Insane Love
Tome 2
Chapitre 20, tome 2
Okay o 👍🏽
Le matin se lève lentement, la lumière filtrant à travers les rideaux, illuminant la pièce d’une douce clarté. Je me réveille doucement, un léger malaise me serrant la poitrine.
Linda est toujours là, allongée près de moi, la tête posée sur l’oreiller, les cheveux en désordre. Il y a un instant de calme, un silence lourd entre nous, comme si la réalité n’avait pas encore complètement repris le contrôle.
Je la regarde un moment, observant sa respiration régulière, son corps encore figé dans les relents de la nuit précédente. Une partie de moi voudrait la laisser se réveiller sans qu’elle ne se rende compte de ma présence.
Mais je sais que ce matin, tout a changé. Cette nuit n’était pas juste une erreur, et elle le sait aussi.
Un mouvement à côté de moi me tire de mes pensées. Linda bouge, se retournant lentement pour faire face à moi.
Ses yeux s’ouvrent, l'air embué de sommeil, et elle reste là un instant, les yeux fixés sur moi, sans rien dire. Je vois la confusion dans son regard, cette sorte de prise de conscience douloureuse qu’elle semble vouloir fuir.
Je me redresse un peu, le cœur battant plus vite. Les mots que j’avais pris soin de retenir pendant toute la nuit semblent se bousculer maintenant, prêts à franchir mes lèvres.
— Linda, je…
Elle interrompt, d'une voix faible, encore marquée par le sommeil et l'émotion.
— Ne dis rien, Vincent. Je sais ce que tu vas dire.
Je me fige. La nuit dernière, j'ai été tendre avec elle, lui faisant l'amour avec une douceur inhabituelle. Depuis quand n’ai-je pas agi ainsi avec une femme ? Peut-être jamais. D’ordinaire, je prends, je brise, je laisse derrière moi des ruines. Mais elle… elle l’est déjà.
Et pour la première fois, je ressens cette envie insensée de réparer ce qui est en miettes, tout en sachant pertinemment que je finirai par causer encore plus de dégâts.
Je l'observe intensément , elle soupire, ses yeux fuyant les miens.
— C'était… c’était une erreur, Vincent. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça.
Je la laisse parler, ne cherchant pas à la contrarier. C’est évident qu’elle veut se protéger, effacer cette nuit comme si elle n’avait jamais existé.
— Tu ne peux pas simplement me dire que tout ça ne compte pas. Pas après… ce qu’on a partagé.
Elle secoue la tête, un sourire amer sur les lèvres.
— Parce que toi, tu y vois quelque chose de plus, hein ? Tu crois qu’une nuit peut tout effacer, que ça va tout réparer ?
Je me lève alors, le regard ancré dans le sien.
— Non. Ce n'est pas ça. Mais tu as besoin de savoir que ce n'était pas juste une erreur pour moi. Pas seulement un acte impulsif, Linda. Je t'apprécie et même si c'est compliqué, même si tu ne veux pas l'admettre, je suis là.
Elle ferme les yeux, visiblement perturbée par mes paroles. Je vois qu'elle lutte, qu’elle ne veut pas se laisser aller à ce qu’elle ressent, qu’elle a trop peur de ce qui pourrait arriver si elle le faisait.
— Je suis… je suis tellement perdue, Vincent. Je… Je ne sais plus quoi faire.
Elle se lève brusquement, se dirigeant vers la fenêtre, ses gestes nerveux.
— Je ne peux pas, Vincent. Je ne peux pas tout effacer en une nuit.
Je la regarde, cette fois, sans avancer, sans la forcer. Je sais qu’elle a besoin de temps. Et peut-être que moi aussi. Mais une chose est certaine : ce matin, rien ne sera comme avant.
****
~ Marissa Elong ~
À mon réveil, tout me revient comme un coup de poignard. La dispute avec ma mère, cette vie qui s’enlise, ce sentiment d’être seule, incomprise, comme un poids que personne ne veut porter.
Après un bain rapide, je sors et prends la direction de chez Victoire. J’ai besoin d’échapper à mes pensées, de respirer ailleurs, juste un instant. Mais en arrivant, sa sœur m’accueille avec une nouvelle qui me laisse interdite : Victoire n’est pas là, elle est partie à son groupe d’étude.
Depuis quand ? Pourquoi je ne suis pas au courant ?
Je sais que ces derniers temps, je suis ailleurs, que j’ai laissé un mur se dresser entre mes amis et moi. Mais là, c’est différent.
Une sensation désagréable s’accroche à moi tandis que je quitte leur maison.
Au carrefour, je repère un call box et compose son numéro. Ça sonne. Quelques secondes interminables. Puis elle décroche.
— Où es-tu ?
Je vais droit au but.
— Marissa ?
— Oui, je suis passée chez toi, mais tu n’y étais pas.
Un silence. Puis une voix, en arrière-plan.
“Qui est-ce ?”
— Je suis avec Hilaire et d’autres personnes que tu ne connais pas.
— Où ?
— Marissa, écoute…
L’appel se coupe brutalement. Je reste figée, le téléphone encore collé à mon oreille, abasourdie. Je rappelle, encore et encore. Rien.
Un vide s’installe en moi. Un sentiment désagréable, comme si tout m’échappait. Dépitée, je prends le chemin du retour, la gorge serrée par un trop-plein d’émotions que je ne parviens plus à contenir.
Quarante minutes plus tard, j’arrive à la maison. Ma mère est au jardin. J’avance, cherchant à l’éviter, mais elle me barre le passage.
— Marissa, où étais-tu ?
Je l’ignore et continue mon chemin. Je n’ai ni la force ni l’envie d’affronter une énième altercation. Mais soudain, elle m’attrape par la nuque, me tirant brusquement en arrière. Je sursaute, le souffle coupé, et hurle sous l’effet de la surprise.
— Tu ne vas pas me dépasser comme ça ! Ne crois pas que le fait d’écarter déjà tes jambes aux hommes te donne le droit de me manquer de respect !
Elle se baisse, arrache sa babouche et commence à me frapper. Je recule, les larmes aux yeux, la repousse et me réfugie dans le salon. Mais elle ne lâche pas l’affaire.
— Tu m’accuses de ne pas avoir été une bonne mère ? Et toi, Marissa ? Tu penses avoir été une bonne fille ? Tu fais n’importe quoi, tu multiplies les erreurs et tu ne retiens jamais la leçon !
Son regard s’assombrit, sa voix tremble de colère et d’amertume.
— Dylan… Tant que je vivrai, jamais je n’accepterai votre relation. Tu entends ? JAMAIS !
Mon cœur cogne violemment dans ma poitrine. J’aurais voulu croire que ce moment n’arriverait pas. Mais voilà. C’est dit. Comme une condamnation sans appel.
Et maintenant… que suis-je censée faire ?
