La vraie fausse histoire du bébé volé de Laquintinie

Décidément, le Cameroun est vraiment un continent ! Alors que l’affaire d’un bébé volé fait les choux gras depuis la nuit du 30 au 31 mars, on a assisté hier à un incroyable retournement de situation : la présumée victime, une certaine Aurélie Esther Bell, a tenu une conférence de presse dans laquelle elle revient sur ses accusations, tout en remerciant les autorités administratives au passage.
Revenons sur cette histoire. Au matin du 31 mars, une jeune camerounaise accuse le personnel de l’hôpital Laquintinie d’avoir volé son bébé, et elle réclame justice. Tout de suite l’opinion publique se met en branle, et ce nouveau scandale laquintinien occupe la Une des journaux. Cette affaire nous rappelle celle de Vanessa Tchatchoua, une autre jeune camerounaise qui avait vu son bébé disparaître après un accouchement à l’hôpital central de Yaoundé. C’était il y a dix-sept ans aujourd’hui...
Aurélie Esther, elle, a donc accusé l’hôpital Laquintinie et son Directeur, le Dr Noël Essomba, d’avoir fait disparaître son bébé à son réveil. Dans sa première version, elle était enceinte de huit mois. Dans une autre version qui circulait ici et là, c’était plutôt une grossesse de cinq mois et ce qu’elle réclamerait serait non pas un bébé, mais en réalité un fœtus et un placenta. Toutes choses d’égale valeur quand on sait l’importance du placenta dans nos cultures traditionnelles.

De peur que l’affaire ne s’embrase, et que les Camerounais se lèvent comme un seul homme pour réclamer enfin justice, le Directeur de l’hôpital Laquintinie avait pondu un communiqué pour expliquer qu’en fait, il s’agissait d’un avortement tardif ; et qu’un employé maladroit avait eu la malencontreuse idée d’envoyer le fœtus et le placenta de cet avorton dans le vidoir, sous les regards distraits des sages-femmes qui l’accompagnaient. Donc erreur.
Le gouverneur de la Région du Littoral, M. Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, a également pris la parole pour calmer les esprits. Le père du bébé avait déjà programmé de faire un sit-in devant cet hôpital jusqu’à éclaboussement de la vérité, en compagnie des populations de Douala. Puis le ministre de la santé est rentré dans la danse. Le Dr Malachie Manaouda, en effectuant une descente sur Douala et en organisant une réunion de crise.
C’est donc à l’issue de cette réunion de crise entre le ministre, le Directeur de l’hôpital Laquintinie, le gouverneur du Littoral, la famille de la présumée victime ainsi que leur avocat, que Aurélie Esther Bell a donc tenu ce point de presse, dans la journée du 6 avril (un autre coup d’Etat ?).
Contre toute attente, la jeune dame a fait un revirement à 180 degrés, affirmant avoir enfin eu les réponses à toutes ses interrogations. Elle est passée de huit mois à cinq mois de grossesse, elle est passée des accusations contre Laquintinie aux remerciements à l’Administration sanitaire, bref, elle s’est même presque excusée de s’être plaint auparavant. Elle a terminé en disant qu’elle n’avait pas perdu de bébé, mais qu’elle avait tout simplement été sujette à un avortement tardif ordinaire.
Oulala comme c’est bien dit...

Entre-temps nous on s’interroge : a-t-elle pris de l’argent pour se rétracter ? Quel intérêt aurait-elle eu de déclarer une grossesse de huit mois si elle n’était réellement enceinte que de cinq mois ? Cela cacherait-il une infidélité latente ? Genre convertir une grossesse de cinq mois en huit mois pour qu’elle corresponde à la date des derniers rapports sexuels avec son partenaire officiel ?
On ne le saura jamais.
Le peuple camerounais se retrouve une fois de plus berné, floué et tourné en bourrique. De même que les opposants qui retournent leurs casquettes politiques pour rejoindre le RDPC, de même les victimes de la société se servent de notre sensibilité et de notre émotivité, pour pouvoir s’octroyer une certaine visibilité. La vraie fausse affaire du bébé volé va donc s’évanouir dans les nuages, au même titre que les nombreux autres scandales qui éclaboussent régulièrement nos établissements hospitaliers : Monique Kouamatékel, Vanessa Tchatchoua, Maître Souop Sylvain, les vols de bébés, les problèmes de couveuses ou de dialyses, bref, j’en passe !
Autant de mystères non élucidés qui font malheureusement le quotidien de notre continent...
Ecclésiaste Deudjui
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Article publié sur wutsi.com/@/clesh7