Samuel Eto’o est-il une menace pour... Paul Biya ?

Ecclésiaste DEUDJUI
Dec 3, 2021 - 4 Minutes
Samuel Eto
Samuel Eto'o (à droite) en compagnie du président Paul Biya, en 2018. Source: lebledparle.com /CC-BY

 

Depuis quelques semaines déjà, il y a une effervescence incroyable autour de l’élection présidentielle à la tête de la Fécafoot, laquelle se déroulera à Yaoundé le samedi 11 décembre prochain.
Nous sommes unanimes pour reconnaître que si cette Assemblée générale intéresse tant le grand public, cela est dû en grande partie à la candidature de l’ex-goléador Samuel Eto’o Fils. L’ancien capitaine des Lions indomptables a décidé de se dresser contre le sieur Seydou Mbombo Njoya, son ancien allié d’hier qui est devenu aujourd’hui son pire ennemi, et qui occupe actuellement le poste de président intérimaire de l’instance faîtière de notre football.

Depuis lors, Samuel Eto’o Fils a commencé à battre campagne. Dès le dépôt de sa candidature, il avait prévenu les administrateurs de Tsinga que, en cas de fraude, il lui suffirait d’un « mot d’ordre » pour que la foule vînt les y déloger. Le candidat s’est aussi entouré de deux des personnages les plus clivants —c’est le moins que l’on puisse dire— de notre paysage journalistique, à savoir Ernest Obama et son acolyte Jean Bruno Tagne.

Si d’aucuns observent cette campagne électorale qui ne concerne « que » le football d’un œil amusé, il y en a un qui la scrute de très-très près : Son Excellence Paul Biya !
Le locataire d’Etoudi doit sans doute prendre des renseignements quotidiens sur les activités de Samuel Eto’o Fils, lequel jouit d’une popularité qu’il n’hésite pas à exhiber fièrement à la faveur de ces élections  la tête de la Fécafoot.
Ainsi, tout le monde sait que Samuel Eto’o Fils a réuni, à Mbankomo, les présidents des clubs d’Elite One et d’Elite Two pour leur demander de soutenir sa candidature. Tout le monde sait que le « pichichi » était à Limbé il y a quelques jours, avec des gardes du corps qui travaillent pour notre Gendarmerie nationale, même s’il a voulu nous faire accroire le contraire en dégustant quelques bonnes brochettes de soya. Tout le monde sait qu’il se trouve actuellement dans le Grand Nord pour y rencontrer quelques autorités. Tout le monde l’avait vu aller à la rencontre du BIR. Nous l’avons également vu rassembler quelques acteurs majeurs de notre patronat, pour leur présenter son projet de reconstruction de notre football, et pour leur demander de venir y investir massivement...

Tout ceci est bien beau. Mais après avoir pris la Fécafoot, que visera Samuel Eto’o Fils ?
Car il faut bien se dire que dans la tête de notre président de la République actuel, tous ceux qui peuvent drainer les foules seront systématiquement considérés comme des adversaires politiques à ne pas négliger. L’exemple de Maurice Kamto qui a été ramené manu militari à Yaoundé, alors qu’il était venu à Douala pour une simple dédicace de ses ouvrages, peut parfaitement servir d’illustration. Soyez populaire, mais pas trop. Votre influence doit rester au niveau de Nathalie Koah ou bien de Coco Emilia, qui n’ont pour seul objectif dans la vie que de vous présenter leur nouvelle salle de maquillage...

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Sérieusement, Eto’o Fils peut très rapidement devenir un opposant sérieux pour le régime en place. Il jouit d’une popularité à nulle autre pareille, il bénéficie d’un carnet d’adresses que même les chefs d’Etat lui envient, il est relativement jeune, il a beaucoup d’argent, et surtout il vient de faire des études supérieures pour compléter ses connaissances en administration et en gestion. C’est un ancien footballeur qui est même parfois plus connu que son propre pays, le Cameroun, et qui peut se servir de Georges Weah comme d’un modèle ou d’un référentiel à suivre. C’est un ambassadeur de l’Unicef, du Qatar, un éminent représentant de la CAF et de la Fifa, d’ailleurs il discute en tête-à-tête avec le plus grand patron du football mondial, à savoir Gianni Infantino.

Alors oui, Samuel Eto’o Fils peut rapidement devenir une menace pour notre papy national. Avec un mot d’ordre, il peut faire sortir une foule dans la rue. Avec sa caution, des millions de Camerounaises et de Camerounais, pourraient très rapidement se rallier derrière une cause. Il a d’ailleurs contribué à nous faire conserver notre CAN 2021, alors que Ahmad Ahmad menaçait de nous la retirer ; contribuant ainsi à faire ré-ré-ré-ré-réélire notre Mathusalem présidentiel en 2018.

Il ne faut donc pas considérer ce candidat à la Fécafoot à la légère, car ce néo-quadragénaire souhaite prolonger sa destinée qui est déjà assez exceptionnelle.
Mais rassurez-vous, l’ancien joueur de Makhatchkala est déjà sous les radars depuis sa formidable épopée barcelonaise. Car c’est depuis ce temps-là que Paul Biya avait déjà commencé à se méfier de ce potentiel futur adversaire...

 

Ecclésiaste Deudjui

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Cet article a été publié sur wutsi.com

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