La sextape de la Gendarmerie nationale

Vous avez certainement vu circuler sur la toile camerounaise, mardi dernier, une vidéo à caractère sexuel impliquant malheureusement des éléments de notre gendarmerie nationale.
Pour recontextualiser, il s’agit d’une scène qui s’est déroulée dans la nuit de samedi à dimanche derniers, dans un luxueux appartement meublé situé au quartier résidentiel Bonamoussadi. Des gendarmes en tenue ont fait irruption dans ce local privé, pour soi-disant « démanteler un réseau de partouze ». Ils ont exigé que tous les participants à cette orgie se déshabillent intégralement, et ils les ont filmés en leur intimant l’ordre de découvrir leur visage devant les caméras. La vidéo dure environ deux minutes et vingt-et-une secondes, et on peut remarquer que la soirée de luxure était déjà sur le point de bien débuter. Dans cet appartement, le vin et les grillades coulaient à flot. Y compris la cigarette et la chicha bien sûr ! Et vu qu’il y avait une dizaine d’hommes pour une demi-dizaine de partenaires féminins seulement, on peut aisément s’imaginer que l’échangisme et la double-pénétration étaient très certainement au programme...
Le droit à l’image
Je ne vais pas vous énumérer ici tous les articles de notre Code pénal, qui répriment sévèrement les actes de cybercriminalité. Car qu’on le veuille ou non, les individus qui ont capté ces images –qu’ils fussent ou non de notre Corps national de gendarmerie– ont eu tort ! Car non seulement c’est interdit de filmer des gens sans leur consentement explicite, mais c’est encore plus ignominieux lorsqu’il s’agit de la nudité de ces mêmes personnes. On ne peut pas parler ici de pièce à conviction ou d’élément de preuve pour justifier de tels agissements animaliers. Et que cela provienne de fonctionnaires qui sont censés nous protéger et nous sécuriser sur tous les plans, cela ne peut que nous faire froid dans le dos !
Les réalisateurs de ce cinéma pornographique n’avaient pas le droit d’enregistrer ces images humiliantes et dégradantes, et encore moins le droit de les diffuser sur la place publique.
Les partouzes
C’est un secret de Polichinelle que de vous dire que les Camerounais sont de grands fans des partouzes. Cela n’est pas forcément un délit, car chaque individu adulte est libre de faire ce qu’il veut (en privé) avec d’autres adultes consentants. Mais ce qu’on peut condamner ici, c’est la prolifération de ce type d’activité. C’est l’exploitation de certaines jeunes filles qui sont prostituées par la malveillance de certains proxénètes machiavéliques. C’est l’organisation via les groupes WhatsApp de ce que vous appelez « chillings », c'est-à-dire des soirées dans lesquelles les hommes cotisent pour louer un appartement, payer le vin et les stupéfiants, puis réserver l’argent de taxi des filles qui accepteront de les accompagner dans ces mélanges sexuels d’un autre genre. Et pire, le dévergondage sexuel qui s’ensuit : tout le monde couche avec tout le monde, et sans aucun préservatif ! Les maladies vénériennes se partagent à la vitesse de la lumière. Les pratiques sado-masochistes y sont impunément expérimentées. Et au final, la dégénérescence de toute une jeunesse...
La fin de l’histoire
La fin de l’histoire, nous on s’en fout ! Car le mal a déjà été fait. Des individus innocents qui n’avaient rien demandé ont vu leurs dépravations privées exposées au grand jour. Leurs images et visages ont été partagés à tout jamais. La nudité si précieuse de la femme camerounaise, y compris son vagin si sacré, ont une fois de plus été ridiculisés en mondovision. Et en fin de compte, c’est tout le Cameroun qui perd !
Notre gendarmerie nationale impliquée dans un scandale de cette salissure, cela ne lui fait pas du tout honneur. On peut certes louer son dévouement à mettre fin à ce genre d’addictions déviantes, mais la méthode... Ce n’est pas à nos forces de l’ordre de commettre les mêmes délits que ceux qu’elle est pourtant censée pourchasser...
Et puis, pour se dire les vérités, il y a des délinquants qui sont plus urgents à rechercher actuellement, plutôt que les esprits lubriques qui ont volontairement décidé d’aller se bichonner à l’intérieur d’un appartement...
Certaines langues disent que les prévenus ont passé deux nuits en cellule, et qu’ils ont déboursé des sommes faramineuses pour être libérés le lundi matin. D’autres cordes vocales disent que les gendarmes impliqués dans cette arrestation ont été suspendus par leur hiérarchie, et notamment par le ministre de la Défense himself.
Je n’en sais rien.
Tout ce que je retiens de cette histoire, c’est que nous n’avons pas encore fini d’entendre parler des affaires de sextapes ici au Cameroun.
Ecclésiaste Deudjui
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