Le 22 septembre du MRC, un pétard mouillé !

Ecclésiaste DEUDJUI
Sep 23, 2020 - 4 Minutes
Des manifestants du 22 septembre encadrés par la police. Source: camer.be /CC-BY
Des manifestants du 22 septembre encadrés par la police. Source: camer.be /CC-BY

Nous sommes aujourd’hui le 23 septembre 2020. C'est-à-dire au lendemain du 22 septembre qui s’annonçait pourtant périlleux pour le devenir du Cameroun. L’opposant politique Maurice Kamto avait promis le « chassement » de Paul Biya par le truchement de manifestations géantes, et il avait aussi promis de mobiliser toute la population camerounaise.

Il n’en a rien été.

 

Le 22 septembre 2020 au Cameroun restera dans les archives comme un cuisant échec ! Une révolution mort-née, à peine plus effrayante qu’un mouvement d’humeur de grévistes dans une petite entreprise de vingt-deux personnes...

Le ton avait d’ailleurs été donné dès le 19 septembre, c'est-à-dire samedi dernier. Les mêmes qui appelaient au remplacement du président de la République camerounaise avaient promis de remplir les rues des capitales occidentales, et d’y faire un tapage diurne si bruyant que les chancelleries allaient se saisir du dossier Kamerun, et puis procéder illico presto au remplacement de notre chef de l’Etat par leur gourou politique Maurice Kamto.

Mais là non plus, il n’en a rien été.

 

Le 22 septembre qui s’annonçait ombrageux et révolutionnaire –voire insurrectionnel–, est resté, somme toute, une journée ordinaire. Les gens ont vaqué normalement et avec quiétude à toutes les occupations traditionnelles, et l’ordre public a régné comme d’habitude. Les Camerounais qui s’étaient approvisionnés en victuailles diverses à la veille de cette journée « fatidique » (jusqu’à dévaliser les boulangeries), en ont eu pour leur grade : même pas une étincelle ! Même pas une bûchette d’allumette. Bref, un pétard mouillé.

 

Certes, on a vu ça et là quelques agitations populaires dans un ou deux carrefours, mais était-ce cela l’objectif visé ? Est-ce que le but de cette manifestation c’était de marcher sur Ndokoti pendant une demie heure, et puis de rentrer chez soi tranquillement pour continuer à s’occuper normalement de ses occupations ordinaires ?

Oui, les Camerounais ont faim. Oui, ils ont surtout soif de changement. Mais est-ce que le remplacement du sieur Paul Biya est forcément la solution à tous nos problèmes ? Hein ? Je vous rappelle que les Camerounais souhaitaient également le départ du premier président Ahmadou Ahidjo, mais regardez donc dans quelle situation nous nous retrouvons aujourd’hui.

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Il y a eu quelques échauffourées au quartier Ndokoti (Douala). Source: saimondy.net /CC-BY
Il y a eu quelques échauffourées au quartier Ndokoti (Douala). Source: saimondy.net /CC-BY

Le Pr Maurice Kamto n’a même pas pu participer à sa propre marche. Des chars de guerre ont été postés devant son portail dès les aurores, et ordre lui a été sommé de ne pas déposer ses pieds dehors. Ses acolytes principaux que sont Alain Fogue ou encore Penda Ekoka ont également tous été portés disparus, certainement pour les mêmes raisons. Il y a quand même eu Albert Dzongang qui est un baron et une figure emblématique de ce parti récalcitrant, qui a essayé de tenter de marcher avec quelques militants pendant environ... une quinzaine de minutes !

Il n’a pas dû beaucoup apprécier l’odeur du gaz lacrymogène.

Des vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux faisant état de quelques bruits ostentatoires à Bafang et aussi un peu à Mbouda et à Dschang, mais est-ce que c’est là-bas que réside votre président ? Est-ce que pour « chasser » quelqu’un qui habite loin à Yaoundé, on a besoin de commencer le marathon dans les régions bamilékées reculées qui sont situées dans les montagnes des Hauts-Plateaux ?

 

L’évènement a été moins intense que son annonce. Les diasporiens excitateurs de Facebook que sont Wilfried Ekanga, Valsero, J. Rémy Ngono et Cie ont tout tenté pour réveiller la flamme, pour faire accroire sur leurs pages respectives qu’il se passait quelque chose au Cameroun, mais en réalité il ne se passait rien ! Ils ont voulu grossir les choses, exagérer les faits, inventer des bévues policières, annoncer des morts fictives,  aggraver les situations ou encore détourner les images, mais la vie au Cameroun a bel et bien poursuivi son cours normal. C'est-à-dire que Yaoundé et Douala ont respiré, ce qui signifie que le Cameroun a survécu.

 

Il n’en reste pas moins que le MRC de Maurice Kamto a bénéficié d’un gros coup de publicité à travers cette révolution avortée, et que de tels coups politiques représentent certainement un capital politique non négligeable. Mais le revers de la médaille c’est que Kamto ne fera plus jamais peur au système en place, si c’est de cette manière légère qu’il compte renverser ce Gouvernement de thuriféraires. Car je lui rappelle que Paul Biya est aux manettes depuis 1982 et qu’en terme de révolutions/rébellions/contestations, il en a déjà rencontrées des vertes et surtout des pas mûres...

 

Ecclésiaste Deudjui

(+237) 696.469.637

doualatour@yahoo.fr

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