Les paradoxes du coronavirus

J’ai voulu rencontrer une femme la semaine dernière, et elle m’a clairement répondu que « Tu ne sais pas qu’il y a déjà une troisième vague ? Et d’ailleurs on a demandé aux gens de rester chez eux. »
La belle excuse ! La troisième vague dont elle parlait, ça n’a rien à voir avec la plage. Il s’agit d’une énième recrudescence de la contamination au coronavirus au Cameroun, comme cela est souvent le cas durant les épidémies pandémiques. Surtout lorsque la vaccination et l’immunité collective n’ont pas encore atteint la majorité de la population.
Pour ce qui est de son « On », elle parlait bien entendu de notre gouvernement. Car le ministre de la santé, Malachie Manaouda, ne cesse de se démener pour exhorter les Camerounais aux mesures barrières et aux restrictions de déplacements. Lui aussi il nous rappelle que nous sommes dans une « troisième vague » plus meurtrière et plus virulente, histoire de nous faire tressaillir avec les variants anglais et sud-africain. Mais la vérité est que mes compatriotes n’ont plus du tout, mais alors plus du tout peur de ce SRAS-Cov-2...
Je ne suis pas en train de dire qu’il s’agit là d’une petite pathologie, ni qu’il faille la négliger. Au contraire ! Dès son arrivée au Cameroun le 5 mars 2020, j’étais devenu carrément et paranoïaque, et hypocondriaque. J’ai même perdu ma petite amie adorée parce qu’elle ne se protégeait pas systématiquement, et qu’elle considérait ma "précautionniosité" comme un manque d’affection à son égard... Tsuip !

La covid-19 est une maladie bien étrange. Elle est à la fois extrêmement dangereuse, mais en même temps extrêmement insignifiante. Elle est à la fois mortelle et bénigne. Il s’agit d’une pathologie inclassable, inqualifiable, incurable, inguérissable. Mais en même temps c’est une infection qui se soigne parfois sans effort, sans même prise de médicament. Le coronavirus a réussi à paralyser le fonctionnement normal de toute une planète, et à scléroser toute une grande partie de notre économie. Il s’agit pourtant d’un minuscule virus de rien du tout, invisible au microscope optique. Il est d’une petitesse infinitésimale. Et pourtant on l’introduit dans notre organisme par les voies respiratoires, c'est-à-dire en nous frottant les yeux, le nez et la bouche. C’est pour cette raison qu’il est recommandé de toujours porter un masque en public, afin d’éviter de se toucher ces parties du visage. Afin aussi de ne pas respirer les microparticules relâchées par la bouche ou le nez de son interlocuteur. Mais quant à croire qu’on peut attraper le coronavirus en se baladant dans la rue en plein air, c’est totalement faux ! Car non seulement les particules virales sont contenues dans des gouttelettes plus lourdes que l’air (donc elles retombent), mais celles qui y sont ne résistent pas aux ultra-violets qui sont régulièrement projetés sur terre par les rayons de soleil.
Je m’éloigne du sujet. J’étais de disance que cette pandémie mondiale est à la fois très dangereuse, mais paradoxalement aussi très bénigne. Par exemple, elle ne fait même pas 0,05 % de morts parmi les personnes contaminées. Mais si on applique ce faible pourcentage à l’échelle planétaire, ça commence à faire beaucoup de victimes. D’ailleurs à ce jour nous approchons déjà les 2 500 000 morts à travers la planète.
Cependant, 80 % des malades ne ressentent même pas de symptômes. On parle alors d’asymptomatiques et de paucisymptomatiques (ceux qui ont de très légers symptômes). De plus, cette maladie n’a pas de signes pathognomoniques, c'est-à-dire qu’elle se confond avec d’autres pathologies ordinaires. Certains Camerounais ont déjà attrapé cette « forte grippe » à plusieurs reprises, mais sans se rendre compte qu’il s’agissait effectivement du coronavirus. Et puis, le covid-19 a fait autant de morts au Cameroun en une année, qu’il n’y en a normalement au Cameroun... tous les jours !
Une fois que j’ai dit ceci, il faut tenir compte de la population à risque : les personnes âgées, les personnes souffrant de problèmes cardiaques ou respiratoires, les individus obèses et les malades souffrant de comorbidités. Il ne faut pas les ignorer. La plupart de ces sujets ont des systèmes immunitaires déjà défectueux, étant entendu que nous perdons notre capacité à résister aux maladies à chaque seconde de notre vie. Car chaque jour, chaque heure, chaque seconde, nos cellules se renouvellent, et en se renouvelant elles perdent en efficacité. C’est précisément pour cette raison que nous sommes inscrits dans un processus irréversible de vieillissement naturel.
Je reviens à mon sujet. Pourquoi enfermer toute une jeunesse dans un engrenage de confinement et de couvre-feux traumatisants, alors que la majorité des sujets ne développeront pas des formes graves ? Est-ce parce que ce sont des personnes âgées qui dirigent le monde, et que si le coronavirus ne les concernait pas directement, eh bien ils auraient fait de cette maladie un non-sujet ? Est-ce parce que ce sont les Big Pharma qui contrôlent l’économie mondiale, et que la peur est le meilleur moyen de s’enrichir à travers la vente de médicaments et... de vaccins ? Est-ce parce que notre politique sanitaire est moins efficace qu’on ne le pensait, et que c’est pour cela qu’il y a saturation dans les systèmes de santé occidentaux ?
La vérité est que le coronavirus, les Africains ont connu pire depuis la nuit des temps. Nous sommes continuellement confrontés à la malaria, à la typhoïde, à la grippe, à la toux, à la fièvre jaune, etc. Nous vivons avec les maladies et avec les microbes. Nous sommes partie intégrante de la nature car nous ne consommons pas systématiquement des aliments chimiques. Nous avons un système immunitaire renforcé par le soleil, et nous avons une population essentiellement jeune.
Ceci n’est pas un appel à la négligence. D’ailleurs les mutations du coronavirus peuvent très rapidement renverser la tendance. Une mutation est un léger changement du virus dû au fait de ses interminables transformations. Pour vous donner une idée, un virus peut se répliquer trois milliards de fois une seule nuit, lorsqu’il pénètre un organisme humain. Et si parmi ces mutations il y en a une qui est plus résistante ou plus dangereuse, alors c’est cette version qui aura le plus de chances de se répandre au sein de la population. Et lorsqu’elle sera assez éparpillée on parlera alors d’une nouvelle variante. Ce n’est pas sorcier, c’est du darwinisme évolutionniste.
Alors oui, nous sommes dans une troisième vague, et alors ? Nous devons juste respecter les mesures barrières avec rigueur, au lieu de se servir de cette épidémie pour ne pas respecter les rendez-vous des gens...
Ecclésiaste Deudjui
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