La voix des eaux
Depuis leur installation le long de la côte kribienne à des temps immémoriaux, les peuples Ndowe, à savoir les Batanga, Banoho, Bapuku et Iyasa ont entretenu un rapport particulier et privilégié avec l'océan. Ces rapports vont bien au-delà des différents types de pêches connues. Les Ndowe au considèrent l’océan comme un univers à part entière où vivent une peuplade d’entités dont certaines sont étroitement liées à leurs généalogies, à leurs clans: Ce sont les ancêtres de l’eau.
Il existe ainsi des échanges permanents entre ce monde de l’eau et celui de la terre ferme à différents niveaux. Ces échanges permettent de préserver les villages et de garder la connexion entre les générations de ceux qui ont transité de l’autre côté et leur descendance.

Nous avons observé depuis plusieurs jours un phénomène assez rare dans son ampleur car il faut d’entrée de jeu dire qu’à chaque année, entre le mois de juillet et le mois de septembre, la mer est mouvementée certes mais sans autre forme de menace pour les constructions.

Hors ce phénomène observé peut être interprété premièrement comme l’expression de la colère des autochtones face à un certains nombre de choses qui font appel au travers des rites aux forces de l’eau pour manifester leur puissance afin d’être pris en compte dans leur revendications qu’il jugent ignorées par l’administration malgré les multiples voies de recours utilisées. Il est possible de citer entre autre la problématique foncière (les populations réclament depuis la rétrocession de certains espaces abusivement réquisitionnés; le cas de Bongahele avec le monument de la mère de l’humanité où plus de 300 hectares ont été levée, le cas de Lolabé, qui réclament sans arrêt un espace de recasement plus large avec une superficie qui correspond à l’augmentation de sa population et une sortie du domaine du port), la problématique de l’emploi des jeunes qui se sentent discriminés dans les recrutements opérés dans les différentes entreprises installées dans la ville, la prise en compte des entreprises locales dans les opportunités d’affaires dans la zone portuaire.

Celà peut aussi être interprété comme une colère des ancêtres vis-à -vis de leur descendant qui ont rompu le rythme habituel d’échanges. Dans ce cas, ce serait donc une réclamation, à ceux de la terre que ceux de l’eau n’ont pas reçu ce qui devrait, afin de toujours garder sain les rapports qui les lient.
enfin, les deux raisons peuvent valoir en même temps. Il est question pour le conseil des sages de siéger, puis d’agir. Pour l’administration, il est aussi
temps d’écouter la voix qui vient des eaux.

Nous savons que rien ne peut arrêter l’eau, et l'État qui a investi de lourds investissements dans les infrastructures portuaires devraient tenir compte d’un grand nombre de réalités locales.