d’argent.
Le coup est brutal.
Je le fixe, cherchant un signe qu’il plaisante, qu’il exagère.
Non… Ce n’est pas possible.
— Vous mentez. Ma mère n’aurait jamais dit ça.
Ma voix tremble malgré moi.
Je me lève brusquement et quitte la salle, le cœur battant à tout rompre.
La rage me consume.
Je sors en trombe, bouscule des élèves sur mon passage sans leur accorder un regard. Je veux fuir, trouver un endroit où évacuer cette colère, cette douleur. Mais alors que je m’approche des toilettes, une scène sous l’escalier me cloue sur place.
Victoire.
Hilaire.
Ils s’embrassent.
Un coup de poignard.
Mon souffle se coupe. Mon monde s’effondre un peu plus.
Quand ? Comment ? Pourquoi je ne suis au courant de rien ?
Je m’avance d’un pas vif, mon cœur battant à tout rompre.
— Alors, c’est ça votre petit secret ?
Ils sursautent et se figent, la culpabilité peinte sur leurs visages.
— Marissa, je peux tout t’expliquer… bredouille Victoire, paniquée.
— M’expliquer quoi ? Que vous m’avez menti ? Que vous avez décidé de jouer en solo ?
Mes poings se serrent.
— Marissa, calme-toi, intervient Hilaire d’un ton posé. Nous n’avons rien fait de mal. Si nous avons gardé ça pour nous, c’est parce que c’était notre choix. On voulait être sûrs avant d’en parler. Tu es notre amie, mais nous avons aussi nos vies.
Il me fixe, sérieux.
— Depuis quelque temps, tu es distante. Tu caches des choses, tu nous exclus, et on a respecté ça. L’amitié, c’est aussi ça : le respect. Accepter que l’autre ait son jardin secret, ses propres blessures. Alors, pour une fois, agis comme une grande fille.
Chaque mot est une claque.
J’encaisse, sidérée.
Alors c’est ça ? C’est moi le problème ?
Un rire amer menace de m’échapper, mais je le ravale.
— D’accord. J’ai compris.
Je me retourne, le cœur en vrac.
— Marissa, attends ! appelle Victoire.
Mais je fuis.
Je cours, sans direction, jusqu’à ce que mes jambes me lâchent.
À bout de souffle, je me réfugie dans une salle de stockage et referme la porte derrière moi.
Et là, seule, à l’abri des regards, j’explose.
Les larmes jaillissent, incontrôlables, déversant toute la douleur que je m’efforçais d’étouffer.
Je suis seule, noyée dans ma propre détresse. Les larmes ne cessent de couler, emportant avec elles toute cette rage, cette tristesse enfouie que je ne savais même pas qu'il me restait. Mes épaules tremblent sous la violence de mon chagrin, et je m'effondre lentement contre le mur.
Les visages de ceux que j'aimais, de ceux en qui j'avais confiance, m'assaillent. Victoire, Hilaire, ma mère... Et Dylan.
