Foumbot : une jeune femme meurt des suites de chirurgie plastique

C’est grave dans notre pays-ci ! Voilà que non seulement nous avons des accidents de la circulation, nous avons des effondrements d’immeubles et des éboulements, nous avons des suicides d’adolescents, et voilà maintenant qu’une jeune femme est décédée à Foumbot, des suites d’une « opération » de chirurgie esthétique...
L’histoire s’est déroulée dans la région de l’Ouest, il y a quelques jours seulement. J’ai d’abord eu de la peine à y croire, tellement ce fait divers me paraissait tellement absurde. Mais effectivement, une jeune Camerounaise est bel et bien morte à la suite d’une opération de boucherie humaine et de charcuterie...
Elle avait 29 ans, et elle s’appelait Prestige Victoire Kamdem. Elle se trouvait apparemment trop ronde, ou en tous cas mal proportionnée. Elle a été persuadée de cette entreprise par la « réussite » d’une amie, laquelle aurait passé avec succès cette opération de liposuccion, et aurait obtenu une silhouette de rêve.
Il faut rappeler que la jeune Victoire Kamdem a rencontré son bourreau à Baham, dans un centre hospitalier. Elle lui a fait part de son projet de chirurgie esthétique, et le monsieur, un certain Daniel Chamba Nyahke, lui a assuré qu’il pouvait s’en occuper assez aisément. C’est ainsi que les deux compères prirent la route de Foumbot où le monsieur réside, et où il ira l’interner dans une masure qui leur servira de salle d’opération...
La suite est macabre : une charcuterie à nulle autre pareil. Une boucherie ! Je rappelle que cet individu (qui a heureusement été appréhendé par la gendarmerie) n’avait aucune carte professionnelle, ni aucune qualification en matière de médecine. Il a juste profité de cette « opportunité » pour escroquer la jeune dame, et d’ailleurs sur la dépouille on a retrouvé pas moins de... douze points de suture !

Ce décès est vraiment dramatique, lorsqu’on sait que la fille était relativement en bonne santé. Cela pose le problème du charlatanisme dans notre société, où n’importe quel individu peut se lever pour vous promettre de l’argent, du travail, de la santé, des relations amoureuses, etc. Ça pose aussi le problème de la sous-éducation et de la sous-qualification, car comment une jeune femme de la trentaine peut-elle se laisser abuser aussi facilement ?
On pourrait aussi ajouter la pauvreté, car si cette fille avait suffisamment de moyens, elle aurait dégrossi ses complexes en allant se refaire le portrait dans un établissement hospitalier, disons, plus crédible ?
Mais in fine, le vrai problème est celui de la société de l’apparence, dans laquelle nous vivons. La société de l’image. La société du m’as-tu-vurisme. La société de la beauté, et surtout de l’esthétique physique.
Voilà une belle jeune dame, avec des rondeurs comme les hommes africains les adorent, mais qui se trouvait paradoxalement détestable. Elle a voulu ressembler à Beyonce, à Shakira ou à Nathalie Koah.
Les stéréotypes de notre société leur imposent certaines mensurations, d’ailleurs il n’y a qu’à voir dans les concours de beauté où on impose aux femmes, une certaine anorexie. L’esthétique corporelle a fini par se résumer à la minceur et à la clarté de la peau. La pression sociale est si forte sur nos femmes et sur nos pauvres adolescentes, qu’elles ont fini par craquer. Il faut absolument se calquer à la physiologie de la masse, afin de pouvoir « passer » sur le marché. Et le résultat est là : ndjansang systématique, maigreur maladive, complexes de la personnalité à travers la dysmorphophobie, etc.
On se rappelle qu’il y quelques mois seulement, trois jeunes filles de Seconde et Première à Bafia, avaient failli passer de vie à trépas. Leur péché, s’être injectées du cube dans les fesses en espérant les avoir largement plus rebondies.
Comme pour dire que nous ne sommes pas encore arrivés au bout de notre folie collective...
Ecclésiaste Deudjui
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